3.1.4.3. Dévolution et contrat

Brousseau (1988b, p. 89) nomme dévolution ce moyen didactique qui consiste non seulement à présenter à l’élève le jeu auquel le maître veut qu’il s’adonne (consignes, règles, but, état final…) mais aussi à faire en sorte que l’élève se sente responsable, au sens de la connaissance et non pas de la culpabilité, du résultat qu’il doit rechercher. Il a même proposé une ingénierie de dévolution qu’il exemplifie à travers l’introduction de la soustraction auprès d’élèves de CE1. Il distingue cinq étapes : la dévolution du problème ; l’anticipation de la solution ; la déclaration et sa mise à l’épreuve ; la dévolution et l’institutionnalisation d’une situation a-didactique et enfin l’anticipation de la preuve.

Brousseau pointe d’ailleurs la nécessité pour le professeur de maintenir à tout prix la relation didactique. Le professeur doit en effet satisfaire aux exigences de son contrat d’enseignement tout en gérant le paradoxe inhérent à toute situation d’enseignement, à savoir que si le maître dit ce qu’il veut, il ne peut plus l’obtenir (Brousseau, 1986a, p.316). Quant à l’élève, il doit accepter de s’engager dans le problème posé alors même qu’il ne dispose pas de la connaissance nécessaire à sa résolution, celle-ci étant précisément l’enjeu de la situation didactique fixée par l’enseignant (Sarrazy, 1995).

Notons cependant que l’usage du substantif contrat est source d’ambiguïté, si on s’en réfère au sens usuel de convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose (Code Civil, Art. 1101).

Par extension, le terme de contrat s’applique à l’acte qui enregistre cette convention (Robert, 1984, T. 1/7, p. 933).

Cependant, du point de vue étymologique, le nom contractus à l’origine de contrat résulte de la construction du participe passé de contrahere et de trahere qui signifie littéralement tirer ensembled’où faire venir à soi (une maladie, un mariage, des dettes) et aussi réduire, serrer et avoir des liens serrés avec quelqu’un (Rey, 1995, p. 187).

En ce qui concerne le contrat didactique, l’emploi du terme contrat peut être certes jugé ambigu dans le cas du contrat didactique. Cependant, on retrouve bien cette idée d’attirance mutuelle, telle qu’on peut la percevoir dans ces propos : Le savoir ainsi transposé focalise les relations entre les élèves et l’enseignant au travers d’un autre processus, celui de la recherche d’un contrat (Brun, in Conne, 1992).