L’analyse quantitative des types d’énoncés

L’analyse commencera par une comparaison quantitative de quelques types d’énoncés qui me paraissent essentiels pour l’intégration de Grégory. Il s’agit des réponses, des questions, des remarques non provoquées et des propositions que je définis dans ce contexte de la façon suivante :

Réponse une réaction directe à une question posée
Question une demande explicite adressée aux autres
Remarque non provoquée un énoncé quelconque, intégré dans le contexte sans qu’il ait été suscité par un autre interlocuteur
Proposition un énoncé contenant une nouvelle idée

Malgré le caractère simpliste de ces catégories, il me paraît ici justifié et utile de m’appuyer sur elles dans la mesure où elles servent un objectif précis : donner une première description schématique du comportement interactionnel, lequel sera analysé en détail par la suite.

Lors de la première réunion, nous comptons un total de 155 énoncés pour Grégory, ce qui fait une moyenne de 1,4 énoncé par minute. Ses énoncés se répartissent en 71 réponses, 55 questions, 29 remarques non provoquées, dont une proposition. Quand Grégory participe à sa deuxième réunion, le taux de ses énoncés baisse et n’atteint qu’une moyenne de 0,8 énoncé par minute, la proportion des types d’énoncés restant presque identique : 35 réponses, 20 questions, 11 remarques non provoquées. Concernant sa participation à la troisième réunion, nous constatons un changement important. Même si la fréquence de ses interventions, 1,175 énoncé par minute, est inférieure à la première réunion, la nature des types d’énoncés a complètement changé : nous comptons seulement 23 réponses et 30 questions, mais 133 remarques non provoquées, dont 46 propositions.

Bien que cette analyse quantitative reste schématique, elle permet de faire quelques observations qui nous serviront d’indices pour l’analyse qualitative :

  • au cours de la première année de participation, le comportement interactionnel de Grégory change ;
  • la grande quantité de réponses qu’il donne pendant les deux premières réunions pourrait indiquer l’intérêt que montrent les autres garçons à faire la connaissance de Grégory et leur effort pour le faire participer à l’interaction et pour l’intégrer dans le groupe ;
  • le nombre de questions que Grégory pose surtout au cours de la première réunion pourrait signaler sa curiosité ou le fait qu’il ne comprend pas de quoi les autres parlent. Il faudra examiner le contexte de ses questions pour savoir à quoi il s’intéresse et quels contextes lui sont étrangers ;
  • le changement de nature de sa participation est plus net entre la deuxième et la troisième réunion qu’entre la première et la deuxième ; il faudra se demander quelles sont les raisons de ce changement tardif et si la statistique quantitative ne cache pas une évolution qui a déjà eu lieu entre les deux premières réunions ;
  • le grand nombre de remarques lors de la troisième réunion laisse penser que Grégory comprend de quoi les autres parlent, qu’il se sent à l’aise dans le groupe et qu’il participe d’une manière active aux interactions ; sa participation pourrait indiquer une intégration réussie ;
  • outre une grande quantité de remarques non provoquées, Grégory fait beaucoup de propositions (au total presque autant que de réponses et questions prises dans leur ensemble). Cette activité est d’autant plus intéressante qu’il est indispensable de connaître le déroulement des activités et les intérêts des autres membres du groupe avant de pouvoir faire des propositions.