Vingt-deux baptistères sont concernés parmi les trente-neuf églises du corpus. En effet, Notre-Dame de Fourvière étant une basilique et non une église paroissiale, cet élément ne fut pas réalisé, celui de l’église de l’Annonciation – détruite – demeure inconnu, quatre366 sont antérieurs à la période d’étude, huit367 sont postérieurs, enfin ceux du Bon Pasteur (cat. 273), de Notre-Dame de Bon-Secours et de Notre-Dame des Anges nous demeurent inconnus.
Il serait possible de classer ces vingt-deux exemplaires selon plusieurs critères de regroupement : par style, par dispositifs architecturaux.
Parmi les néogothiques, il faut compter ceux des églises de Saint-André (cat. 441), Sainte-Blandine (cat. 839), Notre-Dame de Bellecombe (cat. 325), Saint-Georges, Saint-Paul, Saint-Bonaventure (cat. 496), Notre-Dame Saint-Alban (cat. 397), de la Rédemption, de la primatiale Saint-Jean (cat. 887). D’autres se veulent vraisemblablement néo-romans : à Saint-Martin d’Ainay (cat. 679), à Saint-Irénée (cat. 628), à Saint-Augustin (cat. 453). Certains sont d’inspiration encore plus douteuse, il est préférable de les qualifier de néo-médiévaux : Saint-Charles de Serin (récupéré), Saint-Eucher (cat. 568), Saint-Pierre de Vaise (cat. 774), Saint-Bernard (cat. 465). Puis d’autres sont plus ou moins historicistes et teintés d’éclectisme : néo-renaissance/maniérisme pour les baptistères de Notre-Dame Saint-Vincent (cat. 423) et de Saint-Just (cat. 661) – cependant très différents –, du néo-XVIIIe siècle français368 pour Saint-François-de-Sales (cat. 589) et Saint-Bruno-des-Chartreux, et du néo-rocaille « modéré » pour celui Saint-Joseph des Brotteaux (cat. 642). En définitive, seul le baptistère tardif de l’église du Saint-Sacrement (cat. 325) se distingue de ces tendances aux pastiches. Le bassin est une grande et massive cuve octogonale ornée de feuilles très stylisées et d’une inscription, il est appuyé sur une base octogonale. Cette composition est nette, sobre et moderne, tout en restant assez fidèle aux formes et motifs d’ornementation traditionnels.
Trois aspects de leurs dispositifs peuvent servir pour caractériser ces fonts baptismaux : soit leur emplacement dans l’église, soit leur assimilation dans un ensemble ou leur indépendance, soit la forme de la cuve et du support.
Dans huit cas – Saint-Sacrement, Saint-Augustin, Saint-Eucher, Saint-Martin d’Ainay, Notre-Dame Saint-Vincent, Saint-Joseph, Saint-Pierre de Vaise, Saint-Charles de Serin (remis dans le porche, dans la nouvelle église, cat. 536) –, le baptistère est dans une chapelle bien distincte à l’entrée de l’église, juste à côté du porche, ou même dans le narthex (porche). C’est l’emplacement le plus traditionnel. Pour six autres, cette chapelle est la première des chapelles latérales à gauche – à Saint-Paul, Saint-Bonaventure, Saint-Nizier (cat. 714), Saint-Bruno –, ou une plus lointaine – Saint-Bernard, primatiale Saint-Jean (cat. 891), et exceptionnellement dans un bras du transept (où il y avait une autre entrées) à Saint-François-de-Sales. Pour cinq églises – à Saint-André, Sainte-Blandine, Notre-Dame de Bellecombe, Saint-Georges, Saint-Just –, cette chapelle se réduit à une cuve, un retable contre un mur, le tout fermé d’une grille. Enfin, pour deux – à la Rédemption et à Saint-Irénée – , les fonts baptismaux ont été déplacés pour être mis au fond du chœur. Ceux de Notre-Dame Saint-Alban sont dans un coin à l’entrée de l’église, sans que l’on sache si cet élément a été entreposé ou si la grille et l’ensemble qui pouvaient le rendre plus distinct ont disparu.
Ces fonts baptismaux s’intègrent à divers degrés dans leur environnement. Certains sont simplement constitués d’une cuve sur pied et munis d’un couvercle ; assez indépendants, ils s’accordent à l’ensemble uniquement en évoquant un style proche de celui de l’édifice, ce sont les cas les plus nombreux : à Saint-Paul, à Saint-Jean, à la Rédemption, à Notre-Dame Saint-Alban, à Saint-Martin d’Ainay, à Saint-Irénée, à Saint-Augustin, au Saint-Sacrement. Parfois, les fonts baptismaux font l’objet de tout un agencement décoratif qui forme un cadre harmonieux autour d’eux ; pour cela les ensembles de Notre-Dame Saint-Vincent et de Saint-Just sont remarquables ; on peut ajouter, dans un tout autre registre, les agencements stéréotypés des cinq chapelles formées d’un retable et d’une grille. Enfin, six offrent des combinaisons préconçues : avec un retable pour Saint-André et Saint-Bernard, ou avec l’armoire des saintes huiles pour Sainte-Blandine, Saint-Georges, Saint-Charles de Serin, Saint-Eucher.
À Lyon, on remarque que presque toutes les cuves sont polygonales et reposent sur un pied. Il y a tout de même quelques alternatives : à Saint-François-de-Sales, Saint-Bruno et Saint-Just où les cuves sont ovales, à Saint-Jean où des arcades laissent entrevoir un pilier central supportant la cuve, à Saint-Martin d’Ainay et à Notre-Dame Saint-Vincent, qui méritent d’être vus plus en détail.
En effet, quelques fonts se distinguent : par le soin de leur programme à Saint-André, Notre-Dame Saint-Vincent, Saint-Just, ou par la finesse d’exécution à Notre-Dame Saint-Vincent, Saint-Just, Saint-Martin d’Ainay, et plus subjectivement par l’originalité du style à Saint-Joseph des Brotteaux.
Les fonts baptismaux de l’église Saint-André (cat. 441) sont constitués d’un retable néogothique adossé au mur nord, près du porche, d’une cuve en demi octogone encastrée contre le retable et reposant sur un pilier de trois colonnettes ; le tout est surélevé par un degré et est entouré d’une grille. Ce schéma est représentatif des stéréotypes néogothiques que proposaient les manufactures de statues et de mobilier religieux. D’après les archives, il pourrait s’agir d’une œuvre semi-industrielle, peinte couleur pierre, provenant de l’atelier de Landrey, Baud & Penel, spécialisé dans les ornements en fonte au 32 rue Vaubecour et au 3 quai d’Occident, réglée 170 francs le 20 juillet 1866369. Notons le relief, au centre du retable, figurant Le Baptême du Christ par Jean-Baptiste dans un style lisse et doux (voir p. 271).
La chapelle des fonts baptismaux de Notre-Dame Saint-Vincent (cat. 423) se situe dans l’angle nord-ouest de l’église, c’est-à-dire tout de suite à gauche en entrant. Elle est délimitée par une grille joignant la première colonne du collatéral, et par une surélévation sur un degré. Au centre, la cuve est montée sur un pilier de base carrée qui s’évase vers le bas, cantonné de poissons imaginaires, la tête en bas et la bouche entrouverte. La partie qui termine ce pilier et joint la cuve octogonale s’élargit rapidement sur une courte hauteur, elle se voit à peine ; on devine les fleurons qui dépassent de dessous, en volume. Les angles de la cuve sont ornés de feuilles et chaque côté d’un fleuron circulaire. Le bas de la cuve est bordé d’une frise d’oves et le haut d’une frise de rais-de-cœur. Le couvercle qui la ferme est une pièce d’orfèvrerie octogonale qui rétrécit progressivement en quatre tranches différentes pour finir par un Agneau couché. Au fond, dans une niche monumentale en cul-de-four, se situe un grand groupe en ronde-bosse, Le Baptême du Christ (voir p. 200) sculpté en 1882 par Charles Dufraine. Il est juché sur un haut piédestal permettant de le dégager de la cuve baptismale et d'avoir une vision harmonieuse de l'ensemble, mais aussi d’insérer l’armoire des saintes huiles.
La chapelle des fonts baptismaux à Saint-Just (cat. 661) se situe tout de suite à droite en entrant dans l’église par le porche central. Elle se compose d’un retable adossé contre le mur du porche, d’une estrade maçonnée fermée d’une sobre grille, et bien sûr de la cuve. Le retable est formé d’un bandeau – finement sculpté de grotesques – en arcade plein-cintre ; il est coupé par deux chapiteaux et une ligne d’imposte. La partie centrale et la lunette sont garnies de peintures. Dessous, dans un bandeau divisé en cinq panneaux, se trouve une petite niche garnie d’une conque. La base est lisse, avec au centre un ressaut de plan trapézoïdal, décorée de caisson. Au centre de l’estrade, la cuve circulaire est posée sur un fût cannelé sur lequel est enroulé un fin serpent, rappelant que celui qui est baptisé meurt au péché. La base de la cuve est arrondie, ornée de rais-de-cœur très étirés, vient ensuite une frise de perles et pirouettes, puis un bandeau de rinceaux richement feuillus, dans lesquels s’insèrent des putti en buste. Cette œuvre toute en marbre finement ciselé porte la date de 1839.
Le baptistère de Saint-Martin d’Ainay (cat. 679) fut dessiné par l'architecte Pollet en 1834, et J.-H. Fabisch réalisa quelques sculptures en 1883. La cuve est octogonale et son support est dans son prolongement. Cependant, ses côtés ne sont pas pleins mais allégés par des arcades en plein-cintre supportées par des colonnettes. Quatre arcades sont occupées par des personnages assis : Le Christ, la Vierge Immaculée370 avec les symboles du lys et du serpent qu’elle écrase sous son pied, saint Jean-Baptiste et l’évêque saint Martin. Ils alternent avec quatre autres arcades garnies de plaques gravées d’inscriptions latines, avec au-dessus de chacune, un symbole particulier sur fond de rinceau : une main descendant du ciel vers un serpent, une croix grecque, une colombe, et l’Agneau vainqueur. Le style de la cuve est indéterminable, il tranche avec le dépouillement et le caractère antique de la chapelle ; certains motifs rappellent l’art paléochrétien, mais la forme assez élaborée et les séraphins des écoinçons sont éclectiques. De plus, le modelé est très doux et fin ; c’est un traitement qui respecte l’idéal académique. Le symbolisme, la composition et la finition sont remarquablement soignés.
Le style des fonts baptismaux de Saint-Joseph (cat. 642) est ambigu : on hésite à déterminer les influences maniériste, rocaille, éclectique. Le support prend la forme d’un balustre de plan octogonale, la cuve est elle-même octogonale, ornée de fins rinceaux et de têtes d’angelots baroques. À chaque angle, des pics pendent et donne un air gothique. Le couvercle formé de huit pans légèrement inclinés, est dominé par une statuette de saint Jean-Baptiste, les huit parties étant décorées de relief alternant les figures des évangélistes – toujours dans un goût un peu rocaille – et des roseaux. Il s’agit très probablement d’un élément manufacturé, choisi sur catalogue, car il est entièrement en fonte. Il est aussi remarquable qu’il soit le seul élément de mobilier en fonte des églises de Lyon qui ne masque pas sa nature.
Saint-Nizier (cat. 714) ; église de l’Hôtel-Dieu (cat. 227) ; Saint-Polycarpe ; Saint-Pothin (cat. 802).
Immaculée-Conception, Saint Camille, Assomption, Saint-Denis (avec un retable antérieur au XIXe siècle, cat. 545), Sacré-Cœur, Saint-Nom de Jésus, Saint-Maurice de Monplaisir (cat. 700), Notre-Dame Saint Louis de la Guillotière.
Voir les fonts baptismaux de l’église Saint-Thomas à La Flèche (72), en 1703 (base Palissy, IM72000885)
Lyon, archives diocésaines, Saint-André : I 1206, mémoire.
Sa présence sur la cuve baptismale s’explique par le fait que pour les chrétiens, elle a bénéficié des grâces du baptême par avance.