Les activités langagières

Un style communicatif peut aussi s’exprimer par des activités discursives « routinisées » (Selting, 2001). Des pratiques langagières telles que insulter ou taquiner peuvent être jugées typiques d’un groupe de jeunes et importantes pour la construction de l’identité.35 Suivant l’approche de l’analyse conversationnelle basée sur un travail de terrain ethnographique, Lytra (2003) étudie par exemple l’importance de l’emploi des surnoms (nicknames) dans le but de taquiner. Cette activité langagière est, selon l’auteur, un moyen efficace d’exhiber, de négocier et de défendre l’identité dans le discours (2003 : 49). Cette approche méthodologique qui permet de décrire les ressources linguistiques et culturelles utilisées par les interactants sera considérée et appliquée lors de l’analyse de l’expression de l’identité du groupe de scouts.36

Comme l’objectif de mon travail va au-delà de la description de l’identité, les activités langagières seront analysées également sous un autre aspect. Toujours dans le contexte du style communicatif et donc dans le contexte de l’analyse des conversations, je décrirai des routines discursives dépendantes du type d’interaction. Pour cette partie de mon analyse, je m’appuierai sur des travaux en analyse du discours qui discutent la notion de genre dans le but de décrire ensuite les activités langagières qui en résultent. Selon les règles de cohérence en linguistique textuelle (Adam, 2005), on peut considérer que « des éléments grammaticaux renvoient à un aspect communicatif dont l’importance ne se limite pas à la phrase, mais franchit les frontières de celle-ci » (Radtke, 1994)37. Ainsi faut-il s’attendre à des structures langagières répétitives chargées de sens communicatif. Leur description tiendra compte des travaux pertinents sur le français parlé, notamment ceux qui ont été effectués par le Groupe Aixois de Recherches en Syntaxe (GARS).38

L’objectif de la description des activités langagières est de montrer l’interdépendance entre le cadre déterminé et les interactions verbales, autrement dit entre les critères externes et les critères internes. Comme il faudra s’attendre à ce que la réunion scoute provoque et exige des activités langagières particulières, il s’agira de les identifier et les interpréter.

Notes
35.

Voir par exemple Straehle (1993), Schieffelin & Ochs (1986), Schieffelin (1986).

36.

Voir chapitre 4.

37.

C’est moi qui traduis: «  Grammatische Elemente verweisen auf einen kommunikativen Aspekt, der neben der satzinternen Relevanz auch transphrastisch ausgreift » (1994: 10).

38.

Pour un aperçu des travaux effectués je renvois à Ambrose (1996) et Blanche-Benveniste & Jeanjean (1987).