Chapitre 4. L’identité de groupe

Le style communicatif d’un groupe traduit les caractéristiques sociales de celui-ci (Sandig, 1995 : 28). Comme je l’ai montré dans le chapitre 2, c’est grâce au style communicatif qu’un groupe exprime son identité.113 Le but de ce chapitre consiste précisément à éclaircir les stratégies langagières grâce auxquelles émerge l’identité scoute au sein de la patrouille.

L’analyse sera guidée par les questions suivantes : comment les scouts se définissent-ils en tant que scouts ? Qu’est-ce qui les différencie des autres jeunes ? De quelle manière se positionnent-ils par rapport à d’autres groupes sociaux ? Par quels moyens arrivent-ils à éveiller une cohésion de groupe ? Dans quel sens un groupe de scouts interagit-il et communique-t-il différemment que d’autres groupes de jeunes ? Autrement dit, comment se construit-il en tant que groupe social ?

Afin de répondre à ces questions, je commencerai par une analyse sémantique du mot scout. Celle-ci cherchera à décrire la signification que les scouts attribuent à ce terme, pris comme adjectif et comme substantif. Ensuite, l’accent sera mis sur la question de la cohésion du groupe. Je montrerai comment la mise en valeur de leur vie commune et une pression de groupe assurent une solidarité entre les membres. Puis, en élargissant la perspective, j’étudierai le positionnement des scouts par rapport à d’autres groupes sociaux. D’un côté, je montrerai comment les scouts croient être perçus par d’autres personnes, et d’un autre côté, comment eux-mêmes perçoivent d’autres groupes sociaux. Pour finir, il sera question de l’influence du contexte social sur les interactions. Afin de décrire les particularités des interactions chez les scouts, j’examinerai le rôle de deux fondements essentiels du scoutisme : la religion et la hiérarchie. Dans cette perspective, je montrerai la relation étroite entre les principes du mouvement scout et les interactions au cours des réunions de patrouille.

Notes
113.

Voir chapitre 1, L’identité de groupe.