Duras intervieweuse

Un autre regard sur le rapport de Duras à la presse nous est inspiré par les entretiens de l’écrivain avec le président François Mitterrand. Pourquoi ces dialogues ? Quel lien peut-il exister entre un président de la République et un écrivain ? De quoi pourraient-ils discuter ? Quels éléments nouveaux s’ajoutent au portrait de Duras et quelle réception lui a-t-on réservée en tant qu’ intervieweuse ?

L’Express du 7 mars 1996 publie un témoignage surprenant rendu par un interlocuteur de Duras, Michel Platini, au sujet d’une interview avec celle-ci pour Libération en 1987: « Une heure avec elle, c’est plus dur que n’importe quel match » 703 . Malgré cette « difficulté » à converser avec Duras, l’écrivain, intervieweuse cette fois, trouve des interlocuteurs qui acceptent son style, ses questions, ses défis non seulement pour une heure, mais pour des journées entières... Parmi eux, le Président de la République, François Mitterrand. En effet, ils se connaissent depuis longtemps, depuis 1943. Dans sa biographie de l’écrivain, Laure Adler marque le trajet de leur rencontre 704 . On apprend ainsi qu’en juillet 1943, François Mitterrand fait son premier acte public de résistance. Un acte qu’il a bel et bien accompli, en prenant des risques. Le 10 juillet, salle Wagram, au cours de la journée nationale du Mouvement des prisonniers, il perturbe la séance, crie son dégoût aux autorités d’occupation 705 . Interpellé par les policiers, il quitte la séance en compagnie de quelques camarades devant des policiers indécis. Suite à cet événement, Londres apprécie la provocation et lui décerne un brevet de patriotisme par la voix de Maurice Schumann à BBC 706 . Quelques jours plus tard, a lieu la rencontre de François Mitterrand et de Marguerite Duras, rencontre magnifiée, voire mythifiée, comme la décrit Laure Adler. Pourquoi s’agit-il d’une rencontre mythifiée ? Tout simplement peut-être parce que lorsqu’il s’agit de Duras, le réel se transforme en mythe par le biais de l’écriture ou du dire. D’ailleurs, cet aspect est commenté par la fille du Président, Mazarine Pingeot, qui dit que les propos « gardent, en plus d’une valeur historique et circonstanciée, une portée plus atemporelle, notamment en ce qui concerne l’histoire de France, celle de l’Afrique, […] et le souvenir de cet épisode tragique, l’arrestation de Robert et de Marie-Louise Antelme, dans cet appartement de la rue Dupin » 707 . Elle dit que les années de guerre plus que les autres ont le pouvoir de créer des liens et des amitiés. C’est le romantisme des dialogues qui adoucit l’horreur et la douceur des voix des autres qui couvre la brutalité. « Aussi cette rue Dupin et cette rue Saint-Benoît sont-elles à mes yeux demeurées mythiques » 708 , avoue Mazarine Pingeot.

Mythique ou légendaire est aussi l’épisode raconté par Duras lors des discussions avec le Président, au sujet de la cigarette anglaise. La mémoire joue des tours et les dates se brouillent. Quand François Mitterrand rencontre Marguerite Duras, il ne revient pas d’Angleterre comme le laisse croire la légende qui enveloppe un Mitterrand-Morland, une légende noyée dans la fumée des cigarettes anglaises. Mitterrand revient de Vichy (où il a une activité politique intense au sein de la communauté des prisonniers de guerre et collabore avec l’ensemble des branches de la Résistance, tant à Alger qu’à Londres). L’Angleterre, ce sera l’année d’après 709 . Mais comme la chronologie n’est pas privilégiée chez Duras, on n’insiste pas sur les dates.

Ce qui attire en revanche notre attention c’est la manière dont Duras parle dans les entretiens. Il faut remarquer peut-être que malgré leur caractère politique, les discussions poursuivent la manière durassienne de raconter des histoires. L’écrivain intervieweuse transforme le débat en récit. Des phrases courtes, parsemées de « vous » et de « il », donnent l’impression qu’on se trouve dans un livre de Duras. La discussion avec le Président perd son caractère officiel et intègre l’ensemble de l’œuvre durassienne. L’écrivain sait ramener tout à elle, à sa manière de faire de la littérature. Il suffit d’un seul fragment tiré du premier entretien, celui qui a été choisi par Gallimard pour la quatrième des couvertures du livre Le bureau de poste de la rue Dupin 710 , pour exemplifier ce passage du réel vers le mythe ou comment le dire devient de la littérature chez Duras. L’écrivain y parle de son entrée dans la Résistance, mais cela devient presque une légende :

‘«M. D. : Il y a une chose que vous avez dû oublier. Et dont moi qui oublie tout je me souviens de façon lumineuse : c’est la première fois qu’on s’est vus, ici, dans cet appartement. C’était tard dans la soirée, vous étiez deux. Vous vous êtes assis devant la cheminée du salon, de part et d’autre d’un poêle […]. Il y avait Mascolo. Vous avez parlé ensemble tous les trois, mais très peu. Et tout à coup vous avez fumé, et la pièce a été envahie par l’odeur de la cigarette anglaise. Il y avait trois ans que je n’avais senti cette odeur. Je n’ai pas compris. J’ai crié : "Mais vous fumez une cigarette anglaise !" Vous avez dit : "Oh pardon…" Vous avez pris votre paquet dans votre poche et la cigarette que vous fumiez et vous avez tout jeté dans le feu. […] J’ai compris ce soir-là que nous étions entrés dans la Résistance, que c’était fait. » 711

Il faut peut-être noter que le premier entretien de Duras avec Mitterrand a lieu une semaine après la publication de l’article scandaleux sur Christine Villemin 712 . Michel Butel, qui prépare la naissance de L’Autre Journal 713 ,a envie de faire dialoguer Duras et Mitterrand. François Mitterrand aime la littérature, Duras aime la politique. A chacun d’entre eux, il explique que l’autre souhaite le rencontrer. La ruse fonctionne. L’affaire est vite conclue. Mitterrand, pendant l’entretien, qui se déroule rue Saint-Benoît, a des trous de mémoire. Marguerite Duras est gênée et tente de rétablir les faits, puis renonce à le reprendre sur la chronologie de la Résistance 714 . Elle demande à le revoir. Mitterrand accepte parce que c’est Marguerite, l’ancienne épouse de Robert Antelme 715 qu’il admirait tant et qu’il est allé voir souvent à l’hôpital pendant sa longue maladie, et parce qu’elle l’amuse par ses manières, ses coq-à-l’âne 716 .

Le second rendez-vous a lieu à l’Elysée le 23 janvier 1986. Marguerite Duras arrive sans avoir rien préparé. Elle dit ce qui lui vient à l’esprit. Rien de neuf, car c’est son plaisir celui de parler ou d’écrire librement, sans avoir pris de notes, sans faire de projet, comme dans Les Parleuses.

Au nombre de cinq, les entretiens qui se déroulent entre juillet 1985 et avril 1986, traitent des sujets suivants : les années de la Résistance, la question de l’immigration, le racisme, le nationalisme, la dissuasion nucléaire, l’Afrique, les animaux, l’enfance, les plantes, les Etats–Unis (alors dirigés par Reagan, à qui Duras porte un grand intérêt…). Autant de sujets issus de la « noblesse de la banalité » 717 , comme Duras aime appeler la grandeur du commun, celui qui permet d’être au monde et en même temps de plonger dans le mythe. Car, avoue-t-elle à Leslie Kaplan dans un entretien avec celle-ci sur son livre L’excès-l’usine 718 , « le réel porte en lui-même sa propre fiction. Je suis complètement d’accord avec le terme irréalité » 719 .

Comment le Président réagit-il face aux techniques durassiennes de transformer tout en littérature ? Séduit par la liberté de ton de Marguerite, Mitterrand quitte la langue de bois des hommes politiques et parle souvent à la première personne. Marguerite, « dans le rôle d’accoucheuse, se prend au jeu et souhaite compléter ces entretiens » 720 . Mais Mitterrand les interrompt. Elle ne cesse alors de harceler son secrétariat, car elle désire en faire un livre. Elle trouve un titre, Le bureau de poste de la rue Dupin, fixe le nombre de pages : 204 et même le nombre de signes : 298000 721 . Gallimard propose à Marguerite un à-valoir de 200000 francs. Mais Marguerite n’obtient pas le rendez-vous. Mitterrand, fidèle à sa réputation, ne dit ni oui, ni non. Duras ne se décourage pas, elle insiste. Et Laure Adler décrit l’état d’impatience de Marguerite qui « tempête, exige des explications… » 722 Trois ans plus tard, elle ne désespère toujours pas de faire aboutir son projet. Elle a changé de titre : Le dernier pays avant la mer. Elle souhaite même publier les entretiens tels quels, sans complément car ce sont des « textes intelligents, très forts, très émotionnants » 723 . Mitterrand est charmé par Duras, admire certains de ses livres (dont Les Petits chevaux de Tarquinia, Un Barrage contre le Pacifique), reconnaît son énergie et sa flamme, mais n’a pas une grande confiance en elle en ce qui concerne l’exactitude des faits. Laure Adler note que Mitterrand pensait qu’à force de vouloir jouer à tout prix le rôle de provocatrice, Duras empêchait, par sa manière de le questionner, le véritable débat politique. Il se méfie aussi de son narcissisme et de sa manière systématique de tout ramener à elle. Il ne souhaite pas qu’elle s’arroge le rôle de biographe autorisée qui recueille les véritables pensées d’un président en exercice. Marguerite ne reverra plus Mitterrand. Nous tenons pourtant à préciser que le rêve durassien de publier ces entretiens s’est concrétisé dix ans après leur mort 724 . Leurs propos réunis, enrichis de notes et de témoignages qui en éclairent le contexte, ont été publiés chez Gallimard, en janvier 2006, sous le titre Le bureau de poste de la rue Dupin et autres entretiens. 725

Dans les entretiens de Duras avec Mitterrand, on se retrouve à nouveau dans l’atmosphère des Parleuses, car cette « conversation amicale s’en va de-ci, de-là, vers d’autres sujets, l’Afrique, l’Amérique. Il s’est essayé à la rigueur, mais la liberté de la parole a vite repris ses droits. » 726 , comme tient à le préciser Mazarine Pingeot, la fille du Président, dans la préface du Bureau de poste de la rue Dupin. Elle rappelle au lecteur qu’il ne s’agit pas d’un texte écrit, mais bien d’un entretien entre deux amis de longue date. Aucun des deux n’a retravaillé le texte pour en faire un livre, « et pourtant chez ces gens de lettres, l’oralité a presque la valeur d’écrit. » 727

Dans ces entretiens, Duras ramène tout à elle, rapporte tout à sa vie, à son expérience vécue. Son côté narcissique ne la quitte jamais, au risque de « barrer tout sens des réalités », comme le note Georges-Arthur Goldschmidt, dans un article-témoignage très intéressant, « La robe blanche de la réalité » 728 . Il met en exergue dans son article le talent qu’a Duras à transformer la réalité en rapportant tout à elle. Tout ce qui passe par Duras risque de devenir une légende. Dans une interview que Duras accorde au Nouvel Observateur 729 en juin 1992, elle raconte qu’un jour le germaniste Georges-Arthur Goldschmidt, après avoir fini la lecture de L’Eté 80, l’appelle et lui dit : « Vous me donnez Shakespeare et L’Eté 80 et je vous refais l’histoire du monde » 730 . « C’est beau, non ? » s’exclame Duras fière de son livre. Et tout de suite, elle dit que le germaniste lui a parlé d’une certaine femme, très élégante, vêtue de blanc, qui attendait dans une gare allemande, pendant la guerre, un train pour les camps. Duras se met à raconter l’histoire de cette femme et la beauté de son dire, son style, sont remarquables :

‘ « Elle avait débarqué là, et elle attendait un train qui devait l’emmener vers la mort, elle, la femme inconnue. Mais coiffée comme elle était, d’un chapeau de paille et légèrement fardée, elle avait un charme anglais, une assurance, une silhouette qui lui donnaient l’air de ce qu’on voudra, sauf d’attendre un train pour Auschwitz. Elle semblait bien trop absente à sa propre histoire pour qu’on songe seulement à l’y faire entrer, et même pour éveiller le soupçon. Et c’est ce qui l’a sauvée. Elle n’a jamais pris le train des camps, ni ce jour-là ni les jours suivants. Car elle avait fini par s’installer dans cette gare, avec pour seul compagnon un chef de gare qui ne se doutait de rien. Voilà. C’est ma seule nostalgie, j’aurais voulu être juive. […] 731 .’

On comprend, selon le témoignage de Georges-Arthur Goldschmidt, que Duras nuance, bien plus, elle invente cette histoire. Le germaniste ne lui a jamais parlé d’une telle femme. C’est vrai qu’il a lu L’Eté 80, qu’il a beaucoup aimé ce livre, mais que de tout ce qu’il lui avait raconté, Duras a fait cette belle phrase sur Shakespeare, sur L’Eté 80 et surl’histoire du monde. C’est vrai aussi qu’ils ont discuté sur la déportation, sur les trains allemands et surtout qu’il lui a montré trente dessins et le carnet où son père 732 a retenu ce qu’il a vu : « Départs de convois pour Auschwitz ou visages d’autres déportés. […] Le dessin qui a frappé Marguerite Duras représente une femme âgée habillée de noir assise sur un tronc d’arbre » 733 . On se demande alors d’où vient cette femme habillée de blanc ? Pourquoi Duras la conçoit-elle ainsi et pourquoi veut-elle s’identifier à elle ? Il est bien curieux, peut-on affirmer avec l’auteur de cet article, que Duras ait ainsi pu poétiser la plus anonyme et terrifiante des réalités. Une vieille femme probablement plongée dans l’atonie et « l’absence à son propre histoire » 734 devient cette femme dont on se demande comment elle a pu être débarquée d’un train de déportés. Tout le monde sait, tient à rappeler l’auteur de l’article, que ces trains ne s’arrêtent jamais et en tout cas pas pour faire descendre des déportés. Duras transforme la réalité selon son désir. En ce cas, elle « transforme les trains pour Auschwitz en trains de plaisir », « comme si une femme élégante échappait au destin commun du fait de son élégance, comme si c’était la blancheur qu’on voyait, emblématiquement brandie pour bien montrer que la poésie reste fidèle au poste ! » 735 C’est dans cette perspective que l’auteur parle du narcissisme durassien qui barre tout sens des réalités.

Rien de plus étrange que cette « volonté de métamorphose littéraire », « comme si tout ressemblait à tout. Il y a là une esthétisation du crime absolu qui signifie tout simplement : ne vous inquiétez pas, nous en faisons notre affaire : un beau texte qui comptera. » 736 Cette propension de Duras à transformer la réalité est une sorte de « neutralisation pour ramener l’inassimilable à la normalité » 737 . Ce phénomène est d’ailleurs fréquent chez Duras. Ainsi dans l’article qu’elle écrit sur l’affaire Villemin, le germaniste remarque que, sans s’en rendre compte, elle veut atténuer, effacer, réintégrer ce qui est uniquement d’ordre meurtrier, criminel. Ce qui est choquant et scandaleux chez Duras, c’est son désir de normaliser les gestes criminels, de faire apparaître l’indifférence. Or rien n’était plus visible sur les dessins des déportés que la désolation des gens qui attendaient consciemment la mort. Ce que Duras veut montrer au moins dans ce cas, c’est « que désormais le monde de l’homme est aboli, irrémédiablement, qu’en somme il n’y a plus désormais d’humanité mais seulement une espèce » 738 . L’ « idéalisme esthétique » de Duras fait qu’il existe une écriture « malgré elle », comme il existe une « voix malgré elle » 739 . C’est ce que Sheila Concari exprime dans le poème qu’elle dédie à Duras, dix ans après la mort de l’écrivain, tout en en mettant en exergue le talent de « déguiser, de chercher une allure molle, un filtrage, une lumière moins directe des ombres moins dures » 740 .

Narcissique ou pas, Duras ramène tout à elle, s’identifie à ses personnages pour apprivoiser peut-être un monde intolérant, vindicatif, capturé par la douleur. Rejoindre une vie idéalisée pourrait la soulager. Est-ce que ce sont ces mêmes impulsions narcissiques qui font peur au Président Mitterrand, cette tendance à transformer la réalité et à compromettre ainsi le débat politique ? Certainement non, car il connaît Duras et l’apprécie beaucoup. Ils discutent de la politique, mais rien n’empêche qu’ils le fassent de temps en temps dans un style littéraire.

Dans cette perspective, un autre regard sur ces entretiens est possible, qui vise plutôt le côté littéraire des discussions et non seulement leur caractère politique. C’est la démarche la plus valorisante, d’autant plus que nous abordons ces dialogues dans la perspective de la réception de Marguerite Duras. En parlant de l’Amérique, par exemple, elle revient à son enfance. Elle ne peut jamais renoncer à en parler. Ainsi, lorsque Mitterrand lui demande si elle connaît « le monde immense de l’Amérique latine qui est passionnant », elle dit : « Je n’y suis jamais allée. Il me semblait que ça faisait partie d’un acquis que j’avais eu à l’école. Que ce n’était pas la peine. Que, du fait aussi de mon enfance en Indochine, je pouvais ne pas aller voir ce côté-là de la Terre » 741 .

L’idée de son enfance indochinoise fait renaître les souvenirs du président, qui parle à son tour de son enfance, de la manière dont il avait pris connaissance pour la première fois des pays du monde. On retient ce passage pour la beauté du discours dont on dirait qu’il a été fait expressément pour les enfants :

‘« Puisque vous parlez de l’enfance, moi, j’avais l’impression de connaître le monde, par les cartes sur les atlas, les planisphères, quelquefois les mappemondes. Et, selon la couleur choisie par l’éditeur, je fixais mes sympathies et mes antipathies. Il y avait un certain vieux rose, je me souviens, qui marquait l’Inde, et un autre, profond, pour Bornéo. Et l’Egypte, ocre jaune. J’ai toujours rêvé d’aller dans ce pays. J’y suis allé et j’ai reçu en pleine figure l’éblouissement premier. Pour quelques bistres douteux, des pays sont morts dans mon esprit. Avec ce bagage-là, pas facile d’entrer dans la réalité ! J’y suis entré pourtant, j’ai voyagé, corrigé mes préjugés exagérément subjectifs. Mais les simples cartes coloriées de mon enfance ont quand même déterminé ma connaissance du monde. C’est comme ça que les choses se font. » 742 ’ ‘’

D’ailleurs, on a parfois l’impression que ces entretiens ont des parties spécialement conçues pour les enfants. Deux fois de suite Duras signale qu’elle parle pour eux. La première fois lorsqu’elle confond le porte-avion Richelieu avec le sous-marin nucléaire qui allait être achevé en 1994 et dont elle se montre fascinée tout en tenant à expliquer aux enfants le fonctionnement de cet engin : « Ils passent sous les pôles, ces sous-marins, très profond dans les chenaux entre les glaces. Je dis ça pour les enfants » 743 .

Ensuite, lors du même entretien, elle raconte l’histoire des fourmis rouges qui attaquèrent la petite maison du président que celui-ci a prêtée à l’écrivain et à son fils, qui venait de naître :

‘« Une nuit, une fois, dans cette maison, il y a eu un bruit sourd et continu sous la toiture, un rongement général. On a cherché longtemps ce que c’était. C’était un torrent de fourmis rouges, les grandes, les fourmis des colonies, qui se déplaçaient dans les gouttières de la maison. Tout à coup ça a été l’Amazonie dans la Nièvre. Ça nous a fait peur comme une déclaration de guerre. Ça a duré des heures, la lutte. Le bébé était dans la maison et on avait très peur. Il y en avait des milliards. On a essayé de les noyer avec un tuyau d’arrosage, puis de les brûler avec du pétrole, aucun résultat, elles se déplaçaient plus vite que le feu. Et puis, à un moment donné, une datation importante a dû se produire dans leur histoire, elles sont reparties vers le centre de la terre. Ça aussi, c’est pour les enfants. » 744 ’ ‘’

Duras ramène tout à elle, à l’écrivain qu’elle est, car finalement le débat politique qu’elle entretient existe grâce à l’art. A son avis, le devenir d’un peuple ou d’un individu n’est possible que par l’art qui subsiste à jamais et qui rend libre. Duras évoque en ce sens le Raï, ce qui signifie en arabe « L’Idée, l’Opinion, l’Irrigation pendant les Fêtes de la pluie ». Ce terme « marque l’abandon de la musique classique algérienne, qui est la musique de l’Andalousie, en faveur du Raï, qui est venu d’Oran, qui a la cadence des danses du Sud algérien, et qui est une sorte de rock occidental et oriental à la fois. Il y a des concerts de plusieurs milliers de jeunes. Ils sont resplendissants de bonheur. Il n’y aura rien à faire contre cette espèce d’internationale de la danse moderne, cette grande rythmique animale qui agit mystérieusement sur la jeunesse et qui en fait un corps indépendant, libre. » 745 En parlant d’Israël, Duras dit, très littérairement, qu’ « il n’y a rien à voir. C’est un pays invisible. C’est le sommet de la nuit, du non-voir. C’est ici qu’il faut en passer par l’écrit, par les mots » 746 . Ces propos nous rappellent un autre endroit durassien de l’écriture, dont elle dit qu’il n’y a rien à voir : Hiroshima. La célèbre phrase du début de Hiroshima mon amour, « Tu n’a rien vu à Hiroshima » 747 , veut dire le vide du monde, la destruction totale des lieux et de l’espoir. C’est l’oubli de la chose, l’ « horreur de l’oubli » 748 , l’impossibilité de parler de la destruction, mais aussi la reconstruction par l’écriture. Calcutta, Hiroshima, Israël en sont les symboles choisis par Duras.

Il n’y a que l’ « art qui subsiste à tous les changements sociaux, politiques » 749 , dit Duras, c’est pourquoi « il faut passer par l’écrit » 750 , par la littérature, par le mythe, pour subsister politiquement et spirituellement, reconnaît Mitterrand. Si une écriture se perd, une civilisation entière peut disparaître avec, s’accordent les deux protagonistes. Mitterrand, autant que Duras, inspiré par son interlocutrice, fait lui-même de la littérature 751 et parle comme un écrivain, en disant que « nous sommes les vivants dans la cité des morts au jour de la résurrection », en faisant référence, bien sûr, à l’Egypte et aux hiéroglyphes qui ont vu passer des « siècles de poussière sur le tombeau des mots » 752 .

La manière dont Duras exprime son credo politique est littéraire et nous rappelle son style utilisé dans l’écriture : répétitions des mots clés et fréquence de mots chers à l’écrivain (« jouissance », « anéantissement », « connaissance », « rien »). En parlant de la guerre et du « corps à corps » qui existait encore en 1914, Duras dit :

‘ « Je pense que la guerre, au stade de cette menace d’anéantissement constante, c’est un facteur d’agrandissement de la planète. Elle est trop petite, déjà, la planète. Ce facteur ne fait pas que procurer à l’homme des surfaces nouvelles - invivables pour l’homme - mais à partir desquelles il pourra protéger la terre, son habitat, sa surface d’origine relativement vivable. Avant tout, ce facteur-là ne sert à rien à l’homme. L’homme y va voir pour rien de ce qu’il se raconte, la connaissance, la guerre. Ce rien est à double sens : l’homme y va pour rien et l’homme y va pour chercher cette pure jouissance, ce rien. » 753

Ou bien, lorsque l’écrivain veut interviewer le président sur la question de l’immigration, elle le fait à l’image de son écriture, en usant du même style, des mêmes mots :

‘« Marguerite Duras : Il y a quelquefois dans nos rues de jeunes inconnus yeux noirs, cheveux frisés sur qui le regard s’attarde. C’est quelquefois le soir, ou au matin, quand le soleil est encore pâle, ou sous des lumières violentes. Ils ont une manière d’être regardés qui n’appartient qu’à eux et ils font pourtant comme s’ils n’étaient pas vus… ’ ‘F. Mitterrand : Je pense, Marguerite, que vous voulez me parler de la question du vote des immigrés. […] Au demeurant, je ne crois pas qu’il soit urgent de donner une solution à ce problème. » 754

A une simple lecture des entretiens, on peut se demander quels effets ont eu ces discussions sur leur public ? Certes, ce sont des dialogues riches en informations sur la situation politique de certains pays du monde et sur la vie personnelle des deux stars de l’époque, avec des témoignages parfois émouvants, touchants, telle l’histoire du père du président qui commença sa carrière comme cheminot, recevant un petit salaire et dont il gardait encore sur son bureau les fiches de paie en signe de respect. Mais y a-t-il eu des effets visibles sur les lecteurs ou sur les auditeurs, sachant que c’est la réception qui valorise une œuvre ?

En effet, les jaillissements littéraires de ces discussions à caractère politique sont à l’origine de deux représentations théâtrales qui ont eu lieu en 1988 et en 1992 tirées de ces entretiens. Il s’agit d’une pièce jouée au Petit-Odéon le 27 avril 1988, intitulée « L’entretien » 755 , et d’une autre, « Marguerite et le président », jouée au Théâtre de l’Aquarium du 1erdécembre 1992 au 2 janvier 1993 756 . De nouveau, Duras donne envie de créer. Les journaux en parlent et font l’éloge des deux personnalités de l’époque.

Le président de la République et Marguerite Duras héros de théâtre ? Est-ce possible ? Marguerite Duras passe pour « l’un des guides spirituels les plus respectés d’une époque en quête de phares » 757 . Quant à François Mitterrand, « c’est l’année de l’élection présidentielle », écrit Le Quotidien de Paris. Dans leur duetto, Duras affirme encore une fois sa position politique de gauche, alors que F. Mitterrand rejette l’idée d’une nouvelle élection aux présidentielles. Ce n’est pourtant pas la réalité politique qui nous intéresse, mais leur attitude l’un envers l’autre : l’écrivain parle au président de la politique, mais à la manière dont elle écrit. Ce qui est intéressant, c’est que le président répond à ses remarques, mais de manière durassienne : il imite Duras.

« Un titre à la Duras, un style à la Duras », écrit Le Quotidien de Paris, « l’éminent interlocuteur, fasciné, y prenait en effet le ton, la manière Duras, oubliant mystérieusement qu’il se veut aussi écrivain, qu’il a un style. » 758 Ecoutons-les dialoguer, se défier mutuellement, se confesser, traverser ensemble le champ immense de la parole ! Dans la pièce de théâtre jouée en 1988, on dit que l’entretien est adapté à la conjoncture préélectorale du moment. Marguerite Duras devient « Elle » et le président « Il », deux anonymes aimant discuter de tout et de rien, à l’image de la bonne à tout faire et de l’homme du Square 759 . Les deux voix ne cherchent pas l’accord, disait Blanchot en 1956 à propos des deux personnages du roman, « à la manière des paroles discutantes qui vont de preuve en preuve pour se rencontrer par le simple jeu de la cohérence » 760 . Elles ne cherchent non plus la « compréhension définitive », elles cherchent juste à parler, usant de ce « dernier pouvoir que le hasard leur donne et dont il n’est pas sûr qu’il leur appartienne toujours » 761 . De la même façon, « Elle » et « Il », Duras et le président, parlent comme s’il s’agissait des autres, comme s’ils n’étaient pas concernés par ce qu’ils disent et pourtant ils se retrouvent au cœur de la discussion. L’emploi des pronoms personnels à la place des noms et du conditionnel présent est un exercice auquel l’écrivain s’entraîne toujours et dont elle a l’habitude. Le président la suit de près. Le scénario et la mise en scène que Duras refuse de faire, car elle veut cette fois un regard extérieur 762 , projettent l’entretien dans un bain littéraire aux accents de fiction :

‘« M.D. : Elle dit alors qu’elle est de gauche, viscéralement, violemment, qu’elle l’a toujours été, qu’elle le sera toujours, que c’est quelque chose de palpable, de fort en elle, et qui lui fait mal quelquefois, à en pleurer, le matin surtout, lorsqu’elle croise en rentrant des jeunes gens et des hommes aussi et des femmes qui vont à leur travail, ou qui n’y vont pas, parce qu’ils n’en ont plus, et qu’elle ne comprend pas toujours, qu’elle ne sait pas, qu’elle ne sait plus où est l’espoir, qu’elle se souvient, il y a quelques années…’ ‘F.M. : Pour tout ce qui concerne le Parti socialiste, il faut s’adresser au Parti socialiste. Ces questions là ne sont plus de mon niveau, ou de mon ressort » 763 .’

D’ailleurs, dans l’entretien original, Mitterrand ne cherche pas à soulager la souffrance de Marguerite liée à la déception produite par le communisme, car, dit-il, « celui qui cherche à s’évader ne cessera pas de chercher, puisqu’il cherche un monde meilleur, ou plutôt un monde différent », alors que « ce monde-là se trouve au-delà de l’horizon. On marche, on marche autant que dure l’espérance » 764 . Le président lui fait comprendre qu’aucune société politique n’est capable de répondre à cette aspiration. « Aucune. La quête est métaphysique et la politique ne donne pas de réponse de ce type » 765 .

‘M.D. : Elle dit qu’elle n’imagine pas qu’un jour elle pourrait passer devant la maison où il travaille, sous la surveillance ou la protection des gardes - faut-il plutôt dire surveillance, ou protection ? - et qu’elle ne supporterait pas qu’un autre que lui occupe son fauteuil, qu’un autre que lui soit assis derrière son bureau à lui ! qu’un autre que lui se promène dans le parc, qu’on peut appeler comme on veut, c’est peut-être la bêtise, ou peut-être de l’amour, mais c’est quelque chose qui ne ressemble à rien, ou qui lui ressemble à elle, autrefois, et qui la dévore…’ ‘F. M. : Je pense que vous voulez aborder la question de ma candidature à l’élection présidentielle, donc à ma propre réélection. Eh bien, je vais vous le dire très franchement, un mandat de sept ans, ajouté aux précédents mandats qui furent les miens, aboutit à plus de quarante ans de vie publique – près d’un demi-siècle -, vous vous rendez compte, c’est beaucoup. […]’ ‘M. D. : Et si je vous le demandais ? Là, franchement, alors, entre quat’z’yeux ?’ ‘F. M. : Il dit qu’il ne sait pas, peut-être pourquoi pas, qu’il ne se rend pas compte, qu’il est tard, qu’il n’y a pas de raison, qu’à cette heure tout est possible, que c’est tout vu, que c’est comme si c’était fait, qu’il n’a pas vocation à être…’ ‘ M. D. : Elu, forcément élu. » 766

Le cadre même de la pièce est créé à la manière durassienne. La scène représente un palais, ou peut-être un chalet de bois. Il y a des meubles un peu partout, épars. Le metteur en scène veut que le spectateur ait simultanément l’impression d’un grand luxe et d’un dénuement extrême, d’un grand désordre et d’un ordre rigoureux. On voit tout de suite que c’est un endroit où beaucoup de gens sont passés, à présent désert. Il y aurait un poste de télévision, qui fonctionnerait par moments, peut-être en diffusant une lumière variable, bleutée, multicolore. Au loin, à intervalles réguliers, on entendrait la mer, et plus près, le frémissement des arbres agités par le vent. Tous ces détails prouvent une bonne connaissance de Duras ou du moins des thèmes qu’elle aborde dans ses livres, ainsi qu’une forte propension de l’époque à l’imiter.

La deuxième pièce, Marguerite et le président, tirée par Didier Bezace des mêmes entretiens et jouée en 1992, est encore plus intéressante tout d’abord par les personnages et les acteurs que le metteur en scène choisit. En effet, l’idée de génie est, comme l’écrit Le Quotidien de Paris, de faire jouer Marguerite Duras par « une ravissante petite fille, blonde, féminine, irrésistible, face à un comédien qui, au contraire, fait quelques clins d’œil au vrai président en battements de cils et intonations, phrasé et lippe particulière » 767 . Elle a 13 ans et elle « s’accroche à la lumière. Qui s’irise, lui éclaire un bout de joue, appuie une attitude d’enfant, une grâce de femme » 768 . Un projecteur la suit, l’illumine et la surprend, enroulée sur une jambe. On lui a tout expliqué, à « Lulu » (Lucie Phillipe). Elle sait désormais qui sont Léon Blum, Mendès… et Marguerite Duras. Elle s’est répété avant de s’endormir les grandes dates et les grands noms. « Mais pour l’heure elle traîne la patte, et Didier Bezace, attentif, arrête la répétition, lui demande : Tu as mal, ma Lulu ? – C’est la jambe que je me suis arraché les cartilages au trapèze l’an dernier… Elle soulève sa jupe, réchauffe sa cuisse avec une impudeur de bébé. Lulu fait l’Ecole du Spectacle. » 769

Au milieu de la table se trouve un plateau avec des tasses pour le thé. Marguerite l’aime avec beaucoup de sucre. Autre détail de l’action : quand Marguerite dans sa petite robe noire à fleurettes et ses tennis blanches s’enquiert du sous-marin nucléaire en passe d’être armé, le président sort d’un tiroir un jouet en forme de lance-torpilles, et, de son chapeau, un pigeon blanc 770 .

Pourquoi avoir choisi une petite fille blonde « encadrée de nattes à la Heidi » 771 pour jouer Duras ? Les journaux cherchent une réponse. « C’est sans doute un des charmes de cette pièce d’avoir choisi une petite, une toute petite fille, pour incarner la candeur insolente de Duras, et de mettre au service de ses questions une voix si innocente. Si blonde », écrit Le Nouvel Observateur 772 . Didier Bezace trouve normal de donner lui-même une explication à son choix : c’est un homme de pouvoir mis en fragilité par une parole qui ne comporte pas de dialectique mais des intuitions. « S’il n’y avait pas eu l’idée de prendre une enfant pour faire ce rôle, je ne l’aurais pas monté » 773 , avoue-t-il. Duras et Mitterrand, c’est quoi finalement aux yeux du public ? De l’admiration, de la critique, de la familiarité. « Ça ressemble à la gauche telle qu’on l’a connue, aimée…non ? » 774 Ou bien c’est de l’ironie à l’adresse des propos « surréalistes tenus par les grands de ce monde » 775 , ainsi que des rires de la « légendaire naïveté durassienne » 776 . Une manière spéciale de lire Duras, et de l’imiter…Cette fois on s’attaque plutôt aux personnages de l’entretien qu’aux discussions originales. Ironie ou pas, contentons-nous de prendre ces deux pièces de théâtre pour des effets de lecture, car elles le sont bien. Mais n’oublions pas que Duras a souvent été, pour ses lecteurs, objet de rires et de critiques. Cela nous rappelle son activité de journaliste et les articles scandaleux qu’elle écrit pour les journaux, dont nous allons parler quelques pages plus loin. N’oublions pas non plus que rire d’elle, « beaucoup le firent qui se gardent d’affronter ces limites de l’identité où s’affaisse le sens » ne sachant « rien du risque de se laisser traverser par l’écriture pré-personnelle venue de "l’ombre interne" » 777 . Le « rire de Duras se retourne contre ceux qui rient d’elle » 778 à travers son écriture littéraire ou ses articles de presse, sous les formes les plus discrètes, par des attaques ouvertes à l’adresse de la société ou tout simplement par son entêtement d’écrire librement, sans contrainte, ni crainte, sur des sujets sensibles, voire tabous. Ces quelques propos présentés sur Duras intervieweuse nous ouvrent ainsi la voie vers un domaine où elle a beaucoup aimé travailler : le journalisme.

Si Duras écrivain, dans ses interviews accordées ou réalisées pour la presse, déguisée en politologue ou en « parleuse » sur tout et sur rien, reste fidèle à sa manière de faire la littérature, comment se présente-t-elle en tant que chroniqueuse ? Duras change-t-elle lorsqu’il s’agit de l’écriture d’information ? En tant que chroniqueuse, Duras choisit-t-elle de donner des points de vue subjectifs ou objectifs sur la réalité ? Ce choix contribue-t-il à la construction ou à la déformation de l’image de l’écrivain ?

Notes
703.

« Morceaux choisis », in L’Express du 7 mars 1996

704.

Laure Adler, Marguerite Duras , « Folio »,Gallimard, 1998, pp. 260-262

705.

Ibid., p. 260

706.

Ibid.

707.

Marguerite Duras / François Mitterrand, Le bureau de poste de la rue Dupin et autres entretiens, Gallimard, 2006, p. 10

708.

Ibid., pp. 10-11

709.

Cf. Laure Adler, op. cit., p. 261

710.

Marguerite Duras / François Mitterrand, Le bureau de poste de la rue Dupin et autres entretiens, Gallimard, 2006

711.

Marguerite Duras / François Mitterrand, op. cit., p. 29

712.

Il s’agit de l’article « Sublime, forcément sublime », écrit par Duras et publié dans Libération, le 17 juillet 1985

713.

Cf. Laure Adler, op. cit., p. 817

714.

Entretien de l’auteur avec Michel Butel, 4 oct. 1996

715.

François Mitterrand aide Robert Antelme à être rapatrié du camp de Dachau.

716.

Cf. Laure Adler, op. cit., p. 818

717.

Pour Bruxelles, « Usine », entretien de Marguerite Duras avec Leslie Kaplan du 13-19 mai 1982

718.

Leslie Kaplan, L’excès-l’usine, Hachette, 1982

719.

Pour Bruxelles, « Usine », entretien de Marguerite Duras avec Leslie Kaplan, les 13-19 mai 1982

720.

Cf. Laure Adler, op. cit., p. 818

721.

Ibid.

722.

Ibid.

723.

Lettre à Antoine Gallimard, non datée. Archives Gallimard. Cité par Laure Adler, op. cit., p. 819

724.

François Mitterrand s’éteint le 6 janv. 1996 et Duras le suit deux mois plus tard, le 3 mars.

725.

En hommage à ces deux « monstres sacrés » (Cf. « Elu, forcément élu… », in Le Quotidien de Paris, n° 2246 du mardi 10 fév. 1987), Radio France réserve une émission spéciale réalisée par les deux témoins de leurs rencontres, Michel Butel et Mehdi El Hadj, samedi, le 4 mars 2006. Puisque on parle de la réception posthume de l’écrivain, celle à laquelle Duras s’attend d’ailleurs dès son vivant et dont elle est sûre, nous ne pouvons qu’apprécier la mobilisation du monde littéraire français, dix ans après sa mort, pour commémorer sa disparition et rappeler aux lecteurs, comme elle-même n’a jamais hésité à le faire, qu’ « elle a ajouté à la littérature un auteur nommé Duras ». (Cf. Laure Adler, op. cit., p. 855) Le n° 86 des Cahiers de l’Herne consacré à Duras comprend des textes inédits, des entretiens, de la correspondance et des textes critiques relatifs à l’œuvre de Duras (Cahiers de l’Herne, « Duras », n° 86, Editions de l’Herne, 2005) et Dossier de presse « Le Ravissement de Lol V. Stein » et « Le Vice Consul » de Marguerite Duras , textes réunis et présentés par Sophie Bogaert avec le soutien de l’IMEC, qui parlent de l’œuvre écrite dans les années 60. (Dossier de presse « Le Ravissement de Lol V. Stein » et « Le Vice Consul » de Marguerite Duras , textes réunis et présentés par Sophie Bogaert, Editions de l’IMEC et 10/18, 2006) Toujours à la mémoire de la grande Duras il y a eu l’exposition organisée par Dominique Noguez à l’ IMEC à partir du mois de novembre 2006 au janvier 2007, autour de la vie et de l’œuvre durassiennes.

726.

Marguerite Duras/François Mitterrand, Le bureau de poste de la rue Dupin, Gallimard, 2006, p. 9

727.

Ibid.

728.

Georges-Arthur Goldschmidt, « La robe blanche de la réalité », in Europe, n° 921-922, janvier-février 2006, p. 183 ( n° consacré à Marguerite Duras)

729.

Le Nouvel Observateur, 24 juin - 1er juillet 1992

730.

Georges-Arthur Goldschmidt, « La robe blanche de la réalité », in Europe, n° 921-922, janvier-février 2006, p. 181

731.

Le Nouvel Observateur, 24 juin - 1er juillet 1992

732.

Son père assurait les fonctions de pasteur protestant pour les Juifs protestants qui attendaient leur départ pour Auschwitz.

733.

Georges-Arthur Goldschmidt, op. cit., p. 182

734.

Ibid.

735.

Ibid., p. 183

736.

Ibid.

737.

Georges-Arthur Goldschmidt, op. cit., p. 183

738.

Ibid., p. 184

739.

« La maniérisme Duras » par Sheila Concari in Europe, n° 921-922, janvier-février 2006, p. 185

740.

Ibid.

741.

L’Autre Journal, les 7-13 mars 1986

742.

Ibid.

743.

L’Autre Journal, les 13-19 mars 1986

744.

Ibid.

745.

L’Autre Journal, 19-25 mars 1986

746.

Ibid., p. 30

747.

Marguerite Duras, Hiroshima mon amour, in Duras, romans, cinéma, théâtre, un parcours 1943-1993, « Quarto », Gallimard, 1997, p. 548

748.

Duras , romans, cinéma, théâtre, un parcours 1943-1993, « Quarto », Gallimard, 1997, p. 534

749.

L’Autre Journal, 7-13 mars 1986

750.

L’Autre Journal, 19-25 mars 1986

751.

Il faut peut-être nous rappeler que F. Mitterrand, à part l’homme politique, a aimé la littérature. Il a écrit des poèmes, des livres d’entretiens et de débats politiques, ainsi que des livres à caractère littéraire, dont : La Paille et le grain, éd. Flammarion, 1975 et L’Abeille et l’Architecte, Flammarion, 1978.

752.

L’Autre Journal, 19-25 mars 1986

753.

L’Autre Journal, 13-19 mars 1986

754.

« Elu, forcément élu… », in Le Quotidien de Paris, n° 2246 du mardi 10 fév. 1987

755.

Ibid.

756.

« Le compagnon de la Marguerite », par Nita Rousseau, in Le Nouvel Observateur, 26 nov.-2 déc. 1992

757.

Cf. « Elu, forcément élu… », in Le Quotidien de Paris, n° 2246 du mardi 10 fév. 1987

758.

Ibid.

759.

Marguerite Duras, Le Square, Gallimard, (1955), in Duras. Romans cinéma, théâtre, un parcours 1943-1993, « Quarto », Gallimard, 1997

760.

Maurice Blanchot, « Recherches » in La Nouvelle Revue Française, n° XXXIX, mars 1956, cité in Duras . Romans cinéma, théâtre, un parcours 1943-1993, « Quarto », Gallimard, 1997, p. 458

761.

Ibid.

762.

Cf. « Elu, forcément élu… », in Le Quotidien de Paris, n° 2246 du mardi 10 fév. 1987

763.

Ibid.

764.

L’Autre Journal, 7-13 mars 1986

765.

Ibid.

766.

Ibid.

767.

Le Quotidien de Paris, 4 déc. 1992

768.

« Le compagnon de la Marguerite », par Nita Rousseau, in Le Nouvel Observateur, 26 nov.-2 déc. 1992, p. 145

769.

Ibid.

770.

« Petit thé à l’Elysée » in Libération du 4 déc. 1992

771.

Ibid.

772.

« Le compagnon de la Marguerite », par Nita Rousseau, in Le Nouvel Observateur, 26 nov.-2 déc. 1992, p. 145

773.

Ibid.

774.

Ibid.

775.

« Petit thé à l’Elysée » in Libération du 4 déc. 1992

776.

Ibid.

777.

Evelyne Grossman et Emanuelle Touati, « Rire de Duras » in Europe, n° 86, « Marguerite Duras. André Chénier. Réflexions sur l’assimilation du stalinisme à l’hitlérisme », janvier-février 2006, p. 5

778.

Ibid.