4) La Trinité

La Sainte Trinité est représentée deux fois de manière explicite dans les églises de Lyon, c’est-à-dire le Père et le Fils avec une apparence humaine et l’Esprit Saint sous la forme d’une colombe.

La première se situe au sommet du retable de l’Assomption à l’église Saint-François-de-Sales (cat. 586). Le Père et le Fils trônent et se font face ; ils tiennent ensemble, chacun d’une main, la couronne destinée à la Vierge qu’ils attendent. À gauche, le Christ représenté avec une barbe courte et une longue chevelure, tient de son autre main un sceptre (cf. He 1,8 ; Ap 2, 27. 12, 5. 19, 15) en forme de bâton cruciforme. À droite, Dieu le Père est représenté de manière anthropomorphique, comme un respectable homme d’âge mûr avec une barbe longue ; il est lui-même couronné et tient de son autre main le globe surmonté d’une croix, symbole de la royauté universelle. Au centre, au-dessus d’eux, la colombe du Saint-Esprit survole.

L’œuvre à la chapelle de la Sainte Trinité à l’église Saint-Nizier (cat. 711) correspond à un autre modèle conventionnel424, figurant le Père trônant de face, tenant de ses deux mains la croix avec son Fils suspendu, et au-dessus d’eux, la colombe du Saint-Esprit vole. La composition est très proche du marbre du XVe siècle à l’église de Saint-Lothain (39), si ce n’est qu’à Saint-Nizier le Père a une barbe à deux pointes et une tiare, alors qu’à Saint-Lothain, il est tête nue et sa barbe longue et ondulée est d’un seul pan. Représenter Dieu le Père sous une forme humaine est un écueil pour un artiste, ces derniers parviennent rarement à obtenir un rendu satisfaisant, tant l’image du vieil homme barbu est un désaveu de l’idée transcendante de Dieu. Cependant, Pierre Devaux (Tassin-la-Demi-Lune 1865 - Neuville 1938) réussit à lui donner une prestance très grave et majestueuse, voire imposante et vénérable ; ensuite, à y regarder de plus près, son visage beau et digne exprime la paix, la bonté et la fermeté. Ainsi, par cette allégorie du Père tout puissant et miséricordieux offrant son Fils à tous les hommes pour leur salut sous l'agissement incessant de l’Esprit Saint – entre le Père et le Fils, entre Dieu et les hommes –, le sculpteur insuffle dans l’esprit du fidèle un sentiment de profond respect et de révérence, sans perdre de vue qu’il s’agit aussi d’un Dieu d’Amour et de miséricorde ; notons que suggérer le sacré et l’amour à l’esprit du fidèle n’est pas la plus petite des performances.

Notes
424.

Exemples sans la tiare sur la tête du Père : Sainte Trinité, haut relief, calcaire, polychromie, Moisdon-la-Rivière (44), fin XIVe, 0,81 x 0,49 x 0,30 m ; Sainte Trinité, église de Saint-Lothain, XVe ; Sainte Trinité, enluminure, XVe siècle, Psautier, Avignon, 1448 ; Sainte Trinité, enluminure, XVe siècle, Psautier, Limoges, après 1457. Exemples avec la tiare : Sainte Trinité, bois peint, musée d’Etampes, XVIe siècle ; XVe siècle, Pesellino ; XVe siècle, Robert Campin (sans la Croix) ; XVIe siècle, Le Greco (sans la Croix).