« Tous les paliers du vrai désir sont là, parlés dans la douceur… » 1767 dirait Duras. Tous les chemins de son œuvre, toutes les routes parcourues par ses personnages, de la mendiante à Lol V. Stein ou aux enfants de La Pluie d’été, mènent au même endroit : l’enfance indochinoise projetée dans le mythe. Tous ses livres mènent à tous ses livres. On peut affirmer ceci en lisant l’œuvre durassienne ou en regardant cette caricature qui situe Duras en bas de l’escalier ascendant représentant peut-être l’œuvre, la vie, les deux réunies dans un point inexact, puisque inconnu, de l’éternelle enfance.
La deuxième image est la représentation à charge de deux visages différents de l’écrivain qui renvoient à la même et l’unique Duras. A soixante-sept ans, déjà auteur de L’Amant, l’écrivain tient sur ses genoux, très protecteurs, comme ceux de la mère dans la photo de famille, la jeune fille de quatorze ans qui rêve de devenir écrivain. Cette caricature 1768 accompagne un article de presse écrit par Aliette Armel à l’occasion de la parution de L’Amant de la Chine du Nord en 1991. C’est une image qui exprime le principe de répétition et de retour facilement reconnaissable dans l’œuvre durassienne. Duras ne se remet jamais de son enfance. Elle en parle dans Un Barrage contre le Pacifique, dans L’Amant et revisite ces lieux dans L’Amant de la Chine du Nord. Chez Duras, comme le note Aliette Armel, chaque livre est « une tentative toujours recommencée, pour atteindre à la perfection de l’expression que ce thème en fait unique » 1769 qu’est l’enfance.
Cf. Image 1. Revue des Sciences Humaines, n° 202, du 2 avril 1986
Magazine Littéraire, juillet-août 1991
« Duras: retour à l’amant » par Aliette Armel, Magazine littéraire, juillet-août 1991, p. 62