Chapitre 3. Les traces écrites de planification : des scénarii aux sens multiples. (troisième analyse).

L’ordre « n’existe qu’à travers la grille d’un regard »¹⁸⁴, et Michel Foucault d’ajouter « ce qui doit apparaître, ce sont, dans l’espace du savoir, les configurations qui ont donné lieu aux formes diverses de la connaissance empirique »¹⁸⁵. Notre analyse de contenu veut précisément interpréter l’ordre du texte et les configurations de ses énoncés. Dans les traces écrites aussi, la forme de présentation est déjà un « ordre de sens » c'est-à-dire celui du déroulement de l’activité didactique.

Ne pouvant pas accéder directement aux processus cognitifs des enseignants, il reste toujours possible de les comprendre à partir des modèles didactiques qu’ils ont créés parfois involontairement dans leurs traces écrites. Ces derniers deviennent alors des indices qui invitent à une pensée de la trace allant de la réalité sensible à la réalité symbolique. La problématique de la trace indiciaire renvoie à une réalité plus profonde des phénomènes didactiques à partir d’écrits sous-estimés.

L’écrit possède une configuration provenant de la contrainte d’écriture, ne serait-ce que par la disposition des énoncés. Les énoncés connaissent entre eux des rapports de solidarité qui correspondent à une logique planificatrice. Leur succession constitue préalablement les traits caractéristiques des scénarii d’apprentissage. C’est une manière de passer du « quoi enseigner » au « comment faire apprendre »¹⁸⁶ en dépassant le stade des conceptions d’enseignement que nous connaissons déjà et le niveau apparent de la narration. À eux seuls, les énoncés forment un "micro-univers" sémantique que nous pouvons modéliser en tant qu’unités de sens.

Cette première analyse tente d’exprimer la variabilité des configurations discrètes fixées par l’écriture tandis que les autres analyses s’intéressent à des choix didactiques plus conscients et professionnels.