Aux lendemains de la seconde guerre mondiale, l’ONU était considérée comme une plateforme pour gérer les conflits du temps de la guerre froide (les deux superpuissances étant les États-Unis et l’Union soviétique à l’époque)159.
Seuls cinq membres permanents disposaient d’un droit de veto au Conseil de sécurité, les autres pays ne disposant que d’un éventuel droit de parole. Cinquante ans plus tard, il n’existe plus qu’une « hyperpuissance » devant le reste des États membres et le monde vit polarisé sous son influence. De plus, de grands acteurs économiques et politiques, notamment les entreprises transnationales, mettent de côté de nombreux États. La question se pose de l’impact relatif de l’élargissement du Conseil de sécurité et des moyens de rééquilibrer ces forces au niveau mondial.
Si l’ONU joue un rôle de « bonne conscience du monde »160, ce n’est plus à son niveau que se prennent les vraies décisions. La situation mondiale piétine dans le domaine des droits. Dans de nombreux États, les droits fondamentaux des citoyen(ne)s continuent à être bafoués. L’importance du Tribunal pénal international est minée par la position des Etats-Unis qui en nient la validité. Plus que l’ONU, ce sont les mouvements sociaux et leurs grandes mobilisations qui font avancer sur le terrain.
Depuis les années 1980, et sous l’impulsion des Etats-Unis, l’idéologie néolibérale prédomine. Les politiques néolibérales, avec leurs conséquences catastrophiques, sont imposées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international un peu partout dans le monde. Cette idéologie subordonne les droits sociaux et humains à la « logique du marché » et impose au-dessus de toute considération les « droits » des investisseurs et des grands opérateurs économiques.
Si son discours dominant centré sur l’humanisation de la mondialisation néolibérale, l’ONU est partie prenante de cette évolution : la promotion de l’agrobusiness de la FAO, le développement des partenariats public-privé dans l’éducation et la santé par le PNUD (le Programme des Nations Unies pour le développement), les stratégies néolibérales des Sommets sur le développement social et économique, la difficulté de dénouer les crises et les situations de conflits et de violations ouvertes des droits (telles que l’occupation des territoires palestiniens par Israël), etc.
Quelle réforme pourrait-elle permettre à l’ONU de sortir de ce chaos provoqué par la prévalence de la politique américaine ? Des mouvements rêvent d’une autre ONU où la voix des peuples aurait sa place, mettant fin au monopole de la parole capté par les États-Unis.
Aujourd’hui, la plupart des peuples rejettent les politiques néolibérales. Ils veulent que le commerce et le libre-échange cessent de passer avant les droits humains. Ils réclament le jugement des responsables d’atrocités. Ils refusent que les aliments, l’air, l’eau, la santé, le logement, l’éducation soient traités comme des marchandises et exigent que les biens essentiels à la survie de l’humanité soient considérés comme universels et publics.
Des mouvements sociaux et des ONG font pression en élaborant de grandes mobilisations et de grands moments de rassemblement, tel le Forum social mondial. Grâce à leurs luttes, ils réclament et obtiennent parfois cette parole, faisant leur cette déclaration initiale de l’ONU en 1948 : « Nous les peuples ».
« Depuis l’invasion américaine de l’Irak, le rôle et l’avenir de l’ONU sont en jeu. Un des fondements de l’Organisation mise en place en 1948 était justement d’empêcher des actions militaires unilatérales, mais visiblement, l’administration Bush a brisé cette règle. » Pierre Beaudet , le 16 septembre 2005.
http://www.alternatives.ca/article2082.html , (18 mai 2008).
La volonté ou l’espoir de construire un monde meilleur se basent sur la Charte de l’ONU, la Déclaration universelle des droits humains et d’autres documents fondamentaux.