I.3. Psychologie de la planification.

Pour Jean-Michel Hoc (1992), planifier c’est anticiper à partir d’énoncés qui ne décrivent rien mais desquels se détache tout un scénario. Le scénario, qu’il assimile parfois à un plan, regrouperait des formalisations de structures assimilatrices présentes dans la mémoire du système cognitif afin de réduire la charge mentale en activité d’enseignement. Selon lui, la planification est une représentation schématique ou (et) hiérarchisée d’un contenu d’enseignement. La démarche de planification est tantôt prospective (fonction assimilatrice ou descendante) et construit des étapes à partir de l’état initial, tantôt rétrospective (fonction accommodatrice ou ascendante) et procède à partir des indices pris au contexte. La structure organisationnelle serait prioritaire sur la structure formelle et correspondrait à un dispositif de base négligeant les détails de l’exécution. Le plan serait donc une représentation schématique et (ou) hiérarchisée susceptible de guider de façon heuristique l’activité du sujet à partir d’énoncés laconiques.

En résumé, nous comprenons que la planification est d’abord une structure organisationnelle avant d’être une structure formelle et suppose des connaissances déclaratives et procédurales. Le plan est conçu comme étant une architecture fonctionnelle schématique et hiérarchisée qui ne représente pas totalement les procédures d’exécution, mais qui a un effet de guidage de l’activité du sujet.

En première lecture, l’écrit de planification des enseignants nous apparaît plus fonctionnel que déclaratif. Cette fonctionnalité fait de l’écrit de planification la représentation de prototypes de situations d’apprentissage ayant des effets de typicalité. Les plans conservent les propriétés cruciales constitutives des situations d’apprentissage, donc des scénarii de contenus d’enseignement.

Notre intention est de dépasser les modélisations didactiques déjà connues en proposant une autre lecture des agencements didactiques. Nous voulons comprendre de quelle façon est élaborée une situation d’apprentissage en amont de toute activité des apprenants. Ensuite, nous désirons expliciter la notion de scénario que beaucoup de didacticiens emploient sans lever le voile discret de ce qui compose "l’argument"du savoir à apprendre. Enfin, il s’agit de communiquer au plus grand nombre une culture professionnelle qui reste le plus souvent implicite.