II.5. L’enseignant multiplie les formes de discours.

Dans une même situation d’apprentissage, les enseignants peuvent passer très rapidement d’un discours à l’autre. Pour cette démonstration, nous avons choisi la situation d’apprentissage 6 (leçon 1) de l’enseignant débutant n°14.

1 er énoncé : « Match 7 C 7 (6+1 gardien) ». L’énoncé est pour l’enseignant, mais il est aussi pour les élèves ; il peut être annoncé comme cela sur le terrain.

2 ème énoncé : « Zone → rappel façon de relancer ». L’enseignant se propose de faire un rappel concernant l’utilisation de la zone dans la relance du gardien ; il se parle à lui-même.

3 ème énoncé : « Pas de contact. Marcher. Reprise de dribble. 3’avec ballon en main maxi ». Il écrit les règles qu’il va dire aux élèves, mais il parle en même temps aux élèves puisque qu’il planifie un "prêt-à-dire" : « Pas de contact, etc. »

4 ème énoncé : « Régulation → donner des rôles si c’est le "désordre" ». Selon une façon de parler que nous avons corrigée, l’enseignant s’adresse à lui-même sans contestation et anticipe ce qui va se passer sur le terrain.

Synthèse.

L’écrit de planification prend une tournure interactive. L’enseignant est là devant sa table de travail, là-bas sur le terrain en train d’enseigner ; les traces écrites constituent un lieu didactique où s’entrecroisent élèves, enseignant, expériences, connaissances, réflexions d’enseignement, décisions didactiques dans le présent pour un futur anticipé à partir d’une expérience passée. L’écrit dit le moment où l’enseignant est en "pré-action", en action, en post-action. Il est concevable que ce moment d’écriture fasse partie de l’acquisition d’expérience, car l’écrit de planification est indissociable de l’action d’enseignement dont il est l’un des éléments constitutifs. Chaque énoncé a un motif didactique : un « objectif volontaire »²⁶⁸. La signification professionnelle de l’écrit en fait un moment important dans un espace de médiation plus proche du terrain que du savoir de référence. L’écrit contient dans sa charge énonciative cette idée de reconnaissance du travail de terrain.