Le métalangage

On observe en général que ce sont les plus jeunes membres du groupe qui ont le plus de difficultés à s’imposer au cours de la conversation. Comme nous venons de le voir, ils possèdent pourtant des moyens langagiers pour se faire comprendre et entendre. Une autre façon consiste à passer à un métalangage qui appelle explicitement l’attention de ses interlocuteurs. Dans l’exemple suivant, par exemple, Benjamin réclame le droit de parler en tant que cuistot, c’est-à-dire en faisant valoir le poste qu’il occupe et qui lui donne le droit de parler dans ce contexte où il s’agit de distribuer la pizza :

Extrait n°1 (27-2-2004 : l. 1075) :

1 B : le cuistot parle là s’il vous plaît je veux qu’on écoute le cuistot qui veut une part/

Benjamin prend alors la parole dans son rôle de cuistot, ce qu’il répète à deux reprises, pour que les autres l’écoutent. Il leur demande d’une manière aussi polie que directe qu’on lui prête l’oreille, en se servant d’une syntaxe à la fois très simple et très expressive. Son énoncé consiste en trois unités indépendantes, sans connecteurs, mais portées par un développement de progression : présentation du fait qu’il parle, prière d’être écouté, puis question. Ce qui frappe, c’est la longue introduction métadiscursive due au chevauchement : la réclamation de son droit de parole en tant que cuistot et la requête d’être écouté.

Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, le style communicatif des scouts se caractérise par la grande rapidité avec laquelle les échanges se succèdent. Afin d’être remarqué, l’énoncé ne doit pas être trop long, mais il doit surtout être bien perceptible. Attirer l’attention est alors une activité discursive essentielle qui permet aux scouts de s’imposer lors de leurs réunions. Face au nombre de participants et face à la hiérarchie sociale du groupe, cette activité tient un rôle important, caractéristique des réunions scoutes.