d) Saints jésuites

Les églises de Lyon possèdent cinq représentations sculptées de saints jésuites : deux de Saint François Xavier, à l’église Saint-Paul et à Saint Polycarpe, deux Saint Louis de Gonzague, à Saint-Paul et à Saint-Polycarpe, ainsi qu’un Saint François Régis à Saint-Polycarpe.

François-Xavier (1506-1552) fut le compagnon de chambre et d’étude d’Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, qui finit par le convertir ; tous deux prononcèrent leurs vœux en 1534. La pape demandait alors des missionnaires pour l’Inde, François-Xavier répondit à l’appel. L’ardent missionnaire rêvait d’apporter la Bonne Nouvelle en Chine ; malade, il décéda à île de Sancian, sans réussir à atteindre le continent chinois.

À l’église Saint-Paul (cat. 745), le saint est debout, en costume de prêtre du XVIe siècle, il brandit un crucifix – « arme » du missionnaire – et le montre de son autre main, son visage est celui d’un homme dans la force de l’âge, un peu marqué. À l’église Saint-Polycarpe, la chapelle Saint François-Xavier fut érigée en 1861 ; le saint présente une apparence bien différente. Il porte le vêtement des jésuites et s’enveloppe dans son manteau, tout en tenant un petit crucifix de la main gauche : à sa mort, il aurait tenu contre son cœur un petit crucifix qu’Ignace de Loyola lui avait donné. Sa barbe et ses cheveux sont courts, son visage assez idéalisé, a une expression est triste et douce. Même si ces deux iconographies varient un peu, elles sont usuelles664.

Louis de Gonzague (1568-1591) fils de la haute aristocratie italienne, fut page à Florence, mais à neuf ans déjà il répondit aux fastes et à la dépravation des cours italiennes de la Renaissance par un vœu de chasteté. Il rencontra saint Charles Borromée qui le prépara à sa première communion. Envoyé à treize ans à la cour de Madrid pour parfaire son expérience princière, il revint décidé à devenir jésuite. Son père s'y opposa farouchement, mais dut se plier à la volonté inébranlable de son fils. Novice à Rome en 1885, il étudia intensément, sa vie spirituelle était alors douloureuse et tourmentée, au point d'avoir un mal de tête lancinant. Mais, à vingt-deux ans, il reçoit la révélation que sa vie sera brève. Sa vie se transforma, plus dépouillée, plus sereine, plus abandonnée à Dieu, dans la charité. Lors de la peste de Rome en 1591, Louis se dévoua auprès des malades et mourut, pestiféré à son tour, à vingt-trois ans, dans la paix.

Acolyte – rang le plus élevé parmi les clercs assistant les prêtres – lorsqu’il rendit l’âme, le jeune religieux est toujours représenté avec le surplis par-dessus la soutane noire des jésuites665. Les deux sculptures à Lyon du jeune saint sont à peu près semblables : largement vêtu dans sa soutane et son surplis, il tient sur sa gauche un grand crucifix dans un mouvement légèrement tournoyant. Celui à l’église Saint-Paul (cat. 748) à encore le visage un peu poupin d’un enfant ; alors que celui de Saint Polycarpe (cat. 799) à le physique d’un grand adolescent et le bas du crucifix repose dans la main droite.

Jean-François Régis (1597-1640), entré à quinze ans dans la Compagnie de Jésus, fut un missionnaire des campagnes : parcourant sans relâche les montagnes du Vivarais, des Cévennes et du Velay – isolées, et qui avaient été marquées par les guerres de religion – , principalement en hiver afin d’approcher les paysans libérés des travaux des champs. En décembre 1640, allant à Lalouvesc (Ardèche), il contracta une pneumonie et ne put célébrer la messe de Noël ; il mourut le 31 décembre, alors que le village était entièrement isolé par les neiges. Plus tard, lorsque les jésuites vinrent chercher le corps, les villageois refusèrent de le rendre, ainsi ce village se transforma en un lieu de pèlerinage.

Représenté dans un retable de l’église Saint-Polycarpe (cat. 785), il est debout vêtu de la soutane et de la cape des jésuites, tient sur son bras droit une Bible marquée du crucifix, qu’il désigne de la main gauche. Tout comme la statue de Saint François-Xavier, le visage du saint est très idéalisé et assez jeune666.

Notes
664.

à titre de comparaison : Pierre II le Gros, 1702, statue, marbre et bronze doré, église Saint-Apollinaire, Rome ; Guillaume II Coustou, provenant du Noviciat jésuite, église Saint-Germain-des-Prés, Paris ; Brokoff, statue, pont Charles IV, Prague ; Ignaz Günther, statue du maître-autel, église de Starnberg, 1766 ; J. Franceschi, chapelle du collège catholique, Besançon (Doubs), XIXe siècle ; A. Geoffroy-Dechaume, Saint-François-Xavier, Paris.

665.

Autres exemples : salon de 1848, La Sorbonne, Paris ; E. Montagny, salon de 1848 ; J. Chapu, 1867, pierre, chapelle des Catéchismes, Saint-Étienne-du-Mont, Paris ; Ch. Dufraine, collège de Mongré, Villefranche-sur-Saône Rhône).

666.

A titre de comparaison : J.-H. Fabisch, 1853, basilique de La Louvesc (Ardèche).