A) Recueil des données, constitution d’un corpus de traces écrites.

Tel un anthropologue, nous avons tenté de nous glisser à l’intérieur d’une communauté professionnelle sans la déranger. Notre position d’enseignant d’éducation physique et sportive a certainement favorisé cette immersion, mais le problème restait de recueillir des écrites de planification sans commande préalable et sans paraître suspect aux yeux des enseignants.

L’échange était le plus souvent bref : « je m’intéresse aux écrits de planification des enseignants d’éducation physique et sportive, en avez-vous gardé et notamment concernant l’activité handball ? » Il était important de recueillir des écrits de planification spontanés, ceux que l’enseignant avait utilisés et faits pour lui-même hors d’un regard institutionnel. Je n’obtins que peu de documents par demandes écrites. La plupart des documents recueillis l’ont été par contact direct avec les enseignants ou par un intermédiaire proche de ces enseignants. Beaucoup de résistances apparaissent quand il s’agit de livrer une partie de son intimité professionnelle.

Les groupes d’enseignants.

Les enseignants débutants concernent ceux de licence et de PLC2, car ce sont les deux seules catégories d’étudiants qui se trouvent réellement en situation d’enseignement. Les étudiants en licence sont en troisième année de formation et font un stage en établissement scolaire en janvier. Les étudiants PLC2 sont en stage de responsabilité dans le cadre de leur formation professionnelle, c'est-à-dire qu’ils sont responsables de leur enseignement.

Pour les licences, la demande était faite juste après leur stage de janvier ; pour les PLC2, elle était faite au mois de mars afin qu’ils remettent les traces écrites de planification au responsable E.P.S. de l’I.U.F.M.³⁷ ou à moi-même. Aucune présentation ni publicité du travail de recherche n’a été faite auprès des enseignants de nos trois groupes.

Les enseignants d’expérience interviennent tous en lycée et collège et les documents furent recueillis le plus souvent lors de rencontres professionnelles ou sur le lieu de travail.

Enfin, les entraîneurs fédéraux en handball sont des personnes brevetées fédérales ou en voie de formation qui interviennent en club.

Notre but est de comparer les préparations écrites du monde fédéral avec celles des enseignants d’éducation physique du secondaire. Il s’agit de recueillir des documents déjà utilisés et non obtenir des préparations écrites de séances d’entraînements construites pour l’occasion. Il était important de pouvoir nous faire une idée de la façon dont les entraîneurs fédéraux planifient et transposent l’activité handball pour l’enseigner. Certains documents capitalisent les connaissances didactiques de ces enseignants car ils furent élaborés à plusieurs (groupe de travail en stage) afin qu’un d’entre eux anime la séance sur le terrain et prenne la responsabilité de planifier son intervention ; d’autres documents sont personnels.

Nous réduisons au maximum les variables concernant les enseignants. Nous ne prenons pas en compte le sexe, l’âge, la qualification professionnelle, l’ancienneté, l’échelon, le niveau de qualification fédérale, etc. Dans cette étude générale sur la préparation à l’enseignement dans le domaine de la motricité humaine, les deux groupes concernant les enseignants du secondaire sont le centre de notre étude ; le troisième groupe, celui des experts en handball, est là pour mettre en dissonance nos interprétations sur l’enseignement d’une activité sportive spécifique. Les experts handball sont assimilés à des enseignants œuvrant aussi dans le domaine de l’apprentissage moteur.