Nous rejoignons Francine Saillant dans son analyse de la double figure de l’humanitaire (2007 15 et s.). En effet, l’humanitaire est imprégnée d’idéoscapes (Arjun Appadurai, 2001, 72) qui sont révélateurs de leurs nouvelles dimensions culturelles, économique et politique. S’il est vrai que la majorité des ONG ne développe pas de contre-idéologies orientées vers la prise de pouvoir d'État (mettant plutôt en avant une éthique de la neutralité), la complexité de leurs interventions génère des espaces des souverainetés mouvantes et influe sur les frontières du politique. Le débat sur le droit ou le devoir d’ingérence en est significatif. Les (ré) orientations des aides sont significatives du biopouvoir des ONG, selon les priorités qu’elles fixent généralement en accord avec les Etats concernés. Par voie de conséquence, cela induit un impact négatif pour les populations disqualifiées, et en particulier pour les personnes en situation de lèpre sociale. Celles-ci se trouvent au centre de l’enjeu des priorités fixées par les organismes humanitaires : celles qui privilégient le principe d’autonomie au détriment du principe de vulnérabilité.124
Selon Raymond Massé dans Les groupes communautaires comme espaces moraux (in Identités, vulnérabilités, communautés de Francine Saillant, Michèle Clément et Charles Gaucher, Canada, Ed. Nota bene, 2004), la priorité actuelle est fixée sur le principe d’autonomie.