e) Saint Expédit

Commandant romain d'Arménie converti au christianisme et décapité pour cette raison par l'empereur byzantin Dioclétien en l'an 303 de l'ère chrétienne, il est présent dans les plus anciens martyrologes aux côtés de saint Caïus, martyrs en Arménie pour avoir rendu témoignage au Christ jusqu'à l'effusion de leur sang. Son nom lui valut d'être préposé à l'expédition rapide des affaires et des causes perdues ; il est surtout populaire en Allemagne et en France667.

À Lyon, une statue de ce saint, depuis longtemps et aujourd’hui encore très populaire, figure dans une chapelle de l’église Saint-Nizier (cat. 713). Il s’agit du cas le plus représentatif d’un attachement populaire profond, capable de prendre seul de l’importance, sans encouragement du clergé, et de résister au temps. La chapelle qui lui est consacré est surprenante par les ex-voto qui la couvre, les fleurs et les bougies toujours en grand nombre. Au début du XXe siècle, elle était ornée par une statue du saint, industrielle et polychrome. Selon son iconographie répandue au XIXe siècle, celui-ci était habillé en soldat romain, tenant dans sa main droite un petit crucifix – qu’il regarde – et serrant contre lui de sa gauche la palme des martyrs, il pose son pied gauche sur un corbeau, ce qui provoque un léger contrapposto.

Cette version fut retirée668 en faveur d’une petite statue d’apparence en marbre ; ce change ment pour un spécimen plus « noble » prouve la fidélité de la piété populaire. La composition est la même, mais beaucoup plus posée : Expédit se tient droit, lève bien le petit crucifix et regarde devant lui. L’absence de variation iconographique peut correspondre à trois raisons : du fait de la popularité du saint, il ne s’agit pas de perturber les dévots qui doivent pouvoir immédiatement l’identifier ; la réalité de son existence est des plus contestée, stabiliser son iconographie correspond au désir de lui donner une certaine légitimité ; de plus, cette iconographie est peut-être celle d’un modèle déposé.

Notes
667.

Autres lieux dédiés au saint : dans l'église de Saint-Geniès-de-Comolas, dans le Gard ; à l'abbaye aux dames de Caen (14) ; dans l'église Saint Roch, à Bastia ; dans l'église Saint Barnabé de Saint Nauphary ; dans l'église St Pierre d'Arène à Nice (statue ancienne) ; dans l'église Sainte-Catherine de Honfleur (Calvados) ; dans l'église de Brain-sur-Longuenée en Maine-et-Loire ; la Cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue à Longueuil ; à la Rive-Sud de Montréal, au Canada.

668.

Sans qu’il soit possible de savoir quand exactement : l’inventaire de janvier 1906 (Lyon, Archives diocésaines, Saint Nizier : I 603, inventaire des biens de la fabrique 1906) mentionne une petite statue de Saint Expédit en plâtre pour 5 francs. En 1919, Jean-Baptiste Martin mentionne une statue de Jean-Pierre-Baptiste Girard (1809-1889), statuaire cirier.