Cohésion de groupe

L’enjeu de l’identité est le plus important au moment où un participant s’éloigne du groupe ou bien lorsqu’un garçon prend le rôle d’un représentant privilégié. Ces manifestations rendent le style du groupe particulièrement perceptible (Keim & Schütte, 2002 : 13). L’analyse des deux profils interactionnels du chef idéologue et de la honte de la patrouille a montré deux positions extrêmes dans le processus d’identification avec le scoutisme. Et c’est entre ces deux pôles que se négocie l’identité du groupe.

Un garçon, le chef-idéologue, joue le garant du scoutisme : il insiste sur des sujets scouts, fait des références au scoutisme quel que soit le contexte, emploie un langage nourri d’allusions au scoutisme et prend très au sérieux les réunions. Dans la mesure où il donne des leçons aux autres et refuse certaines de leurs propositions, il défend, à sa façon, le cadre scout. Sa prise de position est certes subjective, mais sa motivation vient du scoutisme. Il fait tout pour que celui-ci soit respecté et pour que le cadre scout détermine leurs rencontres. Afin d’y parvenir, il n’hésite pas à se distancier des autres garçons : en défendant le monde scout tel qu’il l’interprète, il prend un air autoritaire et impose ses points de vues aux autres. Par son rôle d’avocat du scoutisme, il assure l’influence du cadre extérieur sur les réunions.

Ce même cadre est régulièrement remis en cause par un outsider, la honte de la patrouille. Peu motivé par le scoutisme, celui-ci interprète les rencontres au gré de ses humeurs et recherche avant tout la convivialité. Suivant ses propres intérêts, il impose des sujets en dehors du scoutisme et témoigne d’un manque de respect vis-à-vis du cadre officiel. Il tourne en dérision les affaires scoutes et met ainsi en danger le sérieux de leur cause commune.

En analysant le positionnement du groupe, nous avons constaté que les scouts se sentent appartenir à un milieu social aisé. Dans ce contexte, il est intéressant de voir que l’outsider ne s’éloigne pas seulement du monde scout, mais aussi de ce milieu social. Il se montre peu cultivé et ignorant des institutions qui jouent un rôle important dans la vie des enfants de ce milieu, comme les rallyes. Par son comportement, il ne met pas seulement en question son intégration dans le groupe, mais également l’identité de celui-ci.