4) Les dévotions de l’Église en France

Les saints patrons protecteurs de la France sont : la Vierge Marie, sous le vocable de Notre-Dame de l’Assomption, depuis le vœu de Louis XIII ; sainte Jeanne d’Arc, depuis 1922 ; sainte Thérèse de Lisieux, depuis 1944 ; saint Denis, évêque de Paris ; saint Martin, évêque de Tours ; saint Louis, roi de France ; et saint Michel, archange protecteur.

Cependant, on constate que tous ne possèdent pas le même sens – ou les dévotions ne sont pas vécues de la même manière. Le rapport des catholiques français à la Vierge est celui d’enfants à leur mère. La dévotion à sainte Thérèse est un attachement populaire qui fut si commun aux français qu’elle devint une sainte nationale. Saint Denis demeure davantage honoré à Paris. Saint Martin fut plus discret au XIXe siècle. La dévotion à saint Michel en tant que protecteur de la nation semble passer derrière celle à saint Louis et sainte Jeanne d’Arc, ou être assimilée à celle aux trois archanges.

Bruno Foucart notait déjà, pour la peinture religieuse de la première moitié du XIXe siècle, le succès de saint Louis auquel s’ajoutent Jeanne d’Arc, sainte Clotilde et sainte Geneviève – toute deux liées à la capitale – : une iconographie nationale, illustrant les valeurs civiques. Aussi cette importance particulière de Jeanne d’Arc et de saint Louis se retrouve-t-elle dans la statuaire lyonnaise.

Isabelle Saint-Martin (p. 460) explique ainsi le succès de ces sujets :

‘« Les dernières éditions de l’Album des écoles catholiques du Père Vasseur, paru sous le titre Les Petits Zouaves du catéchisme, introduisent toutefois une nouveauté en développant plus particulièrement le thème des saints qui ont fait la France chrétienne. On y voit l’annonce, au tournant du siècle, d’une grande vague de dévotion à Jeanne d’Arc, Rémi, Geneviève,… dont les figures apparaissent dans les manuels diocésains, et le Grand catéchisme des familles propose, en 1907, pour le sacrement du baptême, une image du baptême de Clovis. L’incursion dans l’exposé du catéchisme de sujets relevant habituellement de ses marges et de l’histoire de l’Église témoigne d’un renforcement des sentiments identitaires autour des années 1900, contrepoint de la mise en valeur des héros de l’histoire de la France dans l’enseignement laïque. »’