Les mots choisis pour définir chaque catégorie.

L’identification de chaque catégorie (son appellation) est issue d’une culture déjà connue. Les mots signifient le sens général de la situation d’apprentissage dont ils renforcent la spécificité en termes de scénario pour faire apprendre. Les mots-clefs des titres de chaque catégorie ont leurs origines dans la littérature pédagogique et didactique dont nous donnons quelques exemples pour montrer les liens avec la culture professionnelle.

On trouve chez Marguerite Altet l’idée d’outillage : « après avoir outillé l’élève, le pédagogue s’efforce de l’amener à réfléchir par lui-même»175. Cette idée renvoie à la catégorie « les moyens du savoir » et à la catégorie « l’instrumentation du savoir ». Cette dernière catégorie se retrouve d’une autre façon chez Marc Durand qui identifie plusieurs étapes selon une déconstruction de l’activité de référence dont l’une est « un découpage en composants élémentaires des habiletés techniques »176.

Dans son ouvrage sur la didactique du français177, François Victor Tochon fait état d’un scénario qu’il décrit comme un contexte d’application ; ce contexte – ces « situations d’application et de transfert »178 comme en parle Marguerite Altet – correspond à notre catégorie « l’émergence du savoir » pour les situations propres au jeu de handball. Il identifie une stratégie d’enseignement dans laquelle les élèves sont placés selon une « liberté guidée »179, idée à relier à avec notre catégorie « la prescription du savoir ».

La littérature didactique et pédagogique propose le concept d’évaluation diagnostique (Bernard Maccario, 1986), que nous traduisons par la catégorie « l’identification du savoir ».

En correspondance avec notre catégorie « la provocation du savoir », nous pouvons faire référence aux travaux de Pierre Parlebas qui soumet l’idée des jeux traditionnels mobilisant des fondamentaux parfois plus riches que les jeux sportifs institutionnalisés. La notion de provocation est reprise par Marguerite Altet (1998), qui écrit que la situation pédagogique est « menée par l’enseignant comme moyen pour provoquer, favoriser, faire réussir l’apprentissage d’un savoir ou savoir-faire »180.

En sports collectifs, les didacticiens emploient les termes de « directif » et « prescriptif » comme ils parlent de "pédagogie du modèle" pour identifier des styles d’enseignement. Ces prénotions se retrouvent dans nos catégories « la prescription du savoir » et « l’obligation du savoir », lesquelles permettent de relativiser les mises en schémas didactiques élaborées par les enseignants. En outre, notre catégorie « la réduction du savoir » s’inspire des propositions faites par Jacques Mariot181 pour l’architecture pédagogique de situations où il s’agit de créer un rapport d’invariance entre les dimensions de l’espace de travail et le temps dont va disposer l’élève pour prendre une décision d’action. La catégorie « l’isolement du savoir », elle, se tire des constats faits par Jacqueline Marsenach (1991) à propos de l’éducation physique et sportive en tant qu’elle procède à un découpage élémentaire des contenus d’enseignement en parties spécifiques et sans lien entre eux. On peut également penser à la notion d’isolement de processus sous-jacents telle que la propose Marc Durand (2002). Par ailleurs, Jean-Pierre Bonnet (1990) avait déjà caractérisé une méthode reposant sur le « principe de l’isolement des phénomènes »182.

Un collectif d’enseignants183 énumère des caractéristiques de procédures d’apprentissage, en particulier des procédures "auto-évaluatives" là où l’élève connaît les critères de réussite pour valider ou non ses actions ; ceci correspond à notre catégorie « le conditionnement du savoir ». Enfin, le concept de manipulation compris dans la catégorie « la manipulation du savoir » entre dans un grand nombre de discours disant qu’il faut manipuler l’objet. Jean Berbaum (1989) préconise de telles stratégies exploratoires.

Les tableaux ci-dessous présentent chaque catégorie selon sa définition et sa spécification, avec des exemples de traces écrites. Ce nouveau langage didactique expose les procédures didactiques mobilisées ; l’idée est de modéliser les situations d’apprentissage c'est-à-dire d’en explorer l’organisation pour proposer une symbolique d’acquisition du savoir.

Notes
175.

Altet, M. (1998). Déjà cité. (p.23).

176.

Durand, M. (2002). Chronomètre et survêtement. Reflet de l’expérience quotidienne d’enseignants en éducation physique et sportive. Paris : Éditions revue EP.S. (p.214).

177.

Tochon, F.V. (1990). Déjà cité.

178.

Altet, M. (1998). Déjà cité. (p.111).

179.

Tochon, F.V. (1990). Déjà cité. (p.80).

180.

Altet, M. (1998). Déjà cité. (p.8).

181.

Mariot, J. (1992). HANDBALL, « de l’école…aux associations ». Paris : Éditions revue EP.S.

182.

Bonnet, J.P. (1990). Vers une pédagogie de l’acte moteur. (2ème éd.). Paris : Éditions Vigot. (p.17).

183.

Bourdon, B. Chabas, N. Lattes, M. Moronval, & C. Pommier, G. (2001). Approche transversale des sports collectifs. Paris : Éditions revue EP.S.