m) Saint Bruno-des-Chartreux

Bruno de Cologne (vers 1030-1111) avait commencé une belle carrière d'universitaire ecclésiastique et devint chancelier de l'archevêque de Reims, découvrant les combines que certains pratiquaient, dégoûté du carriérisme, il ressent un vide dans son cœur, une soif de Dieu seul le consume ; c’est ainsi qu’il se retira avec six compagnons dans les Alpes du Dauphiné et qu’il posa la base de l’Ordre Cartusien. Saint Bruno est représenté650 trois fois en sculpture dans l’église qui lui est consacrée : en sculpture décorative à la croisée du transept, dans une chapelle latérale qui lui est vouée et dans une niche en haut de la façade.

À la croisée du transept, la statue de Saint Bruno et son pendant Saint Jean Baptiste datent de 1627 et sont dues à Marc Chabry651. Le saint est agenouillé sur une énorme console baroque – plus volumineuse que la statue – , composée d’une conque, de végétaux et d’un putto. Il ouvre les bras et tient un crucifix tourné vers nous et son regard part dans cette direction : il nous interpelle. Un peu amaigri, saint Bruno semble flotter dans son lourd habit religieux en laine. Dans la chapelle latérale la sculpture du XVIIe siècle est attribuée à Jacques Sarrazin652. Le saint est aussi agenouillé et paraît noyé dans son épais habit. Toutefois, son attitude est ici très différente. Il croise les bras et tourne un regard triste vers un crâne posé à ses genoux : il médite. On remarque que les artistes du XVIIe siècle n’ont pas hésité à employer une autre position que debout, ce qui ne se reproduit pas dans les statues de dévotion de la seconde moitié du XIXe siècle à Lyon.

La statue de l’extérieur fut réalisée en 1875 par Joseph-Hugues Fabisch d'après celui de Jean-Antoine Houdon (1741-1848) à l’église Sainte-Marie-des-Anges à Rome (en 1766-1767). La distance de cette statue ne permet pas de constater avec quelle fidélité Fabisch a pu reproduire le chef-d’œuvre de Houdon, représentant le saint debout dans sa coule.

Notes
650.

Le saint est peu représenté. XVe siècle (plus ancienne représentation) : Maître de la Sainte-Parenté, volet du triptyque, musée de Cologne. (Béatifié seulement en 1514 et canonisé en 1623). XIXe siècle : D. Foyatier, plâtre, Grande Chartreuse (Isère).

651.

Classé au titre objet le 14 novembre 1907. Base Palissy, réf. PM69000323.

652.

Classé au titre objet le 14 novembre 1907. Base Palissy, réf. PM69000324.