La représentation de l’Évangéliste et apôtre Jean, seul571, est moins rare que celle des autres apôtres, bien qu’il ne soit que quatre fois ainsi représenté à Lyon. Selon l’iconographie occidentale traditionnelle, il est représenté jeune et imberbe.
Legendre-Héral le représente en 1837 pour la primatiale Saint-Jean-Baptiste (cat. 890), en pendant à la Vierge dans la chapelle du Sacré-Cœur. Le jeune homme a une longue chevelure, il lève le regard sur la droite et tient un rouleau dans sa main gauche, symbole de l’annonce de l’Évangile, et il est largement enveloppé dans son manteau. Le sculpteur le représente le cou un peu enflé, le menton rond, le front haut et bombé. L’année suivante, il le reproduit, à l’église Saint-Irénée (cat. 626), en pendant à Saint Paul. Jean-Baptiste Martin mentionne un Saint Jubin au côté de Saint Paul, il semble avoir fait erreur car l’inscription sous la statue est bien « S. Joannès », et c’est bien le jumeau du Saint Jean de la primatiale de Lyon.
En 1872, Charles Dufraine le figure (cat. 600) pour un ébrasement porche de l’église Saint-Georges, en pendant à Saint Pierre. Le tout jeune Évangéliste, très grave, la chevelure en arrière, écrit sur un volumen déroulé, son aigle est à ses pieds. Si, vue de profil, cette statue semble inexpressive et figée, vue de face la jeunesse et la gravité de l’auteur de l’Évangile et de l’Apocalypse sont saisissantes. Un autre contraste accentue cette impression de dignité : la majesté du drapé de son vêtement tranche avec ses pieds nus, « nolite portare calceamenta », et cette simplicité évoque inopinément la pureté et la sagesse du jeune apôtre.
Enfin, Saint Jean est aussi présent dans l’église Notre-Dame Saint-Vincent (cat. 429), dans une pose un peu plus baroque. Avec un léger déhanchement, il tourne complètement sa tête sur la droite, pose sa main droite sur le cœur, tient un gros livre contre sa hanche et sous son bras gauche. Ses cheveux sont plus courts et ondulés. Il semble heureux et, même si cette expression est un peu vide, sa tête rappelle celle des plus belles sculptures romaines. Malheureusement, cette œuvre ne possède ni date ni attribution. Toutefois, ce mouvement suggéré, cette expression un peu insipide, rappellent assez le Saint Vincent voisin, par Charles Dufraine en 1882.
L’iconographie religieuse du XIXe siècle représente fréquemment saint Jean – le disciple bien-aimé – sur le Cœur de Jésus, en référence à la Cène (Jn 13, 22-25). Ce sujet est dépendant de celui du Sacré Cœur, il illustre autrement l’image du cerf altéré se désaltérant à la Source ; saint Jean est l’exemple parfait de l’âme assoiffée du désir de Dieu qui ne trouve son repos qu’en l’Incarnation du Verbe. Cependant en sculpture, les églises de Lyon572 ne possèdent que deux exemplaires jumeaux de ce thème, tous deux dus à J.-H. Fabisch.
Le premier exemplaire est celui à l’église Saint Polycarpe, datant de 1860. Le Christ et saint Jean collé contre son Cœur sont au centre du devant de l’autel consacré au Sacré-Cœur et se placent devant une tenture accrochée par cinq points. De chaque côté, quatre saints convergent vers ce groupe en portant leur attribut. Sur le côté gauche, saint François de Sales et saint Bernard de Clairvaux, sur le devant à gauche, saint Philippe Neri et saint Thomas d’Aquin, puis à droite du Sauveur et de saint Jean, saint François d’Assise et saint Louis roi de France, enfin sur le côté droit, saint Bonaventure et saint Jean de la Croix. Le Christ est assis, tourné vers la droite. Saint Jean est agenouillé devant lui et penché contre le Cœur du Maître. L'attitude du jeune apôtre traduit son absolue confiance envers Jésus-Christ et son affection toute simple ; il semble ici aussi spontané qu’un enfant (Mc 10, 14-15), mais sa grande taille et l’emphase gestuelle donnent à la scène un aspect maladroit. Le Seigneur l'accueille pleinement avec un geste affectueux et protecteur ou réconfortant. Les drapés sont très travaillés mais les expressions et les attitudes sont fades, artificielles, affectées ; ce qui est regrettable pour un si beau sujet. Il est étonnant de voir que si les artistes du XIXe siècle ont été attirés par ce sujet, ils ne semblent pas avoir réussi à lui donner toute son ampleur.
L’exemplaire à l’église de l’Hôtel-Dieu (cat. 225), dans la chapelle du Sacré-Cœur, probablement des années 1870, varie peut. La scène figure uniquement entre saint Philippe Neri, saint Thomas d’Aquin et saint François d'Assise, saint François de Sales. Saint Jean semble un peu moins jeune ; surtout le fond représente symboliquement un ciboire et le saint Sacrement, devant une nuée et des rayons, rappelant la dévotion de sainte Marguerite-Marie Alacoque – révélatrice du culte du Sacré-Cœur, représenté sur le retable au-dessus avec l’Apparition – pour la Présence réelle liée directement à celle du Cœur du Seigneur.
Ce thème est donc lié à celui du Sacré-Cœur et l’illustre.
XVe siècle : Alessi da Durazzo, cathédrale de Trogir en Dalmatie ; pierre, collégiale Sainte-Gertrude, Nivelles ; statue, église de Poligny, Jura. XVIe siècle : Flaminio Vecca, statue, église Santa Maria in Vallicella, Rome.
Voir aussi les vitraux du Sacré-Cœur à l’église de la Rédemption.