I.2. Routines, habitudes, dispositions ou savoir-faire professionnel ?

Les habitudes d’écriture des enseignants ne sont pas des répétitions automatiques, sans conscience, mais des pratiques clairvoyantes. Les écrits de planification seraient alors produits plus dans le sens d’un « savoir comment faire » que dans l’idée de planifier un « savoir à dire ». Les habitudes repérées disent la continuité de leurs écrits, et les variations ne sont pas liées à des critères extérieurs mais sont dues à d’habituels modes opératoires internes organisant les activités d’écriture et sont immédiatement remodelées au cours de la planification.

L’habitude199 ne parle pas pour une permanence rigide mais pour du renouvellement et de l’adaptation. Elle est avant tout une organisation dynamique de l’activité en situation, un schème, un modèle – pattern – doté d’une flexibilité relative et non un déterminant fixe assimilable à de la répétition. La mobilisation variée des unités didactiques et les changements de conceptions d’enseignement au cœur d’une même leçon ou d’un même cycle accréditent la position professionnelle. Les habitudes incorporent l’environnement, lequel produit ses propres habitudes en vertu desquelles elles s’organisent. Dans l’acte d’écriture, nous repérons les schèmes professionnels des pensées en exercice.

Notes
199.

Garreta, G. (2002). Une régularité sans répétition ?  L’habitude comme schème dynamique. In C. Chauviré, & A. Ogien (Dir.), La régularité. Habitude, disposition et savoir-faire dans l’explication de l’action (pp.137-160). Paris : Éditions EHESS. (p. 153) : « L’habitude est comme un "a priori opérationnel ", temporel, conférant un ordre de sens à une situation ».