2.5.Conclusion sur les boucles de développement du moteur dCi 11 en Chine

La spécifié des boucles de développement du moteur dCi 11 en Chine réside dans le rôle plus important que joue l’objet matériel vis-à-vis des perceptions du contexte social (attentes des transporteurs, législation…), du domaine physique ou des systèmes techniques.

Ainsi, lors de la sélection du moteur, les attentes a priori de l’équipe projet de Dongfeng Limited vis-à-vis du moteur étaient réduites. L’objet intermédiaire construit par l’équipe projet à ce moment est peu développé et reste informel. Néanmoins il va être précisé par le processus de choix entre les différents moteurs disponibles c’est-à-dire par la construction de prises à partir de logiques sociales sur des objets matériels.

La principale spécificité de la première boucle de développement en Chine vis-à-vis de la France est qu’elle démarre d’un objet intermédiaire considéré comme achevé (la documentation du moteur) et d’objets matériels (les moteurs dCi 11 vendus par Renault Trucks à Dongfeng Limited). Pour l’équipe projet, c’est l’objet matériel qui constitue la référence et elle n’hésitera pas à apporter des modifications à la documentation. L’objet intermédiaire livré est donc modifié par la comparaison avec les objets matériels.

La première série de boucles de développement mené par le constructeur chinois est similaire à celle menée par l’équipe projet de Renault Véhicules Industriels. La principale différence porte sur l’échelle. Alors que la forme finale du moteur dépend en majorité de cette phase en France, en Chine, peu de modifications sont conduites par ce biais.

La majorité des modifications conduites par Dongfeng Limited l’ont été pendant la deuxième et troisième série de boucles de développement. En effet, ces phases voient dans la procédure une première formalisation de l’objet intermédiaire qui marque cette importance et contribue à augmenter son aspect contraignant.

Deux logiques sociales contradictoires traversent l’histoire du développement du moteur en guidant les modifications menées a priori lors de la deuxième série de boucles de développement et en contribuant à la construction des prises sur les objets matériels défectueux de la deuxième et la troisième séries. Il s’agit de la volonté d’atteindre ce qui est ressenti comme le niveau international de qualité qui s’oppose à la perception d’une nécessité de l’adaptation du produit. La première logique pousse l’équipe projet à maintenir toutes les normes techniques édictées par le constructeur français, indépendamment de leur efficacité, alors que la seconde entraîne des modifications du produit notamment en ce qui concerne la recherche d’une baisse des coûts du moteur.