2) La Résurrection de Lazare

Cette scène est représentée une seule fois en sculpture dans les églises de Lyon. Il s’agit d’un relief en marbre sculpté par J.-H. Fabisch en 1850, sur le devant d’un autel à l’église de l’Hôtel-Dieu (cat. 224). Le choix de ce sujet rare s’explique par le fait que cette chapelle est dédiée à sainte Marie-Madeleine. Les Évangiles témoignent que Marthe, Marie et Lazare (Jn 11-12) étaient trois frère et sœurs très proches du Seigneur. Lazare tomba malade et mourut. Jésus arriva quatre jours plus tard alors que son ami était déjà au tombeau, il le ressuscita afin que cela soit un témoignage et que tous croient en lui, qui est « la résurrection et la vie » (Jn 11, 25).

Sur ce relief, Lazare occupe le centre et se redresse dans son sarcophage sur l'ordre du Christ qui, à droite, lève le bras droit comme pour interpeller ou bénir, et regarde devant lui dans une attitude un peu molle et indifférente. Lazare lève aussi son bras gauche en direction de Jésus et s’appuie de son bras droit sur le bord du cercueil pour en sortir. Les deux sœurs se tiennent juste derrière le Christ, Marie-Madeleine se reconnaît à son attitude expansive – agenouillée, en adoration derrière le Christ – et à sa chevelure détachée428. Derrière elles et derrière Lazare, à gauche, des hommes assistent à la scène, ce sont les juifs que mentionne l’Évangile de saint Jean, accompagnant les deux sœurs et le Christ qui partent au tombeau. Juste derrière Lazare, on remarque deux jeunes hommes, l’un qui retire le couvercle du sarcophage (Jn 11, 39) et l’autre qui délivre le ressuscité de son suaire (Jn 11, 44).

La composition en bandeau est à la manière des reliefs de l’antiquité grecque. Elle est équilibrée et son aspect est sévère. Si le sculpteur a respecté le texte saint, il s’est toutefois abstenu de tous les détails expressifs que mentionne l’Évangile – la tristesse des juifs (Jn 11, 19. 31. 33) et Jésus lui-même « bouleversé d'une émotion profonde » en voyant les juifs et les deux sœurs pleurer (Jn 11, 33), puis pleurant en arrivant au tombeau de son ami (Jn 11, 34-35) – précisions qui auraient pu apporter un peu de vie et d’humanité. Cet émouvant épisode, qui montre le cœur aimant et compatissant du Seigneur, est transformé en scène froide, aussi impersonnelle qu’un défilé de personnage sur une frise grecque. N’est-ce pas là une des caractéristiques des difficultés que rencontrèrent la foi chrétienne et la vie spirituelle des croyants de la seconde moitié du XIXe siècle ?

Notes
428.

La tradition confond Marie, sœur de Marthe et Lazare, avec la pécheresse repentante Marie-Madeleine, toujours figurée avec sa longue chevelure défaite, symbolisant le repentir de sa vie de vanité et de courtisane.