Ouvrir et clore une réunion

Les activités discursives qui consistent à ouvrir et à clore la discussion constituent a priori des pratiques discursives générales quasi indispensables pour chaque type d’interaction (Sacks et al., 1973 ; Gülich & Mondada, 2001). Tout événement communicatif commence par une ouverture et se termine par une clôture quelle que soit sa forme.

Les actes rituels d’ouverture et de clôture ont été décrits par Traverso (1996) pour les conversations familières. Parmi ces rituels, elle décrit notamment les salutations qui, lors de l’ouverture par exemple, sont « l’occasion de reprendre contact et de faire le point » (1996 : 88). De façon générale, elle interprète ces séquences non pas comme des « parenthèses », mais comme le moyen de lancer la conversation. Ses observations sont d’autant plus intéressantes qu’elles soulignent le lien entre le type d’interaction et les actes rituels réalisés lors de l’ouverture et de la clôture.

Dans son étude sur les Arbeitsbesprechungen, Meier confirme la présence d’une ouverture et d’une clôture qui se déroulent d’une manière particulière selon les besoins (2002 : 269/270). L’ouverture se caractérise par des salutations réciproques et la présentation des sujets à aborder ; la clôture, par la formulation des résultats obtenus et des résolutions adoptées.

Ce schéma n’est pas aussi évident pour les réunions scoutes. Souvent, il n’y a pas de début et de fin officiels ou explicites. Les enregistrements commençaient en général dès mon arrivée, et le passage du bavardage au début officiel de la réunion est en fait souvent difficile à saisir. Comme la réunion scoute se caractérise par une alternance de sujets de travail et de sujets de conversation148, il est de toute façon difficile de déterminer un début officiel. En conséquence, j’étudierai ici de façon plus générale les schémas répétitifs qui marquent le début et la fin des soirées. Ce qui frappe surtout, c’est que ce début et cette fin dépendent de l’initiative du CP. Cette observation correspond à celle de Meier qui constate également un lien entre certains participants et la structuration des réunions :

‘(…) dans les réunions analysées ici, d’un caractère plutôt informel, les possibilités de participation de chaque interlocuteur se trouvent restreintes. L’ouverture officielle et la clôture d’une réunion, la production des césures, la conclusion ou l’introduction d’un sujet, l’effort pour attirer l’attention sur une discussion et, finalement, la formulation d’un résultat ne sont pas réalisés par tous les participants. 149 (Meier, 2002 : 272)’

Dans le cas des réunions scoutes, l’inégalité des rôles correspond à la hiérarchie imposée par le cadre scout.150 Ainsi, le cadre extérieur influe directement sur l’activité discursive.

Notes
148.

Voir chapitre 2, Répartition des sujets.

149.

C’est moi qui traduis: « Auch in den hier untersuchten Arbeitsbesprechungen mit ihrem eher informellen Charakter finden sich Beschränkungen hinsichtlich der Beteiligungsmöglichkeiten der einzelnen TeilnehmerInnen. Das offizielle Eröffnen und Beendigen einer Besprechung, das Erzeugen von Zäsuren, das Abschließen von laufenden und das Ankündigen von nächsten Themen, das Bemühen um Refokussierung einer Diskussion sowie schließlich auch das Formulieren eines Ergebnisses werden nicht von allen Beteiligten realisiert. »

150.

Voir chapitre 2, La structure.