f) Saint Paul

Saint Paul a pour principal attribut le glaive, qui évoque à la fois son martyr et le tranchant de la Parole de Dieu dont il est l’apôtre auprès des païens ; néanmoins la Révélation dont il est héraut est souvent symbolisée par un volumen ou une Bible. Une tradition rapporte que son apparence était disgracieuse et malingre ; cependant les artistes modernes ont plutôt retenu l’image d’un homme énergique – rappelant la manière dont il est présenté dans les Actes des apôtres et le ton de ses Épîtres. Sujet presque aussi commun que Saint Pierre, il est figuré sept fois en sculpture dans les églises de Lyon. Ces sept exemples lyonnais sont peut-être plus variés que ceux de Saint Pierre. Quatre exemples sont des rondes-bosses en plein pied, deux le figurent assis, et un relief figure une scène de sa vie : sa conversion.

Sur le tympan du portail de la façade principale de l’église Saint-Paul est sculptée la Conversion de saint Paul : le soldat Saül est tombé à terre, et son cheval de même derrière lui. Au-dessus le Christ surgit. Le vent souffle et fait voler la cape de Saül en arrière, son casque est tombé, il lève le bras gauche comme pour se protéger. Le rendu de ce relief est curieux. Il semble se vouloir correct dans les proportions, comme le montre le traitement du cheval, des visages et du torse de Saül, simple dans la composition et pur dans les lignes, ce qui fait penser au Néoclassicisme ou à l’Académisme ; mais, les attitudes et les mouvements sont très maladroits et donnent une allure naïve à l’ensemble, naïveté qui ne semble pas non plus correspondre aux stylisations de la sculpture médiévale.

Les quatre statues de plein pied ont toute la caractéristique de représenter Paul avec une très grande barbe. Il est deux fois présent dans le chœur de l’église qui lui est consacré. En 1827, Perrot le figure tenant de la main gauche un livre contre la poitrine, la droite avancée et suspendue ; sa tête tournée vers la droite, sa chevelure et sa barbe largement bouclés de forme à peu prêt rectangulaire, l’absence de glaive, lui donne une ressemblance à l’iconographie de Moïse. Puis, en 1861 Pierre-Toussaint Bonnaire conçut un autre exemplaire du saint, le montrant majestueusement drapé d’une toge, les deux mains appuyées sur le manche de son glaive dont la pointe est posée au sol, avec un petit volumen entre. Saint Paul tourne la tête sur la gauche et ses cheveux ondulent en arrière. Ces deux statues expriment la force.

L’œuvre de Legendre-Héral à l’église Saint-Irénée (cat. 626) présente un homme un peu plus âgé, le front dégarni, mais la barbe encore plus abondante ; elle est si volumineuse qu’elle fait oublier l’étrangeté de ses orbites rapprochées, excavées, et son arcade sourcilière saillante. Il maintient de sa main droite un très long glaive tourné vers le bas, et de sa main gauche un volumen bien roulé. Si Legendre-Héral le représente toujours aussi majestueux que dans les deux exemplaires précédents, il n’a plus du tout un physique flatteur.

La statue sur le clocher de Saint-Nizier (cat. 730) est à nouveau d’un aspect plus gracieux ; malgré la distance, son visage semble fin. En remontant son bras droit plié contre sa poitrine, il tient de sa main le glaive qui pointe vers le bas et longe son corps en formant une diagonale ; son bras gauche est détendu sur le coté, tout en maintenant négligemment contre le haut de sa cuisse un livre ouvert.

À l’intérieur de la même église, se trouve un bronze de Saint Paul assis sur un siège de marbre posé sur un socle en pierre, pendant de Saint Pierre (voir p. 281). De sa droite, il tient un rouleau sur son genou, et de sa gauche son épée, la pointe tournée vers le bas – cependant il ne reste plus que le manche.

La statuette de Saint Paul sur la chaire l’église Saint-Polycarpe (cat. 782), sculptée en 1864 par Dufraine, est plus intéressante. Le saint a la même force que le Saint Pierre en pendant (voir p. 260) ; sa barbe est plus longue et il maintient des deux mains le glaive sur ses genoux, dont la pointe dégainée s’élève vers l’arrière. Son regard un peu soucieux, sa barbe qui se divise en deux pointes, son assise solennelle – mais ni contrainte, ni immobile – et le port noble de sa toge, font penser à l’iconographie des prophètes, tout particulièrement à celle de Moïse.