L’analyse des données

Nous analyserons le comportement de Grégory et le processus de son intégration en suivant l’ordre des trois premières réunions auxquelles il assiste lors de sa première année de participation. La première réunion qui a lieu en novembre 2002 est aussi la première fois que Grégory rencontre la patrouille. Les scouts se retrouvent chez Maxime qui est à la fois hôte et Second de patrouille. Alexandre occupe le poste de CP, mais dans l’extrait suivant qui restitue les premières minutes juste après l’arrivée des garçons, il n’est pas encore présent.

Première réunion, 8-11-2002 :

Extrait n°1 (l. 1-59) :

1 M : voilà et puis et puis euh autrement pour X de pat faut avoir euh (.)j’sais pas si t’es au courant j’sais pas on t’a il t’a rien dit d’autre quoi donc Manuel 186
2 G : no:n
3 M : oui il t’a juste dit oui tu peux oui tu peux venir quoi
4 G : il m’a dit euh oui tu peux tu peux venir (.) et euh enfin après t’as qu’à voir si tu veux
5 M : oui
6 G : ou si tu veux pas
7 An: oui t’es pas encore X dans la pat (…)
8 M : oui donc le thème de l’année en fait (.) c’est treize (.) je sais pas s’ils t’ont déjà donné/ mm (.) bah les dernières fois on a déjà fait une veillée au week-end (.) sur treize
9 G : et treize c’est une c’est histoire de quoi/
10 M : c’est euh tu connais Largo Winch/
11 G : oui
12 M : oui c’est c’est ça dans le même genre en fait (.) sauf que treize c’est euh c’est un gars qui em (.) j’sais pas
13 X : c’est un gars il a perdu la mémoire et en fait il recherche ses origines et tout ça quoi (.) c’est un gars qui a tué le président
14 G : mh
15 M : il change le personnage
16 X : oui dans chaque BD il change de nom en tout cas il retrouve (…)
17 An: et vraiment il a XXX
18 M : euh on a trois veillées à faire (.) déjà on en a fait une (.) donc euh plutôt autant de de X quoi mais euh donc les chefs ils ont dit que (.) on est pas obligé de faire un (p.3s) bah sur la BD quoi (.) tu peux faire avec un thème euh j’sais pas trei- j’sais pas quoi bah un thème qui n’est pas pas forcément autour de treize de la BD treize donc qui a rapport avec le chiffre treize quoi
19 G : mh
20 M : tu peux faire ce que tu veux quoi (.) voilà donc y aura une au camp de Pâques (.) une au camp d’été (.) ou avant l’été en tout il y a trois veillées (.) à faire aussi/ ce sera votre premier XX à faire donc euhm (.) au bout quand on aura passé le camp de Pâques il y aura eu déjà pas mal de choses qu’ont été dit dans les veillées quoi (.) donc euh ce sera déjà ce sera ce sera le thème sera déjà rétréci quoi déjà il faut pas à chaque fois les mêmes veillées
21 An: (…) la chance parce que (…)
22 M : oui mais bon il a promis c’est fait quoi c’est fait comme ça (…)
23 S 187 : MAXIME
24 M : quoi/
25 S : y a Philippe
26 M : Philippe\
27 S : qui veut te parler je te le laisse
28 M : désolé c’est un copain
29   [p.6s]
30 G : et sinon c’est quoi les les grades enfin les les trucs
31 Ar: l’aspirance et
32 An: première seconde classe et donc
33 G : il y a quoi/
34 An: aspirance
35 G : dans la pat enfin il y a
36 X : bah Alexandre il est le CP
37 G : oui voilà
38 X : e:t Maxime il est second et puis après moi je suis troisième (énumère les autres…)(.)
39 G : t’es dernier toi/
40 Ar: oui
41 G : Anatole tu fais seconde/
42 An: oui je vais essayer
43 G : et toi/
44 X : oui je suis pas sûr
45 G : Alexandre il est combientième/
46 X : Alexandre il est CP
47 An: je suis dégoûté (…) de pomper quoi
48 G : de quoi/
49 X : je t’explique moi Maxime et Alexandre on va vous faire pomper mais vous vous avez pas le droit de nous faire pomper donc
50 An: putain t’es chiant
51 X : (…)
52 An: oui c’est nickel
53 G : nous faire pomper/
54 X : pomper oui (.) si je te dis vingt pompes bah tu dois le faire
55 An: moi je sais pas les faire alors du coup
56 X : tu sais faire les pompes/
57 G : oui (.) bah je peux en faire là
58 X : c’est nickel
59   [rires]

Cet extrait montre le tout premier contact de Grégory avec les autres membres de la patrouille. Il est d’abord intéressant de noter que les « anciens » ne lui posent aucune question personnelle. La seule chose que Maxime lui demande, c’est s’il est « au courant » (1) sans préciser de quoi il s’agit. Maxime s’attend à ce que les chefs de troupe aient familiarisé Grégory avec la troupe. Cela n’a pas été le cas (2). Selon les chefs, l’adhésion ne semble guère présenter de difficultés : il suffit de venir à la réunion de patrouille, de regarder et de décider ensuite si l’on veut rester (4, 6).

La remarque d’Anatole (7) donne également l’impression que l’adhésion se passe plutôt de façon tacite. Anatole ne semblait pas être au courant qu’il y avait un nouveau membre, et en remarquant que Grégory ne fait pas encore partie de la patrouille, il exprime moins la volonté de l’exclure du groupe que d’en savoir un peu plus sur sa situation. Etant donné que les chefs n’ont pas initié Grégory à la vie de troupe, Maxime se sent obligé de la lui présenter (8). Il est intéressant de voir qu’il commence par lui exposer le thème de l’année au lieu de lui expliquer le fonctionnement de base de la troupe et de la patrouille. Il utilise tout naturellement le vocabulaire scout (veillée, 8) et lui parle des activités en cours. Grégory de son côté ne pose pas de questions générales, mais réagit à l’information que Maxime lui donne sur le thème de l’année (9). Comme Maxime doit admettre qu’il ne s’y connaît pas non plus, c’est Xochiel qui lui vient en aide en résumant l’histoire de la BD. Anatole a beau insister sur l’histoire du héros de la BD (17), Maxime n’y prête pas attention et préfère continuer de parler des activités de la troupe (18, 20). Même s’il adresse la parole à Grégory en utilisant le pronom personnel de la deuxième personne du singulier (tu peux) et si Grégory lui signale qu’il écoute (mh), le contenu de son énoncé n’a pas pour but de donner à celui-ci une introduction à la vie de patrouille en général, mais s’adresse plutôt à toute la patrouille. Maxime se concentre sur les affaires de la patrouille et communique aux autres ce que les chefs lui ont appris (18). Donc le fait que Grégory « [n’est pas] au courant » signifie pour Maxime qu’il n’est pas au courant des affaires « actuelles » de la patrouille. Il ne ressent pas le besoin de lui expliquer le fonctionnement du scoutisme.

Néanmoins, après que Maxime a été appelé au téléphone (23) et qu’une pause de quelques secondes a interrompu l’échange (29), c’est Grégory lui-même qui prend l’initiative et relance la conversation en posant une question plus générale sur le système de la troupe (30). En fin de compte, il semble qu’il ait besoin d’une explication plus fondamentale, ce qui est confirmé par plusieurs indices :

Etant donné que Grégory formule sa question d’une manière très floue, les autres ne comprennent pas tout de suite ce qu’il veut savoir et lui expliquent les étapes de progression d’un éclaireur (32, 34). La réaction de Grégory (33) montre encore à quel point il ne s’y connaît pas. Mais au lieu de prêter attention à ce qu’évoquent les autres, il réitère sa question afin de savoir quels grades il y a dans la patrouille (35). Même s’il manque encore de connaissance sur le fonctionnement de la troupe, il s’assimile déjà au groupe en reprenant le terme commun, « pat », employé par les autres auparavant (1, 7). Xochiel commence à lui énumérer les rangs, et Grégory signale que c’est bien cela qu’il voulait savoir (37). Comme s’il voulait se faire un copain qui a un rang aussi bas que lui, Grégory s’adresse d’abord à Armine ; puis, il demande à chacun son rang respectif dans l’ordre opposé de la hiérarchie. Ce qui est frappant, c’est qu’il demande d’abord les rangs et qu’il fait ainsi la connaissance des autres en précisant leur rang. Son premier intérêt et son idée principale de la patrouille concernent visiblement la hiérarchie.

Les autres répondent à toutes ses questions, mais sans faire d’effort pour lui donner plus de détails que demandés ou lui expliquer clairement le système. Ils semblent surtout préoccupés par leurs propres affaires (47), et Grégory est obligé de leur demander de préciser afin de comprendre de quoi ils parlent (48, 53). Pourtant, bien que les réponses de Xochiel (54) ne donnent pas d’explication claire du règlement des « pompes », mais fonctionnent plutôt comme des piques censées provoquer Anatole (de rang inférieur à Xochiel), l’échange élucide implicitement le fonctionnement de la patrouille et, ce qui n’est pas moins important, Grégory est tout de suite intégré dans cet échange.

Evidemment, sa réaction n’est pas encore adéquate, c’est-à-dire adaptée à l’interaction de la patrouille. Au lieu de s’opposer, il est volontaire pour faire des pompes (57). Mais la réponse de Xochiel (58) sur le ton de la plaisanterie et le rire qui suit apprennent à Grégory que la hiérarchie existe, qu’elle a des conséquences (le droit d’imposer des pompes), mais qu’en même temps, elle n’est pas toujours prise au sérieux.

Ainsi nous constatons qu’il n’y a pas, lors du premier contact, de présentation ou d’introduction officielle, pas non plus de questions personnelles. L’intégration se fait d’une manière naturelle et implicite. Même si Maxime ressent le besoin de donner des explications, il suppose que Grégory connaît le fonctionnement de base et il se contente de lui présenter les affaires courantes de la patrouille. On pourrait faire l’hypothèse que Maxime sait que Grégory a déjà été louveteau avant d’adhérer à la troupe, ce qui fait que le monde scout ne lui est pas inconnu. Néanmoins, les questions que Grégory pose en l’absence de Maxime montrent que, premièrement, celui-ci a mal estimé les connaissances de Grégory – qui a effectivement besoin d’explications générales –, et que, deuxièmement, Grégory n’ose pas poser ses questions en présence de Maxime. Le comportement du nouvel arrivant est donc influencé par le système hiérarchique qu’il semble connaître en théorie, mais non dans ses applications pratiques. La hiérarchie constitue par conséquent un élément méconnu que Grégory cherche à comprendre ; ses questions soulignent le respect et l’intérêt qu’il lui témoigne. La plaisanterie entre Xochiel et Anatole sur les pompes relativise pourtant l’idée d’une hiérarchie trop sévère, ce qui facilitera par la suite l’intégration du nouvel arrivant.

Le résultat le plus important après l’analyse de ce premier contact me paraît être que l’adhésion se produit davantage en interagissant qu’en recevant des explications théoriques.

Cette interprétation trouve une confirmation dans la réaction des scouts lorsque Grégory pose une nouvelle question concernant « les rôles dans la patrouille ». Cette expression, qu’il a entendue plus tôt ce soir-là, désigne dans ce contexte ce que les scouts appellent d’habitude les postes d’action.

Extrait n°2 (l. 1041-1048) :

1   [p.7s]
2 G : c’est quoi les rôles dans la patrouille/
3 Al: ah oui oui
4 M : des rôles/ XX/
5 X : XX
6 M : oui
7 An : moi je
8 X : bah moi j’aimerais bien faire cuistot
9 M : oui moi aussi moi j’aime bien

Pour commencer, je tiens à attirer l’attention sur le fait que Grégory prend la parole au bout d’une pause relativement longue et non au milieu d’une discussion animée où il aurait été bien plus difficile de se faire entendre. La question qu’il pose alors (2) déclenche une discussion sur les rôles, c’est-à-dire les postes d’action. Mais au lieu de répondre à Grégory et de lui expliquer les différents rôles, les autres scouts pensent au rôle que chacun d’entre eux aimerait bien avoir. Ainsi le sens de l’énoncé est respecté, mais non l’intérêt de l’énonciateur qui consiste à apprendre ce que sont les « rôles » ; Grégory doit en découvrir la signification en écoutant la discussion des autres.

Pourtant, le nouvel arrivant est loin d’être ignoré par les autres garçons. Les données de cette première réunion montrent comment chacun l’accueille à sa façon. Comme nous l’avons décrit plus haut, Maxime lui précise l’actualité de la troupe et, une fois arrivé, Alexandre, le CP, s’occupe aussi de lui. Lors de cette réunion, les chefs de troupe ont demandé au CP d’initier sa patrouille à la méthode de codage nommée le vigenère. Pour aider le nouvel adhérent et le plus jeune membre du groupe, Alexandre se joint à eux :

Extrait n°3 (l. 467-473) :

1 Al: on fait un petit jeu pour s’entraîner au vigenère
2 M : oui et donc/
3 Al: il y a y a deux équipes de trois
4 M : ouais
5 Al: donc toi t’es avec (.)
6 G : Anatole et
7 Al: Anatole et Xochiel (.) et moi je suis avec Armine et Grégory

Outre l’effort du CP, Alexandre, pour s’occuper des membres de sa patrouille, j’ai choisi cet extrait pour montrer comment Grégory parvient déjà à s’intégrer. Au moment où Alexandre hésite et semble chercher le prénom d’Anatole (5), Grégory lui vient en aide et montre qu’il a déjà retenu les prénoms des autres. Non seulement il a déjà retenu le nom de ses cinq camarades de patrouille, mais il ose également intervenir et prendre la parole au cours de la discussion, alors même qu’Alexandre n’a pas encore terminé son énoncé, puisqu’il ne fait en réalité qu’une mini-pause.

Lors de cette réunion de novembre, les chefs de troupe passent exceptionnellement voir comment les scouts réussissent le vigenère. Leur visite nous permet d’observer leur comportement face au nouveau membre. En effet, les deux chefs, Roger et Manuel, essaient de motiver et d’intégrer Grégory :

Extrait n°4 (l. 2543-2546) :

1 R : vous avez pigé le vigenère alors/
2 Al: oui c’est bon
3 Ma: t’as vu c’est la classe euh/
4 G : oui

Tandis que Roger pose sa question à toute la patrouille, Manuel s’adresse directement au nouveau. Sa question est rhétorique, il demande à Grégory de confirmer à quel point ce qu’ils font est bien. Ainsi il montre son propre enthousiasme et essaie de le partager avec Grégory. En outre, quand les chefs téléphonent après leur départ, ils demandent à parler à Grégory pour lui confier un service. Après l’appel téléphonique, toute la patrouille veut s’adresser à Grégory :

Extrait n°5 (l. 2751-2756) :

1 An: ah mais ah Grégory/ c’est Manuel c’est vraiment qui t’as qui t’as appelé/
2 Al: c’est qui qui t’as appelé c’est Manuel/c’est pareil
3 G : non c’était Roger j’suis pas sûr non non j’pense
4 An: c’est un chef qui t’a appelé pour qui te dit vas-y tu vas chercher le courrier/
5 G : mh
6 An: NON

Grâce à l’initiative des chefs, Grégory est le seul à être au courant et les autres doivent s’adresser à lui pour savoir ce qui se passe (1, 2, 4). Malgré une timidité persistante, il est au centre de l’intérêt et de la conversation. Contrairement aux scouts de la patrouille, les chefs de troupe font quelques démarches pour accélérer l’intégration du nouveau. En patrouille, l’intégration se fait pourtant presque entièrement en interagissant ; les démarches « officielles » ou explicites sont réduites au minimum. Toutefois, vers la fin de la réunion, les autres scouts aimeraient bien savoir si le nouvel arrivant a décidé de rester ou non :

Extrait n°6 (l. 2363-2374) :

1 Al: alors remarque Grégory (.) tu:
2 M : XXX
3 Al: t’es venu pour tester pour rester pour
4   [.]
5 M : on pousse pas (.) t’as envie de rester ou/
6 G : ouais
7 M : ou ou à la fin ou à la fin euh (.) tu
8 G : non je veux rester
9 M : en rentrant chez toi tu penses euh tu pars en en en voulant rester ou tu pars en voulant ça ça te fait chier
10   [rires]
11 G : non mais si je veux rester
12 Al: bon on t’appelle Greg alors

La raison pour laquelle Alexandre demande à Grégory ce qu’il a décidé de faire (1, 3) est qu’il veut distribuer les postes d’action. La question résulte alors du sujet de conversation. Comme Grégory ne répond pas tout de suite, Maxime insiste (5) et, peut-être à cause de l’hésitation de Grégory ou parce que la réponse de celui-ci tarde et est prononcée sur un ton peu convaincu, il ne se contente pas de cette réponse bien qu’elle soit affirmative (6). Il insiste donc de sorte que Grégory se sente obligé de réaffirmer sa volonté de rester (8). Tout en sachant que Grégory a décidé d’adhérer à la patrouille, Maxime termine sa question sur le ton de la plaisanterie (9) suggérant qu’il n’y a pas de raison pour ne pas rester et que Grégory a pris la bonne décision. Après le rire, par lequel les autres approuvent l’opinion de Maxime, Grégory a enfin l’occasion de répéter sa réponse positive en faisant une phrase claire et complète (11). L’hésitation de Grégory et l’insistance de Maxime n’expriment en fait ni un doute de la part de Grégory ni une pression du côté de Maxime. Il semble plutôt que Grégory soit gêné par la question explicite, qu’il se croyait déjà membre du groupe et que Maxime joue sur l’évidence de la réponse positive de la part de Grégory. Donc une fois que Grégory a exprimé clairement sa volonté de rester, Alexandre réagit tout de suite en l’accueillant dans la patrouille (12). Comme signe d’adhésion, il l’appelle par son diminutif, ce qui prouve la familiarité qui s’est installée entre eux.

Pour résumer le processus d’adhésion lors de la première réunion, nous constatons que l’accueil du nouveau est plutôt discret et implicite. Mais par cette absence de formalités, le nouvel arrivant ne se trouve jamais dans le rôle d’un étranger ou d’un outsider. Les autres garçons l’intègrent tout de suite en le confrontant aux affaires de la troupe et de la patrouille et en le faisant participer à leurs activités. Seuls les chefs font des efforts plus explicites pour le motiver et l’intégrer. Grégory lui-même doit faire connaissance avec la vie de patrouille et y trouver sa place en assistant à la réunion. L’adhésion d’un nouveau membre semble se dérouler selon le principe : « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ».

2ème réunion, 17-1-2003 :

Du point de vue quantitatif, le nombre et le caractère des énoncés de Grégory ne changent guère entre la première et la deuxième réunion. La participation interactive de Grégory consiste surtout dans des réponses, puis dans quelques questions. Les remarques non provoquées sont rares. Et pourtant, l’analyse détaillée des interactions lors de la deuxième réunion à laquelle il assiste prouve que Grégory a commencé à quitter son rôle de nouvel arrivant, gagne en confiance et trouve peu à peu sa place parmi les autres.

Notre analyse commence par un extrait qui présente l’interaction au début de la réunion, juste après l’arrivée attendue du CP, Alexandre. Si cet échange est typique d’une ouverture, il nous intéresse ici parce que les efforts pour animer la conversation visent le nouveau membre, Grégory : presque toute la patrouille essaye de le faire parler :

Extrait n°1 (l. 71-85) :

1 Al : ça va bien/ et les vacances/
2 G : oui oui
3 An : ouais\
4 Al : vous êtes allés un peu skier non/
5 G : si
6 Al : si tu étais où/
7 G : XXX (lieu)
8 M : il y avait de la neige/
9 G : oui
10 M : un petit peu
11 G : oui
12 An : t’as pu skier/
13 G : ouais un petit peu (.) j’étais plutôt malade
14 An : he
15   [p.6s]

Comme nous l’avons constaté lors de la discussion des activités discursives, les scouts ont tendance à attendre du CP qu’il ouvre la réunion. Lorsqu’il arrive en retard, son arrivée interrompt la conversation en cours et il doit alors la relancer. C’est ce qu’Alexandre essaie de faire au début de l’extrait. Sa première question (1) ne semble pas être adressée à une personne en particulier, mais encourager les autres scouts à reprendre la discussion sur la base d’un « thème sans risque » (Traverso, 1997 : 147). Malgré les réponses de Grégory et d’Anatole (2, 3) l’échange est loin de prendre son essor. Pour faire durer l’échange verbal, Alexandre précise sa question. Cette fois-ci, seul Grégory répond par une affirmation (5). En conséquence, Alexandre lui adresse directement la parole en lui demandant des précisions. Puis Maxime suit l’exemple d’Alexandre et essaie d’encourager Grégory à raconter ses vacances ; mais comme les deux garçons ne posent que des questions fermées, Grégory se contente de confirmer sans donner de détails. Finalement, il répond à la sixième question, posée par Anatole (12), d’une manière plus explicite (13). Pourtant le contenu de sa remarque n’incite guère les garçons à poser d’autres questions. Anatole a beau donner un signe d’attention (14), Grégory ne semble pas motivé pour raconter ses vacances et, par conséquent, le sujet des vacances est abandonné et une pause de six secondes s’installe. Nous constatons ainsi que la tentative des garçons d’intégrer Grégory en lui posant des questions sur ses vacances échoue.

Les extraits suivants montrent que Grégory, au lieu de se laisser imposer une conversation, essaie de participer en se mêlant aux discussions, à celles qui concernent les projets de la patrouille comme à celles qui touchent d’autres sujets. Par exemple, il réagit à la question de savoir où les scouts pourraient passer le prochain week-end de patrouille :

Extrait n°2 (l. 105-114) :

1 G : j’aurais une idée XXX
2 M : où/
3   [p.3s]
4 M : c’est où/
5 G : deux heures et demie je crois=
6 M : =non mais c’est trop loin
7 Al: deux heures euh
8 M : ce serait ce serait une maison
9 Al: c’est marrant mais bon
10   [rires]

Grégory prend l’initiative et leur propose une maison (1), ce qui paraît une bonne manière de rendre un service à la patrouille et de se faire respecter par les autres. Malheureusement, les garçons doivent rejeter son offre, parce que la maison est située à deux heures et demie (5) et donc trop loin. Grégory ne semble pas encore complètement connaître les pratiques et les besoins du groupe. En ce qui concerne la formulation de sa proposition, nous constatons qu’il l’introduit d’une façon explicite par une paraphrase de verbe performatif : « j’aurais une idée ». Comme cela a été montré dans le chapitre précédent, l’expressivité d’une proposition dépend du contexte ; moins le locuteur a besoin de se faire remarquer ou d’attirer l’attention, moins il emploie de moyens langagiers.188 Ici, Grégory s’assure par sa formulation que sa proposition est interprétée correctement par les autres garçons. Même si son idée n’est pas réalisable, Grégory a pu montrer qu’il est motivé et prêt à s’investir. Sa prise de parole prouve qu’il sait se faire entendre parmi les scouts.

Comme le montre l’extrait suivant, Grégory fait également des efforts pour participer aux conversations sur des sujets qui n’ont pas de rapport avec le scoutisme et arrive de mieux en mieux à s’intégrer dans la discussion. L’extrait est tiré d’une discussion sur les matières enseignées au lycée, notamment la physique :

Extrait n°3 (l. 1665-1694) :

1 M : ça devient chaud après la physique tu apprends quoi exactement/
2 An: non mais à part ça
3 M : la physique la physique il faut qu’apprendre
4 An: non mais il y a quand même assez&
5 M : si t’apprends pas
6 An: &de logique franchement
7 G : Maxime tu as qui en physique toi/
8 M : aux Lazaux/
9 G : oui
10 M : j’ai XX\
11 G : t’aimes bien Fichaut ou pas/
12 M : (…)
13 An: moi je le connais XX
14 Ar: c’est pas Fichaut c’est Finichaut en fait
15 G : (…) ma première note c’est cinq ma deuxième dix-neuf
16 X : ()
17 M : de quoi/
18 An: ah oui ça change (.) franchement
19 X : c’est quoi/
20 An: il est passé de cinq à dix-neuf
21 X : ta glace
22 G : oui ()
23 M : enlève le le le enlève le
24 G : je suis passé de deux virgule cinq de trois virgule à dix neuf
25   [p.3s]
26 M : et t’as qui en math/
27 G : euh XX
28 M : ça c’est bon
29 G : oui
30 M : en français t’as qui/

Etant donné son peu d’expérience parmi les scouts il n’est guère étonnant que Grégory saisisse l’occasion de se mêler à une conversation sur les professeurs de son lycée. Avant l’intervention de Grégory (7), Maxime et Xochiel, tous les deux élèves en Première, mais dans des lycées différents, comparent leurs cours de physique, tout en décourageant Anatole, qui est plus jeune et motivé pour passer un bac S. L’échange est assez animé. Grégory profite du fait qu’il fréquente le même lycée que Maxime pour prendre à son tour la parole. Pour être sûr que son énoncé sera pris en considération et qu’il obtiendra une réponse, il pose une question claire et directe en s’adressant explicitement à une seule personne, Maxime, qui est, de surcroît, celui qui domine l’échange verbal. Le fait que les deux garçons fréquentent le même lycée est visiblement décisif, étant donné que Maxime s’assure qu’ils parlent du même établissement avant de répondre (8). Motivé par la réaction de Maxime (10), Grégory essaie d’engager une conversation (11), ce qui se révèle difficile car, l’échange étant très animé, presque tous les garçons présents y participent.

En outre, la question de Grégory est trop générale et freine le débat en cours. Pourtant, elle lui permet de prendre part à la discussion : plusieurs personnes réagissent à son intervention (12, 13, 14). Encouragé, Grégory dévoile les notes qu’il a obtenues en physique (15). L’énoncé de Grégory ne garantit pas du tout une réaction des autres : il ne pose pas de question, se réfère à des détails très personnels et, de surcroît, Xochiel et Maxime sont préoccupés par le dessert (10, 16, 21, 23). Néanmoins, Anatole l’écoute (18) et l’aide même à s’imposer en répétant le contexte de l’énoncé de Grégory aux autres (20). Et finalement, en insistant, Grégory réussit à faire en sorte que Maxime lui pose le même genre de question que lui-même lui avait posé au début pour entrer dans la conversation. Donc, au bout de vingt-six énoncés, Grégory arrive à focaliser toute l’attention sur lui, et à échanger son statut avec Maxime, qui lui pose désormais des questions.

De ces observations je conclus que, dès la deuxième réunion, Grégory n’a plus besoin que les autres lui posent des questions directes. Il refuse même de se laisser imposer une conversation, et préfère prendre l’initiative lui-même. En montrant sa motivation et étant donné qu’il a aussi, en dehors du scoutisme, des choses en commun avec les autres garçons, il est sur la bonne voie pour trouver sa place dans le groupe, même si ses prises de paroles ne sont pas encore toujours complètement intégrées dans le cours des interactions.

3ème réunion, 16-5-2003 :

L’analyse qualitative de la participation de Grégory au cours de la deuxième réunion a montré que son insertion est déjà bien plus avancée que lors de la première réunion à laquelle il a assisté. Lors de la troisième réunion, Grégory semble avoir définitivement perdu son statut de nouvel arrivant. La statistique de ses énoncés prouve une participation active aux interactions ; le nombre de ses propositions renforce l’impression que Grégory s’est adapté et prend activement part aux affaires de la patrouille. Face à la statistique de ses énoncés, nous avions constaté un changement plus net entre la deuxième et la troisième réunion qu’entre la première et la deuxième. Ceci s’explique par le contexte général. Comme aucune activité scoute importante n’avait eu lieu entre la première et la deuxième réunion et que la deuxième avait plutôt le caractère d’un dîner que d’une vraie réunion avec un programme ou un projet concret, il était plus difficile pour Grégory de se mêler aux autres. En revanche, la troisième réunion en mai a lieu après le camp de Pâques. La participation de Grégory à cette activité de quatre jours semble avoir été décisive pour son intégration. Le camp a été l’occasion de mieux faire connaissance des autres et réciproquement, et d’apprendre le fonctionnement de la troupe. Les deux camps constituent l’activité principale de l’année scoute et toutes les autres activités servent plus au moins à les préparer, comme par exemple la réunion de mai pendant laquelle on doit organiser le camp d’été. Par conséquent, Grégory peut tout de suite profiter de ses nouvelles connaissances.

L’extrait suivant montre, sous plusieurs aspects, que Grégory lui-même a pris de la distance par rapport à son arrivée :

Extrait n°1 (l. 1693-1708) :

1 M : j’suis pas allé (.) jjjjj- (…)
2 G : moi quand je suis arrivé au début tout le monde était en uniforme et maintenant plus personne n’est en uniforme
3 X : au début quand je suis arrivé personne n’était en uniforme
4 G : n- non tout le monde était en uniforme
5 Al: au début au début de l’année/
6 G : non non quand je je suis arrivé
7 An: moi je suis jamais jamais venu je suis jamais venu en uniforme à une réunion de pat
8 X : ah OUI le premier jour que t’es arrivé
9 G : oui
10 Al: oui
11 X : ah oui il y avait que toi qui n’étais pas en uniforme et puis
12 G : non non c’était que
13 An: non non il y avait moi il y avait moi aussi
14 E : il y avait moi aussi
15 Al: normalement on est en uniforme mais euh mais voilà quoi

Tout d’abord, Grégory ose prendre la parole en interrompant Maxime, qui hésite certes à terminer son énoncé (1/2). Dans son énoncé, Grégory évoque un nouveau sujet en rapport avec le scoutisme : leur habitude de porter l’uniforme en réunion, un sujet qui exige une bonne connaissance de la vie scoute. En outre, il souligne l’écart entre son arrivée et le moment où il parle (quand je suis arrivé (…) et maintenant). Le malentendu que cause la formulation « au début » (3, 5) prouve que personne ne pense plus au jour de l’arrivée de Grégory chez les scouts. Par son exclamation, Xochiel exprime que ce « premier jour » est déjà presque oublié, date d’il y a longtemps (8).

L’autre signe de l’intégration de Grégory est sa façon d’être bien à l’aise pour corriger les autres, défendre son point de vue et insister sur ses propos. Il n’a aucun problème à se faire écouter et amène les autres à suivre son idée. A la fin de l’extrait, son observation oblige Alexandre, le CP, à avouer que la patrouille a négligé le port de l’uniforme (15). L’observation de Grégory était donc justifiée.

Le jour de son arrivée paraît lointain, depuis il a accumulé assez de connaissances et d’expériences parmi les scouts pour juger le comportement de la patrouille. Son interaction prouve son intégration accomplie et réussie.

Nous avons supposé que le grand nombre de propositions prouvait la familiarité de Grégory avec la patrouille. Les propositions que fait Grégory pendant la troisième réunion soutiennent cette hypothèse, d’autant plus qu’elles sont très variées. D’abord, nous constatons que Grégory intervient en fonction de ses intérêts, la cuisine semble être par exemple un domaine qu’il connaît bien. La discussion autour du concu est l’occasion pour lui de participer activement et de faire des propositions :

Extrait n°2 (l. 3971-4001) :

1 Al: la salade on peut faire du riz tu sais c’est bon ça
2 G : mais riz ou pommes de terre ça revient un peu au même
3 X : ah OUI
4 M : des pâtes de toutes les couleurs (.) avec les pâtes de toutes les couleurs
5 Al: oui ça va avec un
6 G : oui ça va mais ça coûte cher
7 M : ah oui/
8 Al: c’est trop trop bon quoi
9 M : c’est quoi/
10 Al: c’est une salade je sais plus ce qu’il est dedans
11 X : c’est une salade de pâtes ou quoi/
12 Al: oui c’est une salade de pâtes oui
13 X : bah salade de pommes de terre/
14 G : ou des pâtes aux épinards
15 Al: non mais c’est pas des épinards
16 X : c’est pas du basilic non/
17 Al: j’sais pas peut-être
18 G : c’est bon basilic avec des pâtes
19 X : les pâtes on les mange avec une sauce au basilic
20 An: c’est bon
21 X : espagnol et tout
22 An: si vous voulez je peux faire XX
23 M : ok
24 G : ça coûte cher
25 M : on va pas manger chinois quand même
26 X : comment on mange chinois/
27 M : XX XX c’est chinois
28 G : moi je connais un truc qui n’est pas mal c’est des galettes où tu mets dans l’eau elles se ramollissent et
29 An: c’est que j’avais fait aux louveteaux
30 G : c’est bien ça
31 Al: on peut manger ça à la réunion là (.) pour le pique-nique on mange pendant XX

Ses énoncés sont entièrement intégrés dans l’interaction. Il réagit de manière spontanée aux remarques des autres (2, 6, 14, 18, 24). Comme ceux des autres, ses énoncés sont courts, précis, pertinents, d’une syntaxe simple, en forme de parataxe (oui ça va mais ça coûte cher) et elliptique (ou des pâtes aux épinards), limités à un minimum de mots pour pouvoir intervenir rapidement et être compris facilement. Mais il prononce aussi l’énoncé le plus long de l’extrait, où il explique « en détails » son idée (28). Non seulement il s’adapte alors au style d’échange, mais ses énoncés s’intègrent aussi parfaitement du point de vue du contenu. Il fait des propositions (14, 28) et joue même le rôle de l’expert (2, 6, 18, 24, 30) qui défend sa propre idée (30) et juge celles des autres. Ceux-ci de leur côté prêtent attention à ses critiques (7) et acceptent ses propositions (31).

Outre ses propositions sérieuses et constructives et outre le fait qu’il s’investit dans l’organisation du repas, il intervient également pour faire des plaisanteries. Par exemple, pendant l’échange sur le concu, Grégory propose « du lapin à la moutarde ». Son idée fait rire les autres scouts.

L’extrait suivant montre également à quel point l’ancien nouvel adhérent se sent désormais à l’aise. Il est ici question de la vente des calendriers : tous les éclaireurs sont censés vendre au moins deux calendriers, l’argent étant destiné à financer une partie du camp d’été. Les chefs donnent à chaque éclaireur trois calendriers avec la contrainte suivante :

« apporter [aux chefs] au moins l’argent de deux calendriers (.) et un calendrier qui n’a pas été vendu » 189

Dans ce contexte de remboursement, Grégory ose faire une proposition provocante et un peu absurde :

Extrait n°3 (l. 367-375) :

1 G : =ce c- qu’on peut faire ce que je te passe le calendrier tu me passes quatre euros soixante/
2   [rires]
3 G : comme ça c’est bon
4 M : il est il est
5   [rires]
6 X : ah lui il a toujours le mot pour le dire euh
7 G : non mais il paie rien et moi je gagne
8 M : ok t’es un drôle
9   [rires]

Au cours de la discussion, Maxime leur annonce qu’il a déjà vendu trois calendriers ; Grégory lui propose alors de lui vendre le calendrier qu’il n’a pas encore pu vendre ailleurs pour qu’il puisse rembourser les deux calendriers aux chefs (1). Sa proposition provoque autant de rires que d’étonnement. Les commentaires qui suivent montrent à quel point Grégory a trouvé sa place dans le groupe : Xochiel atteste que Grégory « a toujours le mot pour le dire »190 (6), ce qui ne peut être dit que d’une personne proche qu’on connaît depuis un certain temps. Maxime réagit à l’idée de Grégory d’une manière amicale et bienveillante (8). Grégory arrive à faire rire la patrouille.

Son comportement au cours de cette troisième réunion montre qu’il a trouvé assez d’audace et de confiance pour intervenir dans des contextes qui lui sont inconnus. Désormais accepté par les autres scouts, il ose interrompre leurs réflexions :

Extrait n°4 (l. 3324-3328) :

1 X : ah oui mais je sais les chevaux c’est des chevaux du roi de Crète
2   [p.3s]
3 An: non non ça avait un nom spécial
4 G : c’est bon on s’en fout que ça soit du roi de Crète=
5 X : =ah oui tu as raison il y avait un machin style euh (p.3s) non je sais plus

Dans cet extrait les scouts développent l’idée des treize travaux pour préparer leur veillée du camp d’été, plus exactement ils essaient d’énumérer les douze travaux d’Hercule. Cette fois-ci, ce sont Xochiel et Anatole qui jouent le rôle des experts (1, 3), les autres semblent ignorer les détails du mythe grec. Néanmoins, Grégory ne se gêne pas pour interrompre leur réflexion (4) qui, manifestement, ne l’intéresse pas. Il dénigre le projet pour lequel Anatole et Xochiel montrent beaucoup de zèle. Pourtant, ces derniers, emportés par leur enthousiasme, ne tiennent pas compte de la remarque de Grégory (5).

Ce qui est intéressant dans notre contexte, c’est que, d’une part, Grégory ose couper la parole aux autres et, d’autre part, il se croit autorisé à parler pour le groupe entier (on, 3), ce que nous interprétons comme une preuve d’intégration.

Pour résumer les diverses observations faites jusqu’ici, nous pouvons souligner le caractère éphémère du rôle de nouvel arrivant. Depuis son arrivée lors de la première réunion en novembre, son profil interactionnel se caractérise par une intégration progressive qui mène finalement à l’effacement du statut originaire. L’analyse a pu dégager des comportements langagiers caractéristiques de ce processus. Au départ, le nouvel adhérent se montre hésitant, timide et curieux d’apprendre le fonctionnement de la patrouille. Au bout de trois réunions, il participe activement aux discussions, prend des initiatives et occupe une place à part entière qui ne dépend plus du fait qu’il est le dernier à avoir adhéré au groupe, mais de sa personnalité et de son engagement. Son intégration résulte autant de la bienveillance des autres membres du groupe que de sa propre disponibilité.

En réalité, le nouvel arrivant n’a jamais été exclu de l’interaction. Ce qui le distingue des autres dans un premier temps, c’est son manque de connaissance et d’expérience. Néanmoins, dès le début, il est traité comme un membre de la patrouille. Plus il se familiarise avec les sujets de conversation et le style communicatif, plus vite il arrive à participer aux interactions et efface ainsi tout indice qui pourrait le caractériser comme nouvel adhérent.

Le tableau suivant qui résume l’analyse de ce profil interactionnel met en valeur ce processus :

Notes
186.

Manuel est un des chefs de troupe.

187.

Une sœur de Maxime.

188.

Voir chapitre 5, Faire des propositions.

189.

Extrait tiré de la réunion du 16-5-2003 (l. 352).

190.

C’est moi qui souligne.