5) Les dévotions de l’Église à Lyon

a) Les martyrs de 177

Lors des persécutions de l’empereur Marc-Aurèle, quarante-huit chrétiens furent martyrisés à Lyon. Parmi eux : Sacerdoce, Sanctus611, Maturus612, Ponticus613, Attale614 , Blandine, Vettius615, Biblis616, Julie, Epagathe, Pontique, Épipode (parfois appelé Pipoy)617 et Alexandre618, Pothin. Saint Pothin, premier évêque de Lyon, très âgé en 177, ne supporta pas l’emprisonnement et décéda vraisemblablement des mauvais traitements et d’épuisement dans son cachot.

Ces saints619 demeurent très peu, voire jamais représentés ; cependant, étant des saints lyonnais, leur iconographie typique est à remarquer. Saint Pothin620 et sainte Blandine sont un peu plus représentés, surtout à partir du XIXe siècle. Dans leur ville, des églises leur sont respectivement consacrées. L’église Saint-Pothin a certainement perdu ses statues lorsque le transept et le chœur furent réaménagés, il nous est impossible de savoir si l’église a possédé une statue du saint évêque. L’église Sainte-Blandine en possédait deux exemplaires : le tympan du porche et la statue disparue de l’autel qui lui est consacré (p. 308).

De plus, il existe un Saint Pothin à l’église Saint-Nizier (cat. 721), mais il fut réalisé en 1799 par Joseph Chinard. Le saint évêque de Lyon, premier de la Gaule envoyé par saint Polycarpe, est majestueusement représenté dans d’amples vêtements sacerdotaux, avec la mitre et la crosse. Sa large barbe soignée contribue à lui donner une allure très respectable. À ses côtés, une statuette de la Vierge à l’Enfant est installée sur une colonnette. D’un geste auguste, il lève sa main gauche et la tient suspendue au-dessus de la tête de la statuette qui se trouve ainsi entourée des retombées de sa large manche. Dans cette œuvre peut-être un peu froide, il n’y a aucune mièvrerie mais de la solennité et de la puissance.

Enfin, l’église Saint-Bernard possède une petite statuette industrielle polychrome de Sainte Blandine, posée provisoirement sur l’autel de la chapelle Sainte-Madeleine (cat. 472). La jeune sainte est habillée simplement d’une tunique blanche, les bras ouverts, adossée contre un piquet de bois, un lion couché à ses pieds. Cette statuette de dévotion commémore l’épisode où Blandine fut attachée à un poteau élevé au milieu de l’arène, soutenant ses compagnons qui subissaient diverses tortures et jetés aux bêtes, alors qu’elle-même, aucune ne la toucha.

Une statue rarissime de Saint Épipode (cat. 761) existe à l’église Saint-Paul. Il s’agit d’une œuvre tardive, due à Louis Prost en 1931. Le jeune homme est enveloppé dans une tunique et une toge, dans un mouvement vers l’avant, il joint les mains et regarde le ciel. La modernité de cette statue reste discrète, elle réside avant tout dans ce mouvement général qui avance le corps du saint en une légère diagonale, ainsi que dans la stylisation épurée et ferme des modelés.

Notes
611.

Diacre de Vienne.

612.

nouveau baptisé

613.

un jeune garçon de 15 ans

614.

« qui était la colonne et l’appui de notre Église » et citoyen romain

615.

qui prenant leur défense aux premières arrestations est à son tour condamné.

616.

qui revint de son reniement

617.

Une chapelle lui était consacrée vers Pierre-Scize. La crypte de l’église subsiste dans les restes de l’Abbaye de l’Île-Barbe sur la Saône. Enseveli à côté de saint Irénée.

618.

Les jeunes Épipode et Alexandre avaient échappé au premier carnage, mais ils moururent après leur évêque saint Pothin : Saint Épipode fut décapité et saint Alexandre crucifié.

619.

Vus ensemble sur la mosaïque de L’arrivée à Lyon de saint Pothin, par Lameire ; peinture murale de l’église de Couzon-au-Monts-d’Or (Rhône), par Ch. Franchet ( ?).

620.

F. Biard, Saint Pothin apportant une image de la Vierge en Gaule, 1827, archevêché, Lyon ; L. Jamnot, 1846, Antiquaille, Lyon ; H. Flandrin, 1853, église Saint-Vincent-de-Paul, Paris ; Ch. Lameire, basilique de Fourvière, 1910, mosaïque, Lyon.