c) Sainte Marie-Madeleine

Dans l’histoire de l’art, l’iconographie de sainte Madeleine est abondante. Isabelle Saint-Martin (p. 459) la mentionne parmi les quelques saints populaires faisant l’unanimité dans les publications d’images de dévotion du XIXe siècle. On pourrait s’attendre à une forte présence en sculpture, mais ce ne fut vraisemblablement pas le cas660, du moins à Lyon. Dans ses églises, cette ville possède un unique exemplaire de la sainte – hormis sa figuration dans les Calvaire(s) 661 , au pied de la croix, et pour le groupe de Jésus chez Marthe et Marie à l’Hôtel-Dieu (cat. 224). Il s’agit d’une statue de l’église Saint-Bernard (cat. 472). Le nombre important de chapelles – huit – dans cette église permit de développer diverses dévotions ; pour celle-ci le choix s’explique par les commanditaires ou mécènes : L’épouse du principal donateur de l’église, Frédéric Willermoz662, portait le prénom de Madeleine, il s’agit d’un hommage à la famille puisque les vitraux de cette chapelle représentent saint Frédéric et saint Ferdinand : saints patrons du donateur et de son frère663.

Sainte Madeleine est une très belle jeune femme, debout, vêtue d’une tunique et enveloppée d’une longue cape tenue par une fibule. Sa belle et longue chevelure est détachée, selon la tradition iconographique, pour rappeler que la sainte est une pécheresse repentie. Elle tient à droite une urne à parfum de forme particulière, très ronde ; ce flacon rappelle l’épisode chez Simon le pharisien (Lc 7, 36-50) où elle pleure et répand du parfum sur les pieds du Sauveur, les séchant de ses cheveux, manifestant ainsi le repentir et l’amour qui lui font trouver grâce.

Cette statue, calme, équilibrée, gracieuse – attribuable à Aubert – est bien à l’image de la statuaire lyonnaise : malgré le sujet qui pourrait être prétexte à une débauche de sentiments exaltés, elle prend le parti de la sérénité, de l’équilibre et du raffinement.

Notes
660.

J. B Barré, salon 1843, plâtre, Saint-Étienne, Rennes, et Saint-Nicolas, Nantes ; J. Bonnassieux, fronton, église de La Madeleine, Tarare (Rhône) ; A. Etex, marbre, 1866 ; V. Leharivel-Durocher, Saint-Augustin, Paris ; S. Otin, 1869, La Madelaine, Paris ; J. Perraud, plâtre, M. de Lons-le-Saunier (Jura).

661.

À l’église Saint-Denis (cat. 555), à Saint-Bernard (cat. 482), à Saint-Irénée (cat. 633), à la basilique de Fourvière (cat. 99).

662.

Il offrit un terrain pour la première chapelle provisoire en 1852 ; parrain et marraine de la première cloche ; il offrit en partie le terrain pour l’église définitive en 1856.

663.

Jean-Baptiste Martin (collab. de J. Armand-Caillat, L. Bégule, J. Beyssac, S.G Dadolle, Abbé J.-B Vanel), Histoire des églises et chapelles de Lyon , Lyon, H. Lardanchet, 1909, tome 1, p. 305.