La transcription des données

Comme je l’ai déjà indiqué, la transcription des interactions verbales pendant les réunions constitue en soi un défi assez important. La plus grande difficulté tenait au fait que je ne connaissais pas le monde scout et que j’avais donc un peu de mal, au début, à suivre les activités et les conversations des garçons, à bien comprendre leurs échanges et toutes leurs allusions. Ainsi, l’enregistrement de la première réunion a été très difficile à comprendre. Pendant plusieurs mois, je ne l’ai pas transcrit, car je ne me sentais pas capable de déchiffrer leurs énoncés. Pour la deuxième réunion, je me suis acheté un microphone afin d’améliorer la qualité de l’enregistrement. Au fur et à mesure, j’ai découvert de quoi les garçons parlaient, j’ai fait connaissance des personnes auxquelles ils faisaient allusion et appris à connaître leurs activités au cours des week-ends et des camps, qui sont leurs sujets de discussion principaux. J’ai fait l’expérience d’un fait bien connu qui veut que la compréhension d’une conversation (en langue étrangère) dépende d’abord de la connaissance des sujets de conversation. Ainsi, j’avais l’impression, lors de la rentrée de la deuxième année, de mieux suivre la discussion que les nouveaux arrivants.

Plus on s’habitue aux participants, à leur voix, au déroulement des soirées, plus les transcriptions deviennent faciles. Elles auraient été impossibles si je n’avais pas participé à chaque réunion, car un enregistrement audio de cette qualité ne suffit pas à reconstruire les interactions. A l’exception de la première réunion, j’ai essayé de terminer les transcriptions le plus rapidement possible après la réunion de sorte que, souvent, je me souvenais encore des gestes et même des paroles qui avaient été prononcées, parfois même de celles qui n’étaient pas audibles sur la cassette.

Comme la transcription doit s’adapter tout d’abord à l’objet de l’analyse (Traverso, 1999 : 23), l’accent a été mis sur la transcription des paroles afin de pouvoir suivre le fil de la conversation. Ont également été pris en compte l’intonation, les tours de paroles et les particularités de prononciation.

En ce qui concerne l’identification des garçons, je les nomme par des prénoms qui ne sont évidemment pas leurs prénoms véritables. Une alternative possible aurait été de les différencier par des numéros, ce qui me paraît pourtant être une façon trop anonyme, qui en plus rendrait la lecture difficile. Etant donné le système hiérarchique112, il aurait été également imaginable d’indiquer le statut des scouts dans le groupe, comme par exemple le chef de patrouille, le Second etc. Cette méthode n’est en réalité pas praticable pour deux raisons : premièrement, les statuts changent. Si, par exemple, Maxime était Second pendant la première année, l’année suivante, il était chef de patrouille. Deuxièmement, seuls les rangs du CP et du SP sont des positions bien définies et apparaissent dans les échanges. Bien qu’il y ait officiellement un ordre qui est fonction de l’âge et de la progression, (il y a en effet des scouts de première et de seconde classes et ceux qui font leur aspirance), ces rangs ne jouent qu’un très faible rôle dans la pratique et ne suffisent pas pour distinguer les différents membres. Appeler les scouts par des prénoms permet en outre d’éviter le risque d’anticiper une interprétation du comportement lié au rang dont on attend plutôt qu’il joue un rôle pertinent au cours de l’interaction (Gülich & Mondada, 2001 : 239).

Le corpus dans sa totalité se trouve en annexe. Les passages cités dans mon travail sont marqués en gras. Par ailleurs, pour chaque extrait cité, j’ai indiqué la date de la réunion et précisé la numérotation des lignes afin que le lecteur puisse retrouver l’extrait dans le corpus.

En ce qui concerne maintenant les conventions de transcription, j’ai adapté celles présentées dans Traverso (1999 : 25-26) et je les ai légèrement modifiées afin d’assurer une lecture facile des données :

Notes
112.

Voir chapitre 2, La structure.