À l’église Saint-Georges, le saint patron n’est représenté qu’une seule fois, sur le tympan du porche (cat. 597), par un relief625 réalisé en 1872 par Charles Dufraine.
L'histoire de ce saint est légendaire : Officier romain dans la partie orientale de l'Empire, il débarrassa une ville d'un dragon qui terrorisait ses habitants, exigeant la vie de deux jeunes filles au quotidien. Georges arrive le jour où le sort tombe sur la fille du roi – évoquée sur ce relief par le château en arrière plan. La dévotion envers ce saint s'est développée en Occident au temps des croisades, il est le patron des chevaliers, ce qui explique l'apparence médiévale souvent choisie par les artistes pour le représenter, ce qui est le cas ici. De plus, cette citation passéiste est aussi à mettre en rapport avec le cadre architectural néogothique.
Sur son cheval cabré, saint Georges transperce le dragon qui se tient, gueule ouverte sous la monture. En arrière plan, sculpté en bas-relief, on devine quelques végétaux – lierre, olivier, chêne, représentés de manière simplifiée –, un muret, puis un château médiéval. Ce motif correspond à l'iconographie de ce thème au XIVe et XVe siècle dans les enluminures, ou aux peintures de Raphaël (National Gallery of Art, Washington D.C ; Musée du Louvre, Paris).
L'artiste réussit à évoquer de manière claire et assez académique sur le plan formel (voir p. 36) le principal épisode de la vie du saint626 ; par le modèle de représentation choisie – l’apparence d’un chevalier –, il cite l’évolution de cette dévotion et l’adapte au style de l’architecture.
Ici, le fait de représenter une seule fois627 le saint patron de l’église est révélateur : Au Ve siècle déjà, un concile considéra ce saint comme légendaire, il y a donc beaucoup d’hésitations à adopter pleinement cette dévotion. De la sorte, le saint fut de moins en moins figuré dans les églises628, surtout après le Concile de Trente, mais le côté épique de son histoire en fait un sujet apprécié des artistes. Toutefois, il occupe ici une place privilégiée : le tympan du porche. Cet emplacement rappelle aussi un usage : sur le tympan de la cathédrale de Ferrare en 1155, sur le tympan de l’église du Heaulme (Seine-et-Oise), XIIe siècle.
Voir aussi : Bas-relief de la Porta San Giorgio, Florence, XIIIe siècle ; statue équestre, grès rose, de la façade de la cathédrale de Bâle.
Pour le combat contre le dragon, voir aussi : Chapiteau de Vézelay, XIIe siècle ; Fonts baptismaux de l’église Saint-Georges sur-Eure, XVe siècle ; Michel Colombe, bas-relief, pour la chapelle de Gaillon, pour le card. Georges d’Amboise, XVIe siècle ; Bas-relief du tombeau des card. D’Amboise, 1520, cathédrale de Rouen ; Hans Brüggemann, groupe de bois, provenant de l’église d’Husum, vers 1525, musée de Copenhague.
Autre statue (introuvable) par L. de Rudder, 1846, à l’église Saint-Georges, à Lyon (d’ap. E. Hardouin-Fugier, B. Berthod, Dictionnaire iconographique des saints).
Citons cependant : J. Lescorné, marbre, Notre-Dame de Paris.