4.2.3.3. La conceptualisation du réel

Vergnaud place la conceptualisation du réel au cœur de l’activité de résolution de problème. Selon lui, conceptualiser revient à identifier les objets du monde, leurs propriétés et leurs relations, voire leurs transformations, que ces objets et leurs propriétés soient directement accessibles à la perception, ou qu’ils résultent d’une construction. Il nomme théorie des champs conceptuels sa propre théorie psychologique de la conceptualisation du réel, qu’il définit comme une théorie cognitiviste ayant pour but de fournir un cadre en vue d’étudier le développement et l’apprentissage des compétences complexes, notamment dans les domaines scientifiques et techniques (Vergnaud, 1990). Ses travaux portent principalement sur l’apprentissage et l’enseignement 83 des concepts.

Du point de vue de l’apprentissage, Vergnaud définit un concept comme un triplet de trois ensembles :

un ensemble ouvert de situations qui donnent du sens au concept et qu’il désigne par référence situationnelle.

un ensemble d’invariants opératoires qui structurent les schèmes associés à ces situations. C’est cet ensemble qu’il nomme signifié.

un ensemble de formes langagières et non langagières qui permettent de représenter symboliquement le concept, ses propriétés, les situations et les procédures de traitement, et qu’il nomme signifiant. Parmi les représentations symboliques explicites, langagières et non langagières on peut citer le langage naturel, les graphiques, les tableaux, les schémas, l’algèbre…

Mais, s’agissant du dernier ensemble, Vergnaud précise bien que la conceptualisation n’est pas le symbolisme, même si le symbolisme apporte beaucoup à la conceptualisation, du fait qu’il permet de mettre des mots et des signes, c’est-à-dire de communiquer sur les objets, leurs propriétés et leurs relations.

La répétition du terme ensemble traduit bien l’importance de la diversité et du nombre de situations ou de formes langagières que le sujet doit rencontrer afin que se forme un concept.

Étant donné que ce sont les formes d’organisation de l’activité qui s’adaptent tout au long de la vie à des situations, il reviendra donc (i) aux enseignants de choisir des situations, (ii) aux élèves d’élaborer un ou plusieurs schèmes adaptés à la situation donnée.

Notes
83.

Le volet chez Vergnaud est traité en partie 1 – 4.1.2.3.4. Le rôle de l’enseignant.