1.5. Les unités de Renault Trucks ayant participé à l’adaptation du dCi 11

Une autre spécificité de la carrière du moteur dCi 11 en Chine est que le moteur n’a pas été développé par Dongfeng Limited seul et que certains employés de Renault Trucks sont intervenus pour effectuer des missions d’assistance.

L’histoire des relations entre Dongfeng et Renault Véhicules Industriels débute en 1999. Le groupe chinois était à la recherche d’un partenaire étranger et Renault Véhicules Industriels a débuté les négociations pour une éventuelle prise de participation. Selon J.F. Huchet et Z. Li191, jusqu’en 1978, les transferts de techniques se réalisaient en Chine essentiellement sous la forme de ventes de licence. Mais suite à des problèmes d’assimilation des techniques, les transferts n’entraînant pas de modification de comportement de développement de recherche propre par les groupes chinois, le gouvernement chinois a favorisé la création de joint-ventures. Pour cela, il a créé un cadre législatif favorable aux entreprises sino étrangères notamment au travers d’exonérations d’impôts ou de facilitation d’importation. Le secteur de l’industrie automobile chinois étant considéré comme un secteur stratégique, le gouvernement a également mis en place d’importantes barrières fiscales contre l’importation pour protéger le marché local. Pour disposer de véhicules à prix compétitif sur le marché chinois, les constructeurs étrangers sont donc obligés de passer par une association avec un groupe chinois, ce qui explique l’intérêt de Renault Véhicules Industriels qui cherchait à cette époque à s’implanter en Chine. Néanmoins, les négociations ont été arrêtées après le rachat de la marque française par le groupe AB Volvo qui avait déjà des partenariats en Chine avec un concurrent de Dongfeng.

Le groupe chinois ayant manifesté son intérêt pour acquérir un moteur pour constituer sa gamme haute et préparer le passage Euro 3, des négociations ont été engagées sur la vente du moteur dCi 11 dont la production allait être arrêtée en Europe du fait de la mise en commun des composants des véhicules des marques au sein du groupe AB Volvo. Fin 2004, Renault Trucks décide de s’implanter en Chine et obtient l’accord de son actionnaire AB Volvo pour la création d’une joint-venture, non pas avec Dongfeng Limited mais avec une des ses compagnies subsidiaires basée à Liuzhou dans la province du Guangxi.

Le projet du constructeur français en Chine comprend alors trois volets : la vente de la licence du moteur, la création d’une filiale commerciale pour vendre des véhicules importés en Chine et le projet de coopération. Le moteur dCi 11 est alors perçu comme un vecteur de l’image de la marque française en Chine ainsi que comme la première étape d’une coopération plus approfondie. C’est ce qui explique que Renault Trucks ait été aussi impliqué dans les démarches d’assistances proposées au constructeur chinois, un échec du projet pouvant nuire à la fois à l’image de Renault Trucks sur le marché chinois et au projet de coopération.

Finalement, la création d’une joint-venture ne sera pas menée à son terme en raison des négociations entre Dongfeng Limited, AB Volvo et Nissan. En effet, le constructeur japonais et son principal investisseur, le groupe Renault, souhaitaient se désengager du secteur du véhicule industriel. Dans un premier temps, Renault a vendu sa propre filiale dédiée aux camions à AB Volvo. En 2006, AB Volvo a également acheté les parts de Renault dans la filiale véhicules industriels de Nissan, qui se nomme Nissan Diesel. Au moment de l’écriture de notre thèse, des discussions sont menées concernant une prise de participation de AB Volvo dans la « business unit » Dongfeng Limited Commercial Vehicule.

Notes
191.

HUCHET J.F., LI Z., « Joint-venture et Modernisation de l’industrie électronique Chinoise », Sociologie du Travail, numéro 34, Paris, 1992, pp 209 à 229.