2.3. La deuxième série de boucles de développement : la phase de réalisation du projet

La deuxième étape du processus de matérialisation correspond à la construction de prototypes c’est-à-dire d’objets matériels correspondant non plus à des parties du moteur mais à son ensemble. Pour cela, il faut tout d’abord matérialiser les structures techniques élémentaires non-essentielles du moteur. Cette étape nécessite également de faire évoluer l’objet intermédiaire. Il s’agit notamment de le préciser en arrêtant les questions qui avaient été laissées ouvertes, notamment la cylindrée et le fournisseur d’injection. Il s’agit ensuite monter l’ensemble technique qu’est le moteur et le tester pour vérifier qu’il correspond à l’objet intermédiaire et que les différentes structures techniques interagissent sans heurt.

Une fois le contrat défini, on entre dans la phase de réalisation. Les fournisseurs, internes et externes, qui avaient été impliqués dans le processus de développement et de preuve des concepts, doivent désormais réaliser les pièces qui seront testées individuellement puis dans des moteurs prototypes. Dans le même temps, on organise les derniers réglages pour s’assurer que le moteur construit répondra bien aux performances définies dans les pré-requis. A la suite du rendez-vous d’entreprise 3, les équipes fonctions sont progressivement remplacées par deux groupes métiers : mécanique et performance. Le groupe mécanique supervise les essais et le groupe performance s’occupe des réglages de l’injection.

En ce qui concerne le projet N260, la phase de réalisation a connu deux étapes successives. Les deux ans qui ont suivi le premier rendez-vous d’entreprise 3 ont été marqués par une stagnation du projet au niveau du planning en raison des incertitudes sur la cylindrée et le fournisseur de l’ensemble technique d'injection. Le fait le plus marquant de cette période est la sélection du fournisseur d’injection. Dans une deuxième étape, le projet a été réorienté avec la mise en place d’un second rendez-vous d’entreprise 3. Trois changements majeurs ont alors été validés. Tout d’abord, l’équipe projet a entériné le choix de Robert Bosch comme fournisseur de l’injection. Le deuxième élément a été la poursuite du projet de développement sans Mack, la filiale de Renault Véhicules Industriels. Enfin, en raison du changement d’échelle du projet, des mesures ont été mises en place pour réduire le coût du projet dont le poste le plus important est l’externalisation de la production de la culasse. Pendant cette deuxième étape, une deuxième et troisième vague de test du moteur ont également été réalisées.

Nous nous intéresserons, tout d’abord, au processus de précision de l’objet intermédiaire. Deux aspects de l’objet technique étaient resté flous à cause de dissensions au sein de l’équipe projet : le choix du fournisseur de l’injection sera présenté dans une première partie et la question de la cylindrée dans une seconde. Dans une troisième partie, il sera question des conséquences de la solution choisie en matière de cylindrée qui a entraîné une réduction de la taille du réseau avec la fin de la coopération de Mack. Il s’agit de restrictions budgétaires qui ont été résolues par l’externalisation de la fabrication de la culasse après le second rendez-vous d’entreprise 3. La phase de réalisation est également le moment des tests des moteurs et des réglages de l’injection, qui constitueront respectivement notre quatrième et cinquième partie.