c) Les apôtres

Le collège des apôtres – c'est-à-dire les douze hommes appelés par le Christ pour l’assister dans sa mission et pour témoigner (Mt 10, 1-4 ; Mc 3 13-19 ; Lc 6, 14-16) : Pierre, André, Jacques le majeur, Jean, Philippe, Barthélemy, Thomas, Matthieu, Jacques le mineur, Jude-Thaddée, Simon le zélote, Judas Iscariote remplacé par Matthias – est un sujet ancien dans l’art chrétien. Par exemple, il figure sur un sarcophage du VIe siècle à l’église Saint-Ambroise à Milan. Dans les églises de Lyon, il est représenté en entier à deux reprises.

Les douze et le Christ figurent sur le devant et les côtés du maître-autel de l’église Saint-Nizier (cat. 724). Toutefois, il s’agit d’une œuvre de Michel Perrache (Lyon 1686-1750), donc antérieure à notre période d’étude. Alors que les premières figurations des apôtres ne les distinguaient pas, les revêtant de la même tunique et leur faisant tenir à chacun le volumen de la Nouvelle Loi, ici, le sculpteur a choisi de les différencier en variant les attitudes, les barbes, les chevelures, et bien sûr les attributs. L’emploi de ce thème sur un maître-autel n’est pas inattendu : il rappelle la forme des antiques sarcophages et reliquaires médiévaux568, les arcades en série est une structure qui s’adapte bien à la forme d’un autel ; enfin, ce sujet ecclésial évoque le rassemblement de la communauté chrétienne à la messe, autour de l’autel569.

Les douze sont aussi présents sur la façade de l’église Saint-Pierre de Vaise, dans une arcature de douze travées, marquant le centre de la façade (cat. 780). Ces œuvres furent réalisées vers 1853 par Guillaume Bonnet, mais endommagées durant la seconde guerre mondiale. L’artiste semble avoir plus ou moins varié les coiffures et barbes, mais surtout les toges ; de plus, les apôtres portent chacun une banderole dont il est impossible de déchiffrer les inscriptions. Ces statues sont massives – les têtes peut-être un peu grosses –, on remarque que les drapés, les coiffures, les barbes sont très marquées, de manière générale les gestes sont posés et les formes sont accentuées afin de rendre ces statues le plus lisible possible malgré la hauteur de leur emplacement. Par ailleurs, cet aspect faussement brut et élémentaire, en fait posée et travaillée, ce soulignement des formes, ne sont pas sans rappeler la statuaire du XIIIe siècle.

Dans les églises de Lyon, certains apôtres figurent pour La Mort de la Vierge (pp. 229-230) dans la chapelle de la Vierge de l’église Saint-Bonaventure (cat. 513) – leur présence y est traditionnelle – ; autour de La Mort de Saint Joseph (p. 248) dans la même église ; mais encore autour de la Vierge au Cénacle à la basilique Notre-Dame de Fourvière (p. 228), thème pour lequel leur présence est incontournable puisqu’ils en sont habituellement le centre.

De manière exceptionnelle, saint Jude est figuré seul par une ronde-bosse à l’église de l’Immaculée-Conception (cat. 233), dans une chapelle qui lui est consacrée. Il est vêtu d’une longue tunique et d’un long manteau ; son beau visage, cheveux mi-longs ondulés, barbe courte, est presque christique ; il tient une hampe et un médaillon représentant une femme. On ne reconnaît pas ses attributs traditionnels570 : la massue (cat. 735) de son martyr, ou l’épée, la hache, la hallebarde, et la croix processionnelle à longue hampe.

Notes
568.

Godefroy de Huy, châsse de saint Héribert, Deutz, 1170. Nicolas de Verdun, châsse des Rois Mages, cathédrale de Cologne, 1190.

569.

Vers 1140 ; bas-relief, retrouvé en 1949 sous le pavement du transept de la basilique de Saint-Denis

570.

au XVIIIe siècle : Lorenzo Ottoni, statue marbre, église Saint-Jean de Latran, Rome ; Math. Braun, statue, cathédrale de Prague.