Il s’agit ici de l’ensemble des ornements sculptés qui accompagnent et décorent l’architecture. Ces éléments taillés dans la pierre ou en plâtre se confondent souvent étroitement avec l’architecture, en étant à la fois fonctionnels et décoratifs ; c’est le cas des chapiteaux, des colonnettes, des pilastres, des entablements, etc. D’autres gardent un rapport à l’architecture, mais sans rôle constructif, comme les frises.
Toutes les églises de Lyon n’ayant pas été construites dans la seconde moitié du XIXe siècle, certains des décors intérieurs peuvent donc être antérieurs à la période étudiée. Cependant, il est bon de les prendre en considération, car ces exemples confortent les distinctions qu’il est possible d’établir, dans le but de déterminer des caractéristiques générales et tâcher de faire ressortir une typologie des décors sculptés intérieurs.
L’emploi de ces ornements semble se faire en fonction du style de l’édifice, c’est-à-dire que des types d’ornements sculptés correspondent de manière plus ou moins exclusive à un certain style d’architecture. Pour faire simple et synthétique, il est possible de distinguer six décors romans387, onze gothiques388, dix classiques et baroques389 – utilisant la même base de vocabulaire mais avec plus ou moins d’exubérance –, et cinq décors éclectiques390.
Les décors sculptés de types romans sont les plus sobres ; ils sont caractérisés par des colonnes à fût lisse délimitant les collatéraux, par leurs chapiteaux systématiquement à volutes et à acanthes ou palmettes au dessin simplifié ; ils supportent des arcades en plein-cintre. En fonction du mode de couverture, des consoles agrémentent ce sobre ensemble pour supporter le départ des voûtes d’arêtes, ou une corniche marque l’imposte des voûtes en berceau. Parfois, cette grande sobriété est enrichie par des colonnettes, encadrant par exemple des baies en plein-cintre, comme à Saint-Martin d’Ainay (roman) et à Notre-Dame de Bon-Secours (néo-roman).
Les décors sculptés des intérieurs gothiques et néogothiques sont caractérisés par des éléments favorisant l’élancement des lignes. Ainsi, les piliers des grandes arcades sont fréquemment composés ou flanqués de plusieurs colonnettes qui se prolongent dans les moulures des arcs brisés et dans des colonnettes demi-encastrées aux murs traversant le niveau de la clairevoie – et/ou éventuellement d’un triforium – pour joindre les arcs doubleaux. Ces lignes verticales sont scandées par les chapiteaux, le plus souvent placés à hauteur de l’imposte des grandes arcades, mais se décalant parfois plus haut pour se placer au départ des ogives des voûtes. Dans les églises néogothiques, quelques chapiteaux sont restés bruts, faute de moyens financiers ; c’est le cas à Sainte-Blandine (cat. 830), à Notre-Dame de Bellecombe (cat. 337) et dans une plus faible mesure à la Rédemption. L’exemple de Saint-Georges (cat. 602) se distingue par l’absence de chapiteau, au profit de colonnettes au départ des ogives, en porte-à-faux supportées sur des culots sculptés, solution qui élimine un élément de ligne horizontale et accentue la verticalité. Les rares éléments sculptés sont donc en étroit rapport avec le parti architectural.
Les ornementations sculptées classiques et baroques prennent des apparences variées. Ces décors sont d’une grande simplicité néoclassique à Saint-Eucher (cat. 563), à Notre-Dame Saint-Vincent et à Saint-Pothin (cat. 801), avec les colonnes supportant un entablement sur lequel repose la voûte. La pauvreté sculpturale est identique à Saint-Denis où de simples piliers supportent des arcades plein-cintre au-dessus desquelles passe une fine corniche sur laquelle la voûte en berceau se courbe ; il n’y a là nulle recherche dans l’ornementation sculptée mais toute l’originalité réside dans le décor peint qui se substitue en quelque sorte à cette carence. Les six autres églises présentent un schéma architectural comparable : avec des arcades en plein-cintre, rythmées par des pilastres, supportant une corniche sur laquelle la voûte repose et dans laquelle s’insère une clairevoie, parfois un triforium s’intercale entre les arcades et la corniche comme à Saint-Polycarpe et à Saint-François-de-Sales. La richesse des décors sculptés est alors variable, pouvant aller de simples éléments architecturaux comme les pilastres, de discrets chapiteaux, de balustrades comme à Saint-François-de-Sales, jusqu'à l’emploi de volumineuses corniches – à Notre-Dame Saint-Louis (cat. 401) –, de claveaux et d’écoinçons ornementés, en particulier à l’église de l’Hôtel-Dieu et à Saint-Polycarpe.
Enfin les décors sculptés des églises éclectiques sont les programmes les plus riches et les plus complexes. N’obéissant à aucun carcan, ils puisent librement leur inspiration dans tous les modèles du passé : du vocabulaire classique avec pilastres, corniches, frises, chapiteaux – employant des motifs plus ou moins originaux comme des modillons, des torsades, des rinceaux d’acanthes ou d’autres motifs végétaux –, à un vocabulaire plus « personnel » en particulier dans l’école de Bossan qui employait des motifs d’inspiration végétale à la fois très fins et tranchés, disposés régulièrement, parfois abondants lorsque le programme le permettait comme à la basilique de Fourvière.
Reste quelques cas particuliers : Saint-Paul, dont il serait possible de qualifier le décor sculpté d’éclectique à cause de ses éléments romans et classiques en étroite harmonie et constituant une ornementation très délicate ; la double église Saint-Maurice de Monplaisir (cat. 697) dont la partie ancienne est classique et pauvre, et la partie à peine commencée par Sainte-Marie Perrin est un éclectisme inspiré du roman et du classique. Enfin, les églises provisoires de Notre-Dame Saint-Alban, de l’Assomption et de Saint-Camille sont dépourvues de décor.
Saint-Martin d’Ainay, Saint-Irénée, Saint-Pierre de Vaise (cat. 770), Notre-Dame de Bon-Secours (cat. 352), Saint-Augustin, Sainte-Croix (cat. 852), (Bon-Pasteur, non vu).
Primatiale Saint-Jean (original), Saint-Bonaventure (original), Saint-Nizier (original), Saint-Nom-de-Jésus (cat. 303), Rédemption, Sainte-Blandine (cat. 830), Saint-Bernard (cat. 463), Saint-André (cat. 336), Saint-Georges (cat. 602), Notre-Dame de Bellecombe, Notre-Dame des Anges (cat. 374).
Saint-Bruno-des-Chartreux, Saint-Just, Saint-Polycarpe, église de l’Hôtel-Dieu, Notre-Dame Saint-Louis (cat. 401), Notre-Dame Saint-Vincent, Saint-Euscher, Saint-Pothin (cat. 801), Saint-Denis, Saint-François-de-Sales.
Immaculée-Conception (cat. 231), Saint-Joseph des Brotteaux (cat. 638), basilique Notre-Dame de Fourvière, Saint-Sacrement (cat. 319), Sacré-Cœur (cat. 288).