c) Le cadre et l’intégration

Le Chemin de Croix extérieur de l’église Saint-Irénée fut réalisé par J.-H. Fabisch en 1868. Il est composé de stations en terre cuite, abritées dans des édicules adossés à un mur, constitués d’un socle sur lequel repose deux colonnettes cannelées supportant un fronton décoré de gros acrotères au bas des rampants.

D’après une source contemporaine, le Chemin de croix de l’église Saint-Pothin (cat. 808) serait un haut-relief sculpté, original. Cependant, par simple comparaison, on constate qu’il s’agit des mêmes exemplaires qu’à l’église de Chaponost en 1894 (cat. 36), à Roche-La-Molière (Loire, 1900-1902) et au Saint-Sacrement (cat. 317), c’est-à-dire des plâtres moulés379 des ateliers Vacher380 et Dutruc. L’église Saint-Pothin aurait été restaurée par Sainte-Marie Perrin en 1897, le même architecte qui construisit et décora ces trois églises, aussi ces quatre chemins de croix possèdent-ils le même dessein dans leur installation, c’est-à-dire que leur dispositif les intègre parfaitement à l’architecture. À Saint-Pothin, les stations s’implantent dans des niches rectangulaires au fond plat et doré, à demi-posées sur un entablement supporté par des doubles consoles et couronné d’un fronton maintenu par deux consoles, en harmonie avec l’architecture néoclassique de l’église.

Pour le Chemin de croix de l’église du Saint-Sacrement, une frise de pilastres se développe en continu le long des collatéraux, ponctuée par des niches en mitre – sous lesquelles un motif de trèfle évoque le gothique – où se logent les stations en plâtre moulé par Dutruc381. Elles furent inaugurées le 7 avril 1905382. Cette façon de présenter le Chemin de Croix est très proche de ce que l’architecte de cette église, Sainte-Marie Perrin, avait déjà employé à Chaponost en 1894383, puis à l’église de Roche-La-Molière (Loire, 1900-1902) avec ces mêmes moulages384 des ateliers Vacher385 et Dutruc ; la différence entre la mise en place de ces Chemins de croix réside dans l’emploi du vocabulaire ornemental les encadrant, adapté à la tendance stylistique de l’architecture.

Bien moins monumentaux à l’église de Notre-Dame de Bon-Secours (cat. 349), les reliefs bordés de perles et soulignés du nom de la station, s’insèrent dans des panneaux flanqués de cercles, sertis dans les murs des collatéraux. Avec une apparence plus douceâtre, les stations en reliefs polychromes à l’église Saint-Denis (cat. 541) s’intègrent dans les murs, simplement soulignées par une petite corniche à modillons.

Les Chemins de croix restants s’intègrent avec moins de finesse dans l’architecture. Même si à l’église Saint-Georges (cat. 596), les reliefs des stations sont soudés aux murs, encadrés par une bordure carrée avec le coté supérieur en accolade évoquant le gothique et que celui du dessous est gravé du nom de la station en lettres gothiques, ils produisent l’effet d’éléments ajoutés. Ces reliefs datent de 1875 et sortent de l’atelier de Fabisch. Le Chemin de croix de l’église Sainte-Blandine (cat. 827) est sous forme de panneaux qui furent soudés au mur. Leur forme en arcade trilobée, flanquée de colonnettes surmontées de pinacles, supportée par un ange en console, leur donne explicitement un aspect néogothique qui s’accorde à l’architecture, même s’il s’agit nettement de pièces rapportées. Enfin le Chemin de croix de l’église du Sacré-Cœur (cat. 284) est formé de petits panneaux industriels et indépendants, vraisemblablement en terre cuite ou en plâtre, peint de deux couleurs : jaune doré pour le cadre – couleur qui rappelle les colonnes accolées aux piliers – et blanc patiné, imitation pierre sculptée, pour les figures. Le cadre d’une forme générale d’un arc en plein cintre est tout à fait éclectique, décoré de colonnettes, de frises de fleurs, de triangles et d’étoiles, de rinceaux au sommet pour encadrer la base d’une petite croix, de volutes qui sertissent le numéro de la station au-dessous. Le gigantisme des proportions du Sacré-Cœur tranche avec la petite taille de ces modestes panneaux ; mais ce paradoxe s’explique par le fait que seul le chœur de ce qui devait être cette grande basilique a été construit. Il est compréhensible que dans ce tiers construit, un Chemin de Croix monumental n’ait pas été implanté, d’autant plus qu’il se développe presque systématiquement dans les collatéraux. Cependant, les styles et les couleurs de ces panneaux s’harmonisent à ce fragment d’église.

Notes
379.

Hours Henri (dir.) et le Comité du pré-inventaire des monuments et richesses artistiques du Rhône, Chaponost, Lyon, Comité départemental du pré-inventaire des monuments et richesses artistiques du Rhône, 1999, p 101.

380.

A. Vacher fils est désigné comme faisant de la sculpture-statuaire et des ornements d’église au 3 quai Fulchiron puis au 2 quai Fulchiron et au 35 rue Tronchet dans les Indicateurs Fournier de 1896 à 1908 ; est aussi mentionné M. Vacher, officier de l’Académie, pour des moules de plâtre au 23 rue Paul Chenavard, en 1908.

381.

A. Dutruc est mentionné dans l’Indicateur Fournier de 1908, pour des ornements d’église et de la sculpture religieuse, au 3 quai Fulchiron et au 7 avenue de l’Archevêché.

382.

Archives de l’Archevêché de Lyon, Institution du Chemin de la Croix de l’église du Saint Sacrement.

383.

.

384.

Hours Henri (dir.) et le Comité du pré-inventaire des monuments et richesses artistiques du Rhône, Chaponost, Lyon, Comité départemental du pré-inventaire des monuments et richesses artistiques du Rhône, 1999, p 101.

385.

A. Vacher fils est désigné comme faisant de la sculpture-statuaire et des ornements d’église au 3 quai Fulchiron puis au 2 quai Fulchiron et au 35 rue Tronchet dans les Indicateurs Fournier de 1896 à 1908 ; est aussi mentionné M. Vacher, officier de l’Académie, pour des moules de plâtre au 23 rue Paul Chenavard, en 1908.