Blandine fait partie des vingt-quatre chrétiens martyrisés à Lyon en 177, lors des persécutions de l’empereur Marc-Aurèle. Toute jeune servante, elle alla au supplice avec courage, soutenant ses compagnes et mourant la dernière pour les appuyer jusqu’au bout – refusée par les lions, suspendue dans un filet et livrée aux cornes des taureaux, il fallut l’achever à l’épée. Sainte patronne de Lyon et des servantes, son iconographie est peu développée632 jusqu’au XIXe siècle où les martyrs de 177 furent l’objet d’un regain de dévotion de la part des lyonnais.
L’église qui lui est vouée possédait trois représentations sculptées de cette sainte : en relief sur le tympan du portail principal, sur le devant du maître-autel et sur un autel qui lui est consacré.
Monsieur Roucheton entrepreneur de l’église, offrit en 1871 une statue de Sainte Blandine qui fut « placée au fond du chœur en face du maître-autel sur un piédestal scellé au-dessous de la fenêtre du milieu de manière que la statue paraisse au-dessus du tabernacle »633. Cependant, en 1888 le fils de Mr Roucheton se plaint de la disparition de la statue offerte.
Puis vers 1895, un autel avec un retable voués à Sainte Blandine (cat. 832) furent réalisés par le menuisier Sèbe sur dessin de l’architecte Malaval, et offerts par le curé Chabrier634. Aujourd’hui, la statue de Sainte Blandine qui l’ornait a disparu – remplacée par une peinture contemporaine, bénite le 28 janvier 1984 par Mgr Vlassios, évêque orthodoxe pour l'église Grecque de la région lyonnaise. Elle représentait la sainte priant, les mains croisées sur la poitrine635.
Le maître-autel (cat. 840) en marbre blanc fut consacré en 1886636. Grâce à un don de la veuve de M. Limousin, il fut réalisé par Comparat sous la direction de l’architecte Malaval. Le relief du devant représente le Christ trônant au centre couronnant de fleur sainte Blandine à gauche et tendant la palme du martyre à saint Pontique à gauche. Les deux jeunes martyrs sont agenouillés ; sainte Blandine, toute drapée, a les bras croisés sur la poitrine, de ses poignets pendent des chaînes brisées, sa chevelure est détachée et elle incline la tête. La figure en relief est délicate et gracieuse mais peu expressive, même si la pureté et l’humilité de la vierge martyre sont rendus manifestes.
Le tympan qui figure Sainte Blandine jetée aux lions (cat. 828) est aussi une œuvre de Comparat sous la direction de Malaval et semble avoir été sculpté pour la consécration en 1886637. La sainte figure adossée à un pilier cassé, au centre de l’arène – dont on voit en arrière-plan la tribune avec les spectateurs et les arcades – et entre deux lions rugissants. Vêtue d’une tunique ceinturée, elle lève les bras et implore le ciel. La martyre est pleine de calme et de confiance – ce qui pourrait donner un air atone à la figure. Cette attitude contraste vivement avec celle des lions dont la fureur est particulièrement bien rendue. Le parfait équilibre de la composition et sa grande lisibilité peuvent malheureusement rendre ce tympan insipide à distance ; il recèle pourtant des réussites comme la représentation de l’arène et de la tribune, la sérénité de la sainte opposée à la férocité impétueuse des lions. Cette iconographie traditionnelle et claire a l’avantage de ne laisser aucun doute sur le sujet représenté, il s’agissait sans doute de la priorité : le tympan central permet d’identifier immédiatement le vocable de l’église.
Michel Wolgemut, retable de la Marienkirche, Zwickau, XVe siècle. Pomarancio, Martyre de sainte Blandine, église San Stefano Rotondo, Rome, XVIIe siècle.
Lyon, Archives diocésaines, Sainte-Blandine I 322, comptes-rendus du conseil de fabrique, avril et août 1871.
Jean-Baptiste Martin (collab. de J. Armand-Caillat, L. Bégule, J. Beyssac, S.G Dadolle, Abbé J.-B Vanel), Histoire des églises et chapelles de Lyon , Lyon, H. Lardanchet, 1909, tome 1, p. 314.
Jean-Baptiste Martin, Histoire des églises et chapelles de Lyon , Lyon, H. Lardanchet, 1909, tome 1, p. 314.
Consécration le27 juin 1886 par Mgr Jourdan de la Passardière, évêque auxiliaire : « Christo Iesv Domino / Svperi patri hosiae et in aeternvm sacerdoti / templvm hocce / in honorem B. Martyris Blandinae / Quae ob invictam animi constantiam / Lvgdvn martyrum Mater mervit appellari / Necnon altare qvod in men eivds virg. Et agonistae / Constantian Limovsin vidva mvnifica / Svmplv proprio erigendvm cvravit / inter jvbilaei univers sollemnia et piacvla / J. F. X. Jordan de la Passardiere // Epvs rhosensis archipraesvlis LVGD svffraganevs / Sedente emo et Rmo card Caverot / V Kal ivlii ann M.D. CCC. LXXXVI / Rite dicavit et conecravit ». Lyon, Archives diocésaines, Sainte-Blandine : I 314.
Lyon, archives diocésaines, Sainte-Blandine, I 312.