B – Les campagnes menant aux référendums

a) Le référendum écossais : une campagne gagnée d’avance ?

La campagne écossaise du « oui » ou le consensus en action

La campagne du « oui » fut à l’image de la Convention constitutionnelle écossaise et fut l’objet d’un grand consensus. En Ecosse, un collectif nommé Partnership for a Parliament avait été créé dès le début du mois d’avril dans le but de lancer une grande campagne pour un double « oui » au référendum lors de la première quinzaine de mai. Il rassemblait une vingtaine d’associations autonomistes, parmi lesquelles Charter 88, la CSA, des organisations féministes ou encore le STUC. Mais de façon plus significative encore, trois des quatre plus grands partis écossais s’allièrent autour d’une campagne pour le « oui » baptisée Scotland FORward et lancée officiellement le 15 mai 1997. Elle était présidée par Nigel Smith, un grand industriel de Glasgow n’ayant aucune affiliation politique, ce qui fut pour beaucoup dans le maintien du consensus. De façon symbolique, tous les partisans du « oui » utilisèrent le même logo pendant la campagne, à savoir un rectangle au cœur duquel figurait deux fois le mot « yes » correspondant à un double vote « oui » au référendum. Or, le logo aux couleurs de l’Ecosse se déclinait aussi dans chacune des couleurs des trois partis rassemblés au sein de la campagne pour le « oui » créant dès lors une image et un message cohérents. Les travaillistes, les libéraux-démocrates et les nationalistes organisèrent chacun leur propre campagne mais dans le respect du cadre collectif de Scotland FORward.

Si la participation des libéraux-démocrates n’avait jamais fait de doute car ils avaient été traditionnellement favorables à l’octroi de mesures d’autonomie en Ecosse et au pays de Galles et avaient activement participé à la Convention, la présence des nationalistes écossais était quant à elle incertaine. Le SNP avait refusé de se déclarer avant d’avoir pris connaissance du livre blanc sur le futur Parlement écossais mais affirmait en même temps qu’ils ne voyait pas de contradiction entre appeler à voter « oui » au référendum et défendre un projet d’indépendance. Finalement, les nationalistes se déclarèrent officiellement prêts à collaborer à la campagne et à rejoindre Scotland FORward après en avoir décidé au Comité National Exécutif du parti le 27 juillet.

Les travaillistes, autrefois hostiles à l’idée de faire campagne avec les nationalistes, comme nous l’avons évoqué dans notre étude du référendum de 1979, adoptèrent alors un ton plus conciliant à l’égard des nationalistes. Les autonomistes avaient en effet su tirer des leçons de la débâcle de 1979, comme le soulignait le dernier rapport de Scotland FORward, Winning Scotland’s Parliament 198 , et compris l’importance de montrer un front uni pour le projet de dévolution. L’image consensuelle de la campagne était donc cruciale et les trois partis multiplièrent les conférences de presse où leurs leaders s’affichaient ensemble pour défendre un projet commun. Cette volonté fut largement relayée dans la presse par des clichés tels que celui pris à Edimbourg le 7 septembre 1997 devant New Parliament House, que l’on croyait à l’époque l’emplacement du futur Parlement, sur lequel figuraient Donald Dewar pour les travaillistes, Jim Wallace pour les libéraux-démocrates, Alex Salmond et l’acteur Sean Connery pour les nationalistes.

Notes
198.

Scotland FORward, Final Report. Winning Scotland’s Parliament , Edimbourg, 1998.