Faire une proposition

Comme je l’ai expliqué plus haut164, bien qu’on parle souvent de « proposer un topic », l’activité discursive dont il est question ici ne correspond pas à celle qui consiste à introduire un nouveau sujet. Faire une proposition se caractérise moins par l’évocation d’un nouveau contenu thématique qu’il ne résulte d’une activité interactionnelle, comme par exemple organiser les prochaines activités, faire le plan des installations ou chercher des idées pour la veillée. Pour cette raison, il est indispensable de considérer le contexte dans lequel l’activité discursive s’inscrit.

En général, faire une proposition représente une activité discursive typique d’une réunion. Meier lui consacre un chapitre dans lequel il décrit la formulation et la modification des propositions (2002 : 163-200). Il observe de façon générale trois types de formulation dont chacun dépend d’un besoin interactionnel différent. Il est tout d’abord possible d’introduire la proposition par une question. Selon Meier, la question permet d’augmenter l’interaction, car elle empêche que les interlocuteurs rejettent tout simplement la proposition par leur silence. Ensuite, une proposition peut prendre la forme d’une constatation, c’est-à-dire d’une assertion. Après avoir énoncé une proposition assertive, le locuteur attend que les interlocuteurs déclarent leur accord et, au cas où ils s’abstiennent, il peut éventuellement ajouter d’autres éléments. Enfin, une proposition peut être formulée en tant que telle, c’est-à-dire par un acte illocutoire. En insistant sur le caractère de proposition, on évite que l’énoncé soit mal interprété.

Le contexte y joue également un rôle prépondérant. Plusieurs activités interactionnelles ayant lieu pendant les réunions scoutes exigent des propositions. Cette interdépendance influe sur les énoncés. Si les données contiennent en effet les trois types de formulation dont parle Meier, l’analyse montrera que seul le contexte permet l’interprétation de l’activité discursive.

De surcroît, nous retrouverons une forte expressivité, caractéristique du style communicatif des scouts. Quel que soit le type de formulation (énoncé performatif, paraphrase ou forme interrogative) les scouts recourent à divers moyens langagiers expressifs afin d’insister sur leur activité discursive.

Notes
164.

Voir ce chapitre 5, Introduire un sujet.