L’énoncé performatif

L’activité consistant à faire une proposition peut être exprimée par un acte de langage illocutoire, c’est-à-dire que le locuteur propose directement son idée. La manière la plus évidente est de recourir à un métalangage employant le verbe proposer :

Extrait n°1 (11-10-2003 : l. 1803-1804) :

1 An : moi je propose moi je propose Maxime je pense que tu seras d’accord avec moi une impériale
2 M : non non non non je suis pas d’accord avec toi

Ici l’activité discursive s’appuie sur l’énoncé performatif (1). Mais comme il s’agit d’une situation réelle d’interactions verbales et comme les échanges des scouts sont très animés, il n’est guère surprenant que l’acte illocutoire seul ne suffise pas. Par conséquent, Anatole fait usage d’autres moyens langagiers : il répète deux fois qu’il veut faire une proposition, appelle Maxime par son prénom, suppose que celui-ci sera d’accord avec lui et met l’accent sur le fait qu’il s’agit de sa propre idée en répétant deux fois le pronom personnel tonique moi. Ainsi il ne crée pas seulement un moment de suspense, il attire surtout encore plus l’attention des autres, et tout d’abord celle de Maxime à qui il demande d’accepter a priori sa proposition. Le thème de la proposition « une impériale » est essentiel, mais n’occupe que très peu de place tout à la fin de l’énoncé. Il paraît plus important de signaler qu’il s’agit d’une proposition et de s’assurer qu’elle soit entendue et prise en compte par les autres. Même si la réaction de Maxime (2) est négative et conduit à rejeter l’idée proposée, elle montre que l’énoncé d’Anatole a été compris et interprété comme une proposition.