Traces écrites et texte.

Les exemples que nous choisissons ne sont pas anecdotiques ; ils représentent une tendance commune aux enseignants de chacun de nos trois groupes.

L’écrit de l’enseignant expert handball n° 3 leçon 1 (situation d’apprentissage 2) nous fournit un petit exemple des procédures écrites que les enseignants utilisent. Les énoncés de l’enseignant dans la première colonne de son cadre préétabli sont : « 4X4 » « poser la balle ds les 9 mètres. Si 1 déf ds mon camp qd je marque 2 pts. Si touché de face je perds la balle ».

L’écrit de planification recourt à divers procédés linguistiques ; on peut passer le texte des traces écrites au filtre de la technique rhétorique.

  • L’énoncé « 4X4 » signifie que les joueurs vont jouer à quatre contre quatre ; l’utilisation du chiffre est une façon de raccourcir l’énoncé ; l’utilisation du symbole "X" permet de désigner la réciprocité et l’interpénétration des actions.
  • L’énoncé « poser la balle ds les 9 mètres » indique le fait de poser la balle dans les 9 mètres, cela est considéré comme marquer un but. L’énoncé emploie « ds » (pour dire dans, altération du mot) est une « syncope ».
  • L’énoncé « si 1 déf ds mon camp qd je marque 2pts » peut se comprendre de cette façon : « s’il y a un défenseur dans mon camp c'est-à-dire qu’il est resté dans la moitié de terrain du côté de mon équipe ; le but que je marque vaut alors deux points parce que le défenseur n’a pas eu le temps de faire un repli défensif, etc. ». L’écrit de planification utilise dans cet énoncé « l’ellipse » qu’est l’omission dans une suite narrative. La construction de la phrase est un « zeugma » car l’énoncé s’explique par l’énoncé suivant, etc. On remarque ensuite qu’il manque un verbe, qu’il manque par exemple « j’ai » entre « marque » et « 2pts » : c’est une « parataxe » ; il manque un mot de liaison. La fin correcte de la phrase peut être : « quand je marque, j’ai deux points ».
  • La répétition du « si » dans l’énoncé « Si touché de face je perds la balle » est une « anaphore » c'est-à-dire qu’elle renforce la mise en place des règles ; on comprend la phrase malgré l’absence du premier verbe.

On pourrait retrouver là toutes les figures de diction dans les traces écrites de planification. Parmi les figures de mots, les enseignants mobilisent souvent « l’allusion » – « jeu normal » –, la « métaphore » – « duel » –. Les figures de pensée, elles, sont moins utilisées mais on trouve des énoncés qui sont des « apostrophes » (par exemple « attention, chaque défenseur.. ») et des « hyperboles » (par exemple « danger, si le passeur… ». Parfois un triangle est dessiné).

Les énoncés tissent des liens de sens entre eux ; pris isolément, on ne peut pas en connaître le sens c'est-à-dire le fonctionnement dans la situation d’apprentissage. L’écrit est rationnel dans son volume et dans sa forme, il est efficace : il facilite la mémorisation de ce qu’il y a à faire et borne les actions d’enseignement.