Qu’est-ce qui anime Jean Vallier, qui lui donne la force de recommencer la biographie de Duras ? Que pourrait-il encore dire pour attirer le lecteur, sachant que sa biographie de Duras paraît après celle que Laure Adler dédie à l’écrivain? Ses mots sont plus que parlants pour expliquer ce qui se trouve à l’origine de son entreprise qui s’étend sur dix ans et qui est une approche essentiellement historique de la vie de Marguerite Duras:
‘« N’importe quoi circule encore sur Marguerite Duras, même après le travail de défrichage que Laure Adler a eu le mérite de lancer. Sa figure survit dans des légendes, ou rabaissée à ce personnage pittoresque que la médiatisation des dernières années de sa vie avait contribué à créer. Mais il ne faut pas oublier qu’à cette époque elle avait déjà énormément souffert, notamment à cause de l’alcoolisme, et que ce prix Goncourt tardif décerné à L’Amant a déclenché un phénomène hors du commun. Je l’avais rencontrée beaucoup plus tôt, à New York en 1969 2055 , par le biais du cinéma et du théâtre. 2056 J’ai donc voulu montrer le personnage dans sa vérité plutôt que dans ses excès et ne pas le trahir. Pour autant, quand j’ai entrepris d’écrire cette biographie, je n’ai pas adopté une attitude de témoin mais de chercheur, d’historien. J’ai reconstitué la trame factuelle, en la confrontant à ce que Duras elle-même disait de sa vie. Il a fallu dix ans de recherches – un vrai luxe ! – pendant lesquels j’ai tâché de ne rien prendre pour argent comptant. » 2057 ’Indignation ? Dette morale ? Amitié ? Soif de vérité ? Tout cela se réunit, peut-on dire, et le motive dans son entreprise. Jean Vallier veut aller au-delà de la fable pour mettre au jour une vérité historique. Il commence cette recherche obstinée, de la précision et de la vérité historique, peu après la mort de l’écrivain, événement qui, avoue-t-il à Aliette Armel, le touche beaucoup. 2058 Il relit alors l’œuvre de Duras et ce qui avait été écrit à son propos et il est frappé par l’absence d’informations précises concernant sa vie : les faits, tels qu’ils étaient avant d’être éventuellement repris dans ses livres, ne sont pas établis. « Comment alors expliquer ses choix littéraires et cinématographiques, sa passion pour des causes successives, du communisme au féminisme, de Castro à la Chine, avant d’aboutir à une désillusion totale ? » 2059 , se demande Jean Vallier. Il veut donc savoir comment cette vie s’intègre dans tout ce qu’elle traverse : deux continents, des périodes politiques très différentes. Il croit qu’une approche purement historique de la vie de Marguerite Duras aide à mieux comprendre l’œuvre et l’auteur. Il veut se démarquer des ouvrages où résonne toujours la voix de Marguerite Duras. Elle a si souvent parlé de sa vie que la majorité de ceux qui ont écrit sur elle sont guettés par le danger de se laisser porter par son imaginaire et d’emprunter le même chemin. Jean Vallier prouve l’autofiction durassienne.
Les nombreuses notes explicatives qu’on retrouve dans l’ouvrage de Jean Vallier créent l’impression d’un travail très documenté, crédible. Vallier ne fait pas l’analyse critique de l’œuvre de Duras et n’offre que quelques photographies, pour la plupart déjà exploitées. Encore faut-il préciser que l’impression générale qu’on a à la lecture de ce livre est celle d’assister à un essai de réhabilitation de l’écrivain qui, selon ce biographe, avait laissé d’elle une image « détestable » 2060 en France 2061 . Jean Vallier s’érige ainsi en avocat de Duras, quoiqu’il n’émette aucun jugement personnel, et consacre, par exemple, tout un chapitre (le 19ème) de son livre à défendre et à éclaircir l’épisode sur le rôle de Duras au Ministère des colonies, ainsi que sur le livre L’Empire français. Les zones d’ombre de la vie de Marguerite Duras sont elles enfin et mieux éclairées ?
Quand il confronte l’œuvre à la vie, le biographe n’est pas là pour reprendre à son compte des jugements tirés de l’œuvre même. Ainsi, le portrait que Marguerite Duras fait de sa mère, cet extraordinaire personnage littéraire, est, selon Vallier, « caricatural et repose sur des relations complexes, nourries d’une passion exclusive et de la certitude concomitante de n’être pas aimée. » 2062 Le biographe affirme que cette femme n’était pas issue d’une famille d’agriculteurs, mais plutôt de propriétaires terriens respectés. Et la pauvreté de la famille est en bonne partie une légende, tout comme l’histoire tragique de la concession ruineuse en Indochine. Autre exemple qui concerne La Douleur : les « Cahiers de la guerre » de Marguerite Duras, conservés aujourd’hui à l’IMEC, ne sont sans doute pas, selon Jean Vallier, à prendre comme des journaux intimes. « Ce sont plutôt des brouillons d’écrivain, où Duras, déjà romancière, regarde sa vie comme une source possible d’inspiration. » 2063
En effet, au fur et à mesure que ses recherches avancent, Jean Vallier se rend compte que rétablir des faits biographiques vient confirmer l’œuvre plutôt que jeter le soupçon sur elle. Ils éclairent – même s’ils n’expliquent pas – le déclic de sa création, sans en perdre la fraîcheur. Qui se penche sur la genèse de cette œuvre voit tout ce qu’elle doit à des moments de « génie incontrôlés, associés à une volonté tenace d’arriver à quelque chose », avoue le dernier biographe de Marguerite Duras. Jean Vallier désire apporter une base de travail solide à tous les chercheurs qui travaillent sur l’œuvre durassienne, par exemple en établissant une chronologie fiable et détaillée de la vie de l’écrivain. Ses travaux font référence, surtout le livre de photographies Marguerite Duras. La vie comme un roman, que Joëlle Pagès-Pindon apprécie comme un livre qui « séduit d’emblée » dès la couverture qui se sert d’une photographie de Duras à quarante ans, couleur sépia, évoquant un visage souriant et épanoui 2064 de l’écrivain. Cet album se veut une biographie en images de Duras et complète le travail proprement-dit de la vérité sur Marguerite Duras. Les deux ouvrages sont d’une importance incontestable pour la recherche. Déjà le premier est cité dans la bibliographie de quelques parutions récentes sur Duras : tel est le cas du Cahier de l’Herne Duras 2065 , du Dossier de presse sur Le Ravissement de Lol V. Stein et Le Vice-Consul 2066 de Sophie Bogaert ou du numéro spécial Marguerite Duras du Magazine littéraire coordonné par Aliette Armel, d’avril 2006.
Laure Adler, dans sa biographie de Marguerite Duras, dit avoir cherché en vain dans quel lycée celle-ci avait préparé la première partie du bac. Jean Vallier a trouvé. C’est à Auteuil, à l’Ecole Scientia. C’était Marguerite Duras, première partie, apporte des précisions sur la préhistoire durassienne. « Une mine n’avait pas été exploitée » 2067 par Adler, explique Libération du 1er janvier 2006 : les souvenirs de Rembauville-Nicolle, le cousin Paul, témoin important de la jeunesse, viennent compléter les confidences de Marguerite Donnadieu à son « petit journal », « inédit pêché dans les archives de l’IMEC » 2068 . Selon Jean Vallier, Duras doit au cousin Paul, fou amoureux d’elle, la découverte de la côte normande au début des années 30. « L’amant de Neuilly », futur vice-consul, celui que Duras nomme Freddy dans son entretien de 1984 avec Dominique Noguez 2069 , s’appelle en réalité Frédéric Max, comme le découvre Jean Vallier. Auparavant, Marguerite Donnadieu tombe enceinte l’année de ses 18 ans d’un dénommé Lecoq. Comment ils réussissent à faire passer l’avortement pour une appendicite auprès de Mme Donnadieu mère, laquelle, soit dit en passant, accepte sans vergogne l’argent que donne Lecoq à 1a petite, on a du mal à le comprendre, note Libération.
Jean Vallier refuse la psychologie. Il ne se fie pas non plus aux textes ou aux déclarations de l’intéressée, « sourd au mélange d’affabulation et de détails pratiques, souvent calqués sur le réel » 2070 qui a, selon lui, piégé les biographes précédents. Marguerite « prostituée » par la mère lors de l’épisode de l’amant chinois, Marguerite « battue », il n’y croit pas 2071 . Pas plus qu’à l’inceste avec le petit frère. Jean Vallier montre enfin que Mme Donnadieu n’a pas été ruinée par les agents du cadastre dans l’affaire du Barrage. Elle avait acheté sa concession du Cambodge à un Vietnamien. Elle a certainement perdu de l’argent, mais pas sa fortune 2072 .
Si l’ouvrage de Laure Adler se lit comme un roman, il n’en est rien pour celui de Jean Vallier qui s’en tient au déroulement linéaire. Pas une branche ne manque à l’arbre généalogique, travail qui n’a pas été fait. Par exemple, les jeunes sœurs de Mme Donnadieu, née Legrand, s’appellent Marguerite et Thérèse. Elles étaient jumelles, la petite Marguerite est morte, on donne son nom à la nièce. Chaque congé en métropole (six mois souvent prolongés, traversée payée en première, solde assurée) est noté. Toute la carrière des parents de Duras est ainsi reconstituée. Ils ont beaucoup déménagé. Henri Donnadieu, licencié de sciences naturelles a fini directeur de l’Enseignement primaire au Cambodge. Il est mort en France en 1921, quelques semaines après avoir acheté (comptant) la maison du Lot-et-Garonne, source de bisbille entre les enfants du premier lit et sa veuve, apprend-t-on (Duras y a puisé son nom de plume et la matière de ses premiers livres).
Par ailleurs, ce qui est à remarquer chez Jean Vallier, c’est surtout sa tendresse particulière pour les photographies. Il a d’ailleurs signé l’album Marguerite Duras . La vie comme un roman 2073 , dans la collection « Passions »,paru chez Textuel, en 2006. Dans C’était Marguerite Duras, on assiste à la « plus belle trouvaille » 2074 : Jean Vallier décrit la photo de mariage des Delval, portrait gardé par Mascolo et « mis à l’abri par Marguerite » 2075 . La mariée est en noir, triple fourreau de tulle. « J’ai déjà vu cette robe quelque part… », se dit le biographe. C’est la robe d’Anne-Marie Stretter dans Le Ravissement de Lol V. Stein. Simple coïncidence de faits ou utilisation volontaire de bribes de réalité dans l’œuvre de Marguerite Duras ? Jusqu’où peut-on impliquer l’histoire dans l’interprétation d’une œuvre littéraire ? La vérité n’appartient qu’à celui qui en est le propriétaire. Elle n’est pas introuvable, mais difficile à trouver et à prouver. Jean Vallier, quant à lui, gagne surtout sur le plan affectif dans ce défi : « J’ai pour elle une grande affection et beaucoup de respect. J’ai pris conscience de la lutte qu’a représenté sa vie d’écrivain : contre la page blanche, contre la critique, mais aussi contre elle-même, contre la folie et l’alcoolisme. Elle est devenue pour moi un personnage héroïque et son œuvre m’émeut maintenant beaucoup plus qu’au départ. » 2076
Peut-on écrire la biographie de Marguerite Duras ? Les sept livres que nous avons présentés prouvent que oui. Mais la question qui se pose à la fin de cette analyse du biographique durassien porte sur l’utilité de ce geste critique. En quoi le lecteur se sent-il enrichi dans sa vision sur le monument que représente Marguerite Duras ? Certes, la lecture de ces ouvrages, dont la réalisation n’est pas chose facile pour les biographes, car Duras brouille toujours les pistes et ce qu’elle écrit se retrouve à mi-chemin entre la vérité et la fiction, sensibilise le lecteur devant une vie tellement riche en douleur et en amour. Mais le lecteur se forme-t-il une image différente de Duras ? Ou bien prend-il davantage conscience que l’œuvre et la vie durassiennes sont des réalités qui s’entrecroisent parfois, mais qui s’éloignent de plus en plus, comme si elles ne dépendaient nullement l’une de l’autre. L’image de Duras reste donc inchangée, malgré les « révélations » et les interprétations le plus souvent subjectives des biographes, qui ne rapportent que des tranches d’une vie qui, comme toute autre vie, comporte des erreurs et des moments honorables. Il a peut-être raison Jean Pierrot de s’excuser pour les possibles erreurs d’interprétation. La sincérité de Frédérique Lebelley est déconcertante : elle n’a pas pu écrire la biographie de Duras basée sur l’Histoire, mais la vie voulue de celle-ci. Les bio-témoignages de Michèle Manceaux et de Yann Andréa dévoilent le côté très humain de l’écrivain et émeuvent le lecteur par leurs récits. Il faut d’ailleurs noter que ce genre de bio-témoignage est pratiqué aussi par d’autres auteurs après la mort de l’écrivain et que l’œuvre de Marguerite Duras donne envie d’écrire à partir d’elle. Nous citons ici quelques noms, tel celui de Dominique Noguez 2077 qui fait autorité en matière d’exégèse durassienne, mais aussi ceux de Pascale Nottet 2078 , Brigitte Giraud 2079 ou encore celui de Bernard Sarrut 2080 , certains d’entre eux peut-être moins connus, mais qui ont dédié à Marguerite Duras des pages sublimes que nous avons découvertes dans la bibliothèque de l’IMEC. Nous reviendrons plus loin sur ces pages. Quant aux ambitieuses biographies de Duras réalisées par Alain Vircondelet, Laure Adler et Jean Vallier (dont les renseignements sur la vie durassienne coïncident parfois, les deux derniers ayant effectué des recherches sérieuses dans les mêmes archives, tous les trois ayant visité les mêmes endroits où l’écrivain a vécu, ayant interrogé l’écrivain elle-même ou des personnes de son entourage), on peut dire qu’elles offrent les segments d’un puzzle que le lecteur doit mettre en place. En attendant le deuxième volume de la biographie de Duras par Jean Vallier, on se demande si d’autres chercheurs peuvent se montrer désireux de s’aventurer dans l’exploration de la vie de ce grand écrivain. Que pourraient-ils dire de nouveau sur Duras ? Reste-t-il encore des choses à révéler sur sa jeunesse, sachant que Vallier s’est arrêté à l’année « charnière » 1945 ? « J’aimerais vous répondre que non », dit très confiant Jean Vallier à Jean-Claude Perrier du Figaro littéraire, le 20 avril 2006. Peut-on tout connaître d’elle ? A quoi bon de fouiller sa vie ? Peut-on se baser sur ces révélations pour comprendre l’œuvre de l’écrivain ? Dans quelle mesure ce biographe éclaire-t-il les « zones d’ombre » 2081 de la jeunesse durassienne, comme il se le propose en démarrant cette aventure ? Certes, les réponses à ces questions sont à donner par chaque lecteur à part, selon la curiosité qui l’anime et le degré de satisfaction de son horizon d’attente. Mais une chose est à préciser : l’ouvrage de Jean Vallier est censé être un hommage. Il arrive au moment où l’on se prête à commémorer le dixième anniversaire de la mort de l’écrivain. On ne peut pas oublier Duras. Colloques, expositions (au Centre Georges Pompidou ou à l’IMEC), numéros spéciaux de revues, multiples publications…pour les dix ans de sa mort, l’auteur de L’Amant est célébré comme une star.
L’expression de « biographie authentique » est attribuée par Alain Robbe-Grillet au travail biographique de Jean Vallier. Cf. « Les archives Duras ou le travail de la vérité », Livres Hebdo, n° 538, 12 décembre 2003
Jean Vallier connaît Duras en 1969 à New York où elle présente au festival du film Destroy She Said, le film qu’elle avait réalisé d’après Détruire dit-t-elle. Leur relation amicale s’est poursuivie jusqu’à la mort de l’écrivain en 1996. Cf. Le Magazine Littéraire, n° 452 avril 2006, « Un personnage héroïque », entretien avec Jean Vallier, propos recueillis par Aliette Armel, p. 36
Jean Vallier passe trente années à la direction du French Institute de L’Alliance française à New York, où il fonde aussi un ciné-club et exerce comme critique de cinéma.
« Marguerite Duras, inoubliable » propos recueillis par Fabienne Dumontet, Le Monde, 31 mars 2006
Entretien d’Aliette Armel avec Jean Vallier, Le Magazine littéraire, n° 452, avril 2006
Ibid.
Le Figaro Littéraire, 20 avril 2006
Cette image « détestable » dont Jean Vallier parle n’est pourtant nullement involontaire chez Duras. Comme le prouve un texte inédit remarquable datant des années d’après guerre, intitulé « Le Cachet d’aspirine » du « Cahier Théodora » rendu public par Sophie Bogaert, Duras avoue qu’elle veut agacer : « Il est peut-être temps que je m’y mette. Je dois vous agacer. Ҫa ne me déplaît pas. Ceux qui écrivent ont de ces masochismes curieux. Je vous agace. Pas encore assez, attendez, je vais vous servir le vin de l’oubli. » Cf. Le Magazine Littéraire, n° 452, avril 2006, p. 44
Le Monde, 31 mars 2006
Ibid.
« Duras en images » par Joelle Pagès-Pindon, publié sur Acta, le 1er mai 2006
Dirigé par Bernard Alazet et Christiane Blot-Labarrère, 2005
Présenté par Sophie Bogaert, IMEC-10/18, 2006
« L’empire de Marguerite » par Claire Devarrieux, Libération, 1er juin 2006
Ibid.
Cf. « La couleur des mots », entretien de Marguerite Duras avec Dominique Noguez, réalisation Jérôme Beaujour et Jean Mascolo, Bureau d’animation culturelle du ministère des Relations Extérieures, 1984
Jean Vallier repris par Libération, 1er juin 2006
Jean Vallier affirme que la mère de Duras avait un grand amour de ses enfants et pour la fille. Mais l’écrivain a beaucoup inventé et transformé en épopée ce que sa mère a vécu. Elle en a fait un personnage proche de la folie. Or Marie Donnadieu a assumé une carrière très honorable. Dans des petits postes comme Sadec ou Ving-Long, une directrice d’école indigène était un personnage respecté. Elle se dévouait à ses élèves, sans distinction de race ni de classe : elle était l’institutrice de la Troisième République qui assumait sa mission jusqu’au bout, pas du tout une personne déclassée. Elle-même se voyait d’ailleurs comme une bourgeoise. Mais l’image déformée que Duras donne de sa mère a à l’origine, selon Vallier, le manque d’élégance de cette dernière qui fait souffrir la jeune Marguerite, élève au lycée de Saigon, en 1928, au milieu de filles de la grande bourgeoisie coloniale. Cf. Entretien avec Jean Vallier, Le Magazine Littéraire, avril 2006, p. 38
A propos de l’affaire du Barrage, Jean Vallier fait des recherches approfondies qui lui permettent de contredire ce que Duras et les biographes antérieurs (surtout Laure Adler) affirment sur la ruine matérielle de la mère : « En ce qui concerne la mère de Marguerite Duras, elle ne pouvait en aucun cas “de par ce décret, obtenir immédiatement une concession de trois cents hectares gratuitement” comme le lui attribue un peu rapidement Laure Adler dans sa biographie en ajoutant : “l’administration lui offre, tout de suite, trois hectares de terre où elle veut” (p. 53). Cela a peut-être été imaginé par sa fille, mais ne correspond pas du tout à la réalité. » Jean Vallier, C’était Marguerite Duras, Tome 1, Fayard, 2006, p. 342
Jean Vallier démolit en quelque sorte le travail de Laure Adler. Il n’hésite pas à accentuer les endroits où les détails rapportés par Adler sont erronés. Il apporte aussi d’autres données que celle de Laure Adler sur le revenu de la mère qui gagne 11.000 F par an (et non les 10.000 F par mois que lui attribue la biographe précédente à la page 48 de son ouvrage. Cf. Jean Vallier, op. cit., p. 341
Jean Vallier, Marguerite Duras . La vie comme un roman, collection « Passions »,Editions Textuel, 2006. Dans cet album, Jean Vallier se demande comment « raconter » Marguerite Duras. Dans un premier temps, il trouve que la meilleure possibilité est de « regarder » sa vie en images. Il invite donc le lecteur désireux de connaître Duras, à feuilleter son livre comme un album de famille, ouvert sur le monde extérieur. Images, pour la plupart déjà vues, et commentaires s’emmêlent, dans une rétrospective par années, pour démêler le fil de la vie durassienne.
Libération, 1er juin 2006
Laure Adler en parle d’ailleurs dans sa biographie de l’écrivain, sans pour autant rendre publique la photographie.
Le Magazine littéraire, n° 452, avril 2006
Dominique Noguez, Duras , Marguerite, Flammarion, 2001
Pascal Nottet, Vigilence des somnambules dans l’amour fou, Les éditions de l’Ambedui, Bruxelles, 2002
Brigitte Giraud, « Marguerite Duras » dans Le Jardin d’Essai. Lectures. Ecritures. Vie littéraire, revue trimestrielle de littérature, janvier-mars 1997, n° 4, publiée avec le concours du Centre National du Livre, pp. 8-12
Bernard Sarrut, Marguerite Duras à contre-jour, Collection privée, Les Editions Complicités à Grignan, 2004
« Duras, état des lieux » entretien de Jean Vallier, propos recueillis par Jean-Claude Perrier, Le Figaro Littéraire, 20 avril 2006