8.2.2. Le droit des peuples sur horizon de famine mondialisée

Les émeutes de la faim

« Emeutes de la faim, le Sénégal et l’Afrique au bord de la famine » : c’est ainsi que le journal Le Parisien (le 20 avril 2008) informe de la flambée de colère brutal - en Afrique, mais aussi en Asie et dans les Caraïbes - générée par le renchérissement du prix des aliments, notamment du riz.

Les manifestations contre la faim ont secoué les capitales africaines : à Douala (Cameroun), à Abidjan (Côte d'Ivoire), au Caire (Egypte), à Dakar (Sénégal) et à Ouagadougou (Burkina Faso). Des émeutes ont éclaté en Thaïlande, au Bangladesh. A Haïti, une soudaine éruption de violence et des morts par balle a déstabilisé le chef du gouvernement. Le doublement du prix du sac de riz en moins d'une semaine en est la cause.

De multiples facteurs sont à la source de cette disette - qui ne fait hélas que commencer  - causée par l’augmentation de plus de 50% des produits alimentaires : la mode des biocarburants, la spéculation, le changement climatique, l'évolution des modes de vie et l'impact de la mondialisation. Cette disette menace les économies les plus fragiles, déstabilise les Etats. Beaucoup de pays en développement sont au bord de l'effondrement.

La FAO (l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) a poussé un cri d'alarme. La gravité de la situation est telle qu'elle pourrait aboutir à des guerres meurtrières dans les continents africain et asiatique. Avant la récente flambée des prix (en deux mois plus de 50 % pour le riz, en quatre mois plus de 80 % pour les céréales), 854 millions de personnes étaient gravement sous-alimentées et un enfant de moins de 10 ans mourait déjà toutes les cinq secondes. Rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation, le sociologue suisse Jean Ziegler craint une hécatombe.


L’aide alimentaire aux pays pauvres, qui s’élève à soixante millions d’euros pour la France (doublée du fait de la situation), permet aux gouvernements concernés de réduire partiellement le prix du riz pendant un temps : le président Abdoulaye Wade a fixé le prix maximum du kilo de riz à deux cent quatre vingt francs CFA (soit zéro euros quarante deux) et le président haïtien René Préval a imposé une réduction de 15 % du prix du kilo de riz. Pour que le gouvernement haïtien puisse "réagir à la hausse des prix de l'alimentation » devenue « inabordable pour les familles pauvres (Le Monde, 14 avril 2008) », la Banque mondiale a décidé d'octroyer une aide de 10 millions de dollars à Haïti et d'y envoyer des experts pour aider les autorités haïtiennes à répondre à la crise alimentaire.

Dans la crise alimentaire mondiale actuelle, le président sénégalais Abdoulaye Wade a remis en cause la FAO onusienne qui serait, selon lui, comme un « gouffre financier inefficace » et qui prélèverait illégalement 20% des ressources qui lui sont allouées141. Il accuse certaines ONG qui utilisent une partie de l’aide en « administration et frais d’hôtel luxueux de soi-disant experts » et demande des investissements innovants dans l’agriculture142. Ce manque d’efficacité de la FAO sur le terrain est également pointée par certains experts européens et africains, dont le Camerounais Bernard Njonga, président de l’ONG ACDIC (Association citoyenne de défense des intérêts collectifs).

Nous sommes passés « d’une ère d’abondance à une ère de pénurie » affirmait le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans son article « Lueur d’Espoir en Afrique » (Le Monde, 5 mai 2008). Prônant l’exemplarité de son propre pays (la Corée) qui a su « surmonter ses traumatismes pour devenir une puissance économique », il propose de considérer cette situation-problème de la crise alimentaire mondiale comme une « chance immense » de s’attaquer à certains « problèmes fondamentaux des gens les plus démunis du monde, dont 80% sont des agriculteurs pauvres », en particulier en Afrique de l’Ouest.

Dans la Commission des droits de l'homme, le CETIM (Centre Europe – Tiers Monde) dénonce depuis plusieurs années au sein de la FAO le fait que le projet de « Directives volontaires à l’appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate »143 remet en cause le caractère obligatoire du droit à l’alimentation, pourtant reconnu dans plusieurs instruments du droit international. En effet, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels consacre le droit à l’alimentation et son caractère obligatoire pour les Etats. Les « Directives volontaires » pour la réalisation du droit à l’alimentation constituent une régression et une façon d’esquiver les obligations de certains Etats dans ce domaine.

La philosophie de ces accords dénie la primauté des droits humains sur le commerce international, pourtant rappelée par la Commission des droits de l’homme, la Sous-commission et les organes conventionnels. Cela interroge sur la capacité des agences onusiennes à lutter contre la faim et la pauvreté quand le principe de souveraineté alimentaire n’est plus promu. Car seul ce principe peut permettre aux peuples « d’engager une politique cohérente en tenant compte de tous les paramètres sociaux et écologiques d’un pays » et « de mettre fin aux incohérences du système international (Ibid.) ». La famine et la pauvreté ne peuvent être qu’aggravées lorsque les droits humains sont soumis aux impératifs des institutions commerciales et financières internationales.

Le slogan du CETIM symbolise cette tension entre la défense des droits humains et les impératifs des institutions commerciales et financières internationales : « Il n’y a pas un monde développé et un monde sous-développé mais un monde mal développé.»

Car, s’il n’y a pas de famine dans les pays développés, la malnutrition et la faim touchent également la population en situation de précarité et d’exclusion. Les organisations caritatives, comme les restaurants du cœur et la banque alimentaire144, pallient aux failles étatiques. Elles dénoncent actuellement une augmentation des besoins alimentaires de la population française, les petits revenus permettant de moins en moins de faire face à la flambée des loyers et des charges diverses. Les ménages français les plus modestes opèrent des arbitrages drastiques pour gérer leur budget. En plus de la hausse des prix des denrées alimentaires, une inquiétude commence à apparaitre face à la restriction des possibilités de récupération des produits alimentaires dans les grandes surfaces.

Dans son ouvrage Quand la misère chasse la pauvreté (2003), Majid Rahnema dénonce la propagation généralisée de la misère et de l’indigence. Ce scandale est d’autant plus inadmissible que nos sociétés sont à même de l’éviter. Constatant que la machine à créer des biens est la même que celle qui fabrique la misère, il propose une transformation radicale de nos modes de vie. Selon lui, la condition sine qua non de lutter sérieusement contre la misère est de réinventer la pauvreté choisie.

Economicisation de la société, mirages de la croissance économique, construction du « pauvre » mondialisé (comme celui qui manque de biens matériels – enjeux des pouvoirs dominants - et non comme manquant de richesse intérieure ou de relation). La « colonisation de l’imaginaire » est en place pour que les pays « pauvres » adhèrent à l’idéologie du « développement ». Ainsi ils deviennent « eux-mêmes le produit d’une forme modernisée et subtile de la colonisation : celle qui conquiert l’imaginaire de ses victimes. Le « développement » est un mot meurtrier qui a une histoire. Cinquante ans après l’introduction de ce mot qui fonctionne comme un mythe, les malheurs qu’il a provoqué (que les économistes appellent retombées ou effets collatéraux) se comptent en termes de déracinement, de paupérisation et de production de la lèpre sociale (Ibid. 2003, 188 – 193) ».

Le Sénégal, un Etat « lépreux » ?


Le 6 mai 2008, lorsque, dans sa colère, le président sénégalais s’exclame « L'Afrique ne veut plus faire "l'aumône" 145», il exprime l’allégeance des pays en développement vis-à-vis des institutions onusiennes et des Institutions financières internationales (Fonds monétaire international, Banque mondiale...). La situation de lèpre sociale, vécue par les personnes lépreuses à Dakar, se retrouve d’une certaine manière dans les relations interétatiques et dans les enjeux de pouvoir international. L’Etat sénégalais demande à accéder au développement autonome du pays, plutôt que de bénéficier d’une aide – cette aide alimentaire internationale qui, selon le président Abdoulaye Wade, est gaspillée à entretenir des hauts fonctionnaires internationaux au lieu de bénéficier aux plus pauvres – et gérée par l’extérieur. La revendication de sortie de la mendicité de l’Etat - qui réclame des moyens et une gestion autonome du développement – est en résonnance complète avec les revendications des lépreux mendiant dans les rues de la capitale sénégalaise. La lèpre sociale, vécue individuellement, atteint de fait tous les niveaux de la société, jusqu’à l’Etat en prise avec les impératifs de bonne gouvernance et les enjeux de la mondialisation : un Etat – lépreux, réduit à la mendicité et incapable de répondre aux besoins de sa population vulnérable.

M. Jacques Diouf, Directeur général de la FAO146, répond au président sénégalais en défendant cette « Institution de 190 pays membres ». Il précise que la FAO fait le travail d’assistance technique, des actions de formation sur le terrain, des projets de production de riz, de cultures maraîchères, d’aviculture, d’élevage, de mise à disposition d’experts, etc.

Mais les institutions bilatérales, régionales et internationales ont diminué jusqu’à des niveaux critiques leur engagement en faveur de l’agriculture, et ce malgré le Sommet mondial de l’alimentation organisé en 2002 par le FAO « pour attirer l’attention de la communauté internationale sur cette situation et mis en évidence le manque de volonté politique et de ressources pour lutter contre l’insécurité alimentaire » 147 . La crise alimentaire comporte plusieurs facteurs selon l’analyse de la FAO :

Le Directeur général de la FAO constate la relative impuissance de son organisation face aux stratégies soutenues par les institutions commerciales et financières internationales, ainsi que le peu de réactivité des Etats.

Depuis ces révoltes contre la famine, dans les rues de Dakar, les mendiants constatent également que les populations qui donnaient jusque là n’ont plus les moyens de le faire. Les revenus de la mendicité ne cessent de s’amenuiser.

‘« On passe des journées entières sans rien recevoir, ou au mieux quelques piécettes. Les gens ne nous donnent pratiquement plus rien. Ils n’arrivent plus à s’acheter du riz pour eux, alors nous… qu’est ce qu’on va devenir ?» se plaint un des lépreux. ’

L’angoisse de la survie et le spectre de la faim envahit les groupes de lépreux. La délinquance et l’insécurité s’accroissent. Les banques commencent à se faire attaquer par des bandes très structurées. On assiste à l’apparition de mafias internationales organisées148, sous traitant les mafias africaines, au Sénégal.

Les sénégalais pauvres sentent se sentent davantage précarisés. « Faire le gorgorlou » rapporte de moins en moins la dépense quotidienne pour nourrir la famille et payer le loyer. La crise du logement à Dakar se fait sentir. Certains en arrivent à envier les lépreux : « Eux, au moins, ils ont un terrain, une maison… Il y a des organismes qui les aident. En plus, avec la mendicité, ils gagnent plus d’argent que nous. »

Le niveau de vie se dégradant progressivement, les familles poussent leurs jeunes à tenter l’eldorado européen. Ils rêvent et ils comptent sur leur réussite en Europe pour subvenir aux besoins familiaux en envoyant des devises via « Western union »149. Les familles des lépreux se cotisent pour payer le voyage en pirogue clandestine (appelées les « kyukos », ce qui signifie pirogue en espagnol) du Sénégal (pays d’origine) vers les îles Canaries (pays d’accueil).

Une femme lépreuse d’une soixantaine d’années nous confiait discrètement : « Moi aussi, j’ai envoyé mon fils en Espagne. Le voyage nous a coûté dans les cent mille francs CFA. »

Les voyageurs, entassés, peuvent être jusqu’à une centaine de personnes par pirogue. Un certain nombre meurent en mer et les villages sont endeuillés. Pour prévenir ces drames, des collectifs de femmes pour la lutte contre l'émigration clandestine se sont mis en place. Le journal dakarois Wal Kiri du 6 mai 2008 montre que, malgré le dispositif Frontex150 et l’extrême surveillance des zones côtières sénégalaises et le rapatriement des clandestins vers leur pays d’origine dès leur arrivée, l’espoir du gain et d’un mieux-vivre - voire d’une réussite sociale - mobilise toujours certains jeunes africains. « Le transfert de fonds des émigrés vers leur pays d'origine est considéré comme une "mine d'or" par les experts financiers151. »

Western Union (WU), leader mondial des transferts d'argent en espèces, tient à ne pas perdre sa place de leader sur un marché en pleine expansion. Dans ses publicités, WU vante les liens entre les peuples et le profil humaniste de sa compagnie.

Selon le Fond monétaire international (FMI), la première source de financement extérieur des pays en développement vient des migrants152. Au Sénégal, les budgets des ménages sont constitués pour moitié par des versements de l'étranger. Les envois très rentables vers l’Afrique sont une manne pour WU, car il n’y a pas de rapport de force local, comme avec les organisations latino-américaines par exemple.

C’est pourquoi l’Europe s’intéresse aux transferts d’argent des immigrés153. La Banque européenne d’investissement (BEI) plaide pour une optimalisation de ces versements pourraient être mieux utilisés pour favoriser le développement économique local. La réduction des commissions permettrait aux migrants d’accroitre leur épargne et d’envoyer plus d’argent au pays ainsi que de réduire le circuit informel. La BEI recommande une action politique en vue de la diminution des coûts d’envoi et de l’orientation des fonds vers le financement de projets d’infrastructures ou de PME (Petites et moyennes entreprises).

Les migrants, de plus en plus nombreux (deux cent millions en 2005 selon la BEI) dans le monde participent à l’amélioration du bien-être et à la réduction de la pauvreté dans leur pays d’origine. Ces transferts d’argent leur permettent de maintenir des liens avec leur famille et leur pays natal, en soutenant principalement les dépenses des ménages ou l’éducation des enfants, mais aussi le maintien d’un niveau de consommation en cas de choc économique pour leur famille. Leur argent soutient aussi la création d’entreprises, la construction de centres de santé, d’écoles ou de mosquées.

Les envois de fonds des migrants sont la principale source de financement extérieur et la principale source de devises pour beaucoup de pays. Ces flux sont en croissance constante et restent peu sensibles à la conjoncture, contrairement aux investissements directs. Tempérant les effets positifs de ces transferts, certains experts du continent africain mettent l’accent sur leurs effets pervers : la dépendance chez les bénéficiaires et l’encouragement à la migration des jeunes travailleurs.

Le sommet du G8 a cherché à proposer des initiatives pour trouver de l’argent pour le développement. L’ONU s’est effectivement engagée à réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015, donne lieu à toutes sortes d’initiatives. La Grande-Bretagne a proposé à la communauté internationale de faire appel aux marchés financiers ; la France, la faisabilité d’une taxe internationale ; Les Etats Unis d’utiliser l’argent qui existe en facilitant les transferts de fonds154. Paris insiste alors que la facilitation des transferts de fonds ne se substitue pas à l’aide publique au développement.

Dans Communauté et socialités, Francine Saillant souligne les redéfinitions fondamentales de la relation nature – culture. « La nature devient aussi malléable que la culture, au cœur de la matérialité des rapports sociaux, du pouvoir (…). » Notamment ce lieu du pouvoir est inscrit dans le corps. « Par son déplacement et son incursion vers le cœur du vivant, dont le corps est la traditionnelle icône, le capitalisme néolibéral et transnational ne prend pour terrain le seul corps mais aussi le lien entre le corps et ce qui fait l’espèce, soit la communauté des vivants, et étend sa quête à tous les terains du vivant par la manipulation de sa chaîne et de ses codes. Il agit sur la socialité. » (Ibid. 2005, 179).

Ainsi, la question sociale de la lèpre sociale, ancrée dans le corps, est indissociable du contexte local et est en interaction direct avec le contexte global de la mondialisation. Elle est directement reliée aux droits des peuples.

Notes
141.

appablog.wordpress.com African Press Organisation, le 15 mai 2008

142.

Le président sénégalais renouvelle ses promesses d’autosuffisance alimentaire à court terme pour son pays à travers la GOANA (la Grande offensive pour la nourriture et l’abondance), se rapprochant de l’Inde pour lancer « un plan d’irrigation de grandes étendues de terres de 240 000 hectares pour produire du riz dans la vallée du fleuve Sénégal ( www.rfi.fr/actufr/articles/101/article_65844.asp le 16 mai 2008)».

143.

Ce projet a été élaboré par un groupe de travail intergouvernemental au sein de la FAO en 2004, en le subordonnant aux accords négociés au sein de l’OMC. Cf : directive n° 8 ( www.cetim.ch/fr/interventions , le 16 mai 2008).

144.

En France, les 79 Banques Alimentaires ont distribué 143 millions de repas aux 4900 associations partenaires pour les personnes en situation difficile. Leurs principales sources gratuites d’approvisionnement sont l’industrie agroalimentaire, la grande distribution, l’Union européenne et le grand public. Mais elles sont « confrontées à un effet de ciseaux entre une offre de produits en réduction et une demande d’aide alimentaire en augmentation ». Bilan 2007
www.categorynet.com/.../consommation/les- banques - alimentaires -et-l'augmentation-des-prix , le 30 avril 2008

146.

Depuis 1994, des Programmes spéciaux de sécurité alimentaire (PSSA) sont opérationnels dans plus de 100 pays. A la demande de gouvernements africains, 51 pays ont bénéficié programmes nationaux dans le cadre du PDDAA (Programme détaillé de développement agricole) géré par la FAO. Communiqué de presse en dix points de la FAO, Rome, appablog.wordpress.com African Press Organisation, le 15 mai 2008

147.

La part de l’agriculture dans l’aide au développement est passée de 17 % au début des années 80 à 3 % en 2005 (Ibid.)

148.

« La mafia chinoise se marie avec la mafia locale ». Deux cambistes, victimes d'un ''kidnapping'' avant d'être assassinés, ont été retrouvés morts dans une voiture à Dakar. www.seneweb.com/news/article/14621.php , le 7 Mai 2008.

149.

Entreprise financière et de communication spécialisée dans le transfert d’argent (cash to cash), Western Union est basée aux Etats Unis. Elle dispose de 300 000 points de vente dans plus de 200 pays et territoires. Simple, rapide et efficace, elle permet aux sénégalais de transférer l’argent à un membre de leur famille dans les minutes qui suivent la transaction.

150.

Le 1er juillet 2007, le Sénégal et l’Espagne ont reconduit le dispositif anti-émigration clandestine Frontex (créé en septembre 2006 pour surveiller les côtes ouest-africaines et les routes de départ illégal vers l’Europe) pour un an

En 2006, il y avait 35 000 candidats clandestins à l’exil et 4 000 embarcations. En 2007, il n’y a eu que 101 embarcations pour 4 000 personnes à bord, venant de plusieurs pays d’Afrique. L’objectif de Frontex est de « définitivement juguler le phénomène » de l’émigration clandestine, en luttant contre les mafias par des opérations de surveillance (avec deux vedettes, un avion et un hélicoptère espagnols et un avion italien comme moyens logistiques).

Ce dispositif contient un volet de co-développement : l’Espagne finance des aides au retour vers l’agriculture ( Reva ) et la création d’écoles-ateliers (adaptée aux besoins du marché du travail espagnol) http://www.afrik.com/article12007.html , le 21 mai 2008.

152.

Avec un maillage unique de 225 000 agences dans 195 pays, WU déclarait plus de 3 milliards de dollars de bénéfices (2,4 milliards d'euros) en 2005. Ce profit est issu des 25 milliards de dollars de flux qui ont transité par son intermédiaire entre les pays riches et les pays pauvres. En 2005, plus de 160 milliards de dollars ont été envoyés par eux vers leurs pays d'origine, alors que l'aide publique internationale au développement ne s'est élevée qu'à 79 milliards de dollars en 2004. La concurrence et les pressions des organisations latino-américaines ont permis de réduire la commission de 20 % à 5 % des fonds en quinze ans aux Etats-Unis. Mais le transfert vers l'Afrique reste prohibitif.

153.

En 2006, la Banque européenne d’investissement (BEI) révèle qu’environ treize milliards d’euros sont envoyés chaque année depuis l’Europe vers leurs pays d’origine par les immigrés originaires des pays de la Méditerranée. Ces transferts représentent entre 2 et 20% du Produit intérieur brut (PIB) des pays concernés.

http://www.rfi.fr/actufr/articles/075/article_42428.asp , le 15 mai 2008

154.

Chaque année, quelque 100 milliards de dollars sont envoyés par les travailleurs immigrés dans leur pays d’origine, dont un quart en provenance des Etats-Unis. Washington veut faciliter le transfert de ces fonds. Il a convaincu ses partenaires. Le sujet est l’une des "priorités" du sommet des chefs d’Etat du G8 (G7 plus la Russie) prévu du 8 au 10 juin à Sea Island en Géorgie (Etats-Unis). Ces sommes, par leur volume, sont "un facteur-clé de la croissance et de la réduction de la pauvreté", ont déclaré les ministres du G7 à l’issue de leur réunion des 22 et 23 mai à New York. http://www.peuplesmonde.com/article.php3?id_article=109 , le 22 mai 2008