Pour Glaeser, l’enseignement mathématique revêt une finalité culturelle, permettant à chaque élève de se forger un esprit critique, une imagination créative, une rigueur de pensée, d’acquérir puis d’entretenir une autonomie et une curiosité intellectuelles. Il vise ainsi principalement la formation de concepts et l’acquisition de connaissances. Brousseau partage d’ailleurs ce point de vue.
Ainsi, tandis que Brousseau centre sa théorie sur les situations et les stratégies de l’enseignant dans la conduite de la classe, Glaeser préfère ne pas restreindre sa réflexion aux situations scolaires. Il importe pour lui d’accorder une place plus grande aux objectifs éducatifs et de prendre en compte les apprentissages autour de l’école. Il illustre son point de vue par son vécu personnel et ses premières découvertes des notions de trigonométrie dès l’âge de 8-9 ans lors de la lecture du roman de Jules Verne Aventures de 3 russes et de 3 anglais 59 dans lequel les héros devaient mesurer un arc de méridien terrestre lors d’une expédition scientifique en Afrique australe. La lecture de la bande dessinée L’idée fixe du savant Cosinus 60 lui permet peu de temps après de s’imprégner de quelques expressions empruntées à la trigonométrie. Ce n’est que vers 14-16 ans que Glaeser reçoit officiellement une initiation à cette science. Ainsi, d’après lui, il est difficile, voire illusoire de dissocier les savoirs scolaires et les savoirs acquis en dehors de l’école. Sur ce point, il dit rejoindre Piaget pour lequel l’apprentissage s’effectue tout au long de la vie et pas nécessairement dans un contexte scolaire.
Ainsi Glaeser préfère-t-il parler d’éducation mathématique avec pour objectif premier de donner le goût mathématique.
Aventures de 3 russes et de 3 anglais : Verne, J. (1872) dans la collection Les voyages extraordinaires, Hetzel.
L’idée fixe du savant Cosinus : Christophe (1899) – bande dessinée parue à la librairie Armand Colin, Paris.