III - Pensée des enseignants et modèles théoriques.

Le cadrage théorique choisi ne permet pas de nous inscrire totalement dans le courant cognitiviste spécialisé sur la pensée des enseignants (Shavelson, 1981, Tochon, 1993), bien que ces chercheurs aient travaillé sur les préparations et planifications des enseignants. Nous ne pouvons pas non plus retenir les « modèles écologiques » ou « béhavioristes » dans notre démarche de théorisation. Car nous ne faisons pas la comparaison entre planification et observation sur le terrain, pas plus que nous faisons une étude sur le discours technique de l’enseignant. Et pourtant, notre travail nous conduit parfois à empiéter sur ces différents paradigmes.

Finalement, notre approche théorique et instrumentale – [« endogène » (interne aux écrits)] – s’inspire en partie de l’ethnométhodologie c'est-à-dire de la méthode de construction des outils à partir de l’objet étudié.

Jean-Louis Martinand comprend la façon de faire de la recherche en didactique comme une épistémologie appliquée et orientée vers « la signification des activités scolaires »130. C’est tenter de comprendre comment les individus d’une même communauté professionnelle peuvent saisir, penser ou peut-être ignorer leur propre situation. Notre intention est de redonner de l’intelligibilité aux règles et principes, aux logiques, aux significations et sens cachés que les enseignants mobilisent dans l’écriture de la planification de leurs cours. On peut s’attendre à ce que la signification soit parfois indifférente au signifiant utilisé. Pour notre part, nous voulons reconstituer sous la forme d’une élaboration claire et consciente, ce qui se présente comme confus et tacite dans cette pratique quotidienne des enseignants c'est-à-dire la faire passer du stade de l’évidence à une position culturelle et professionnelle. En définitive, le paradigme de transposition didactique fait ici l’objet d’une étude plus importante131, associé qu’il est à la notion de planification. Transposition didactique et planification constituent le centre théorique de notre étude.

Notes
130.

Martinand, J.L. (1994). Didactique des sciences et formation des enseignants. Notes d’actualités. Revue les sciences de l’éducation, 1,1994, 9-24.

131.

Tardy, M. (1993). La transposition didactique. In J. Houssaye (Dir.) (2ème éd.), La pédagogie : une encyclopédie pour aujourd’hui (pp.51-60). Paris : ESF éditeur. (p.52) : « Il n’est pas impossible, enfin de concevoir la transposition didactique comme une épistémologie appliquée. »