o) La Sainte-Croix : sainte Hélène

Hélène (vers 288-328), fille du peuple, fut l’épouse de l’empereur Constance Chlore auquel elle donna un fils, le futur Constantin Ier. Lors des complots dans la Rome impériale, elle fut répudiée ; mais l’empereur demeura bienveillant envers elle, facilitant son exil. Elle partit en pèlerinage en Terre Sainte avec son fils pour chercher la vraie Croix. Au VIe siècle Rufin d’Aquilée raconte comment la sainte, par des révélations et interrogeant les anciens, retrouva la Croix du Christ. Cependant, elle ne retrouva pas seulement la Croix mais aussi les instruments de la Passion et les deux croix des larrons. Comment distinguer celle du Seigneur ? En présence de saint Macaire, évêque de Jérusalem, tous se mirent en prière. Alors, un miracle premier permettant de la reconnaître se produisit : une femme, incurable et mourante fut transportée sur le lieu, on lui fit toucher en vain deux croix – celles des larrons – ; mais elle guérit lorsque fut approchée de celle du Sauveur. La vraie Croix fut ainsi identifiée et un second miracle confirma la distinction.

C’est le premier miracle qui est représenté656 en relief sur le devant du maître-autel de l’église Sainte-Croix (cat. 857) : la mourante est étendue sur une civière au centre, une croix est posée sur elle, elle se redresse aidée d’une femme derrière elle. À gauche, l’évêque Macaire – mitré – désigne des deux bras le miracle à sainte Hélène, la seule auréolée, toute à gauche et agenouillée en prière au pied de la litière. À l’extrême droite, un cinquième personnage pose un genou à terre et tient une autre croix, que l’on vient certainement d’essayer sans succès.

L’église possède une seconde sculpture évoquant son vocable, il s’agit du tympan de la porte centrale, qui figure la Croix, au milieu de rinceaux (cat. 850). Cette croix fleurdelisée et ces rinceaux qui l’entourent, évoquent le style des décors de l’architecture de Pierre Bossan et de son disciple Sainte-Marie Perrin, intervenu certainement pour les autels et retables latéraux de l’église. Toutefois, ces motifs de rinceau rappellent que la Croix est le glorieux symbole de la victoire du Christ sur la mort pour la vie. L’instrument du supplice de Jésus est devenu le symbole de la Rédemption, et signe de l’amour de Dieu pour les hommes ainsi que du Fils pour le Père. Cette dévotion est tout particulièrement rappelée par la célébration de la fête nommée "Exaltation de la précieuse et vivifiante Croix." parce que son rite principal consistait en une ostension solennelle d'une relique de la vraie Croix.

Il s’agit des seules représentations sculptées en rapport avec le vocable de l’église : la Sainte-Croix. Une statue de dévotion n’était pas possible pour évoquer sans ambiguïté ce sujet.

Les saints patrons des paroisses figurent donc souvent à des emplacements privilégiés, comme en façade – tels que des gardiens – ou sur des autels qui leurs sont consacrés ou par des statues indépendantes soigneusement mises en valeur.

Notes
656.

à titre de comparaison : XIIIe siècle, haut-relief sculpté, contrefort, façade, cathédrale de Reims ; XIVe siècle, Agnolo Gaddi, fresques, Santa Croce, Florence ; XVe siècle, Piero della Francesca, fresque, chœur , Saint-François d’Arezzo ; Pinturicchio, basilique Santa Croce, Rome ; Simon Marmion, Louvre ; Vitrail de la Sainte Croix, chapelle, château de Bourbon-l’Archambault ; XVe siècle, l’épreuve des trois croix, Bréviaire du duc de Bedford, bibliothèque nationale, Paris ; vitrail, cathédrale d’Erfurt ; XVIe siècle, Girolamo Romanino, musée d’Alger ; fresques, chapelle Sainte-Croix, cathédrale d’Albi ; Barthel Beham, 1530, pinacothèque Munich ; Tapisserie de la cathédrale d’Angers. Au XIXe siècle, la sainte est peu représentée : vers 1840, M. Mercier et V. Raverat, La Madeleine, Paris.