II.1. L’origine du concept et première approche.

On trouve l’origine de ce concept dans la thèse de Michel Verret intitulée « Le temps des études », thèse présentée le 29 mai 1974 à l’université de Paris V. À la page 140, on lit la définition suivante : « Toute pratique d’enseignement d’un objet présuppose en effet la transformation préalable de son objet en objet d’enseignement ». Auparavant, il prend soin d’indiquer que l’enseignement doit être une « pratique du savoir »62 avant d’être une pratique de transmission.Michel Verret suppose que cette pratique repose sur une expérience et sur une professionnalité, et que la transposition didactique donne une nouvelle forme au savoir en faisant l’économie du détail afin qu’il puisse « se faire comprendre »63 avant « de se faire apprendre»64. L’École produit une « substitution didactique d’objet »65 sous la forme d’un artefact afin de répondre à la demande théorique pour laquelle elle a été créée.

En général, la transposition didactique est un outil théorique utile pour expliquer didactiquement le passage du champ théorique au champ de l’enseignement. Elle favorise le passage de la doctrine, de la théorie, à sa formalisation pour une future transmission et concerne en priorité l’enseignant. Pour Yves Chevallard (1994), ce « travail »66 de l’enseignant qui fait d’un objet de savoir à enseigner un objet d’enseignement est appelé"la transposition didactique".

De son côté, Olga Galatanu (1996) voit dans la transmission didactique, laquelle vise la compréhension et l’appropriation des savoirs, le lieu de la transformation de ses savoirs.

Pour Bernard Veck, le concept de transposition didactique est opératoire parce qu’il sert à situer les notions en amont de leurs mises en œuvre scolaire. Ce concept aide à dissiper l’illusion de la transparence du fonctionnement didactique et à préciser « les lieux où prennent sens les objets d’enseignements »67.

Selon de nombreux auteurs, le concept de transposition didactique est inclus dans le concept plus large de la didactique, inscrite elle-même dans le champ de l’anthropologie dont le système éducatif représente le lieu d’application.

Notes
62.

Verret, M. (1975). Le temps des études. Paris : Librairie Honoré Champion. (p.139).

63.

Verret, M. (1975). Déjà cité. (p.143).

64.

Verret, M. (1975). Déjà cité. (p.143).

65.

Terrisse, A., & Léziart, Y. (1997). L’émergence d’une notion : la transposition didactique. Entretiens avec Michel VERRET. Les sciences de l’éducation , 30, 3, 5-25.

66.

Chevallard, Y. (1985). La transposition didactique, du savoir savant au savoir enseigné. Grenoble : La Pensée Sauvage Éditions. (p.39).

67.

Veck. B., & coll. (1989). Un concept pour l’analyse didactique des objets d’enseignement en français : La transposition. Revue Française de Pédagogie, 89, 47-54.