III.3. L’enseignant et les élèves.

La prise en considération des élèves se repère à plusieurs niveaux dans les traces écrites : les bilans et les commentaires, les identifications faites entre filles et garçons, les prénoms des élèves, les propositions de contenus différenciés pour certains élèves, etc. Parfois, l’écrit identifie d’autres critères tels que les capacités des élèves, leurs différences motrices, leur aptitude au travail. Nous reprenons là des indices confirmant l’hypothèse que les enseignants adaptent par leurs planifications leurs contenus en fonction de la connaissance qu’ils ont des élèves et des difficultés que ces derniers ont pour apprendre.

Soit l’exemple avec l’enseignante d’expérience n°21 (bilan de la leçon 6).

En faisant la synthèse des situations proposées, nous nous apercevons de l’habileté du dispositif qu’elle met en place pour des élèves de lycée professionnel. Ainsi :

1° Elle crée une incertitude, un besoin et une inquiétude chez les élèves dans les procédures qu’ils utilisent pour défendre la cible.

2° Elle aménage les rapports de forces et les contraintes pour favoriser la réussite par rapport à cette inquiétude : c’est l’apparition d’une connaissance.

3° Elle donne une solution opérationnelle (rassembleuse) pour réussir plus souvent.

4° Elle introduit une nouvelle contrainte pour vérifier la permanence des réussites et éprouver la connaissance.

5° Elle met à l’épreuve ce savoir particulier dans un système plus complexe : le match.

La transposition didactique implique des stratégies pédagogiques prenant en considération les particularités des élèves.

Dès sa première situation d’apprentissage, l’enseignant d’expérience n°28 inscrit les élèves dans un échange participatif. Il a déjà prévu une situation de référence c'est-à-dire qu’il sait grossièrement ce dont sont capables ces élèves de troisième ; il gère quand même sa situation d’évaluation diagnostique en les associant au prélèvement des données, c’est une façon de leur faire prendre conscience des choix d’enseignement qu’il est obligé d’opérer. En effet, certains énoncés des situations suivantes et des bilans confirment cette hypothèse : un discours implique fortement les élèves.

Dans la deuxième situation d’apprentissage de sa leçon 2, l’enseignant prévoit une régulation interne de la situation sans que la structure de celle-ci soit remise en cause. C’est une façon d’aborder la pédagogie différenciée sans séparer les élèves, lesquels font la même tâche ; le même principe est étudié mais ils peuvent travailler en fonction de leurs capacités. Il écrit « régulation, F3 en + pour les + lents ». Dans cette situation d’apprentissage, il y a trois passeurs (F1, F2, F3) : l’attaquant doit progresser vers le but en « passe et va » en utilisant deux ou trois passeurs en fonction de sa vitesse de déplacement et de ses possibilités à enchaîner passe /réception. La tâche est transposée en relation avec le « principe/savoir » du « passe et va » et en fonction des capacités de ses élèves. La contrainte de tir facilite par ailleurs l’intégration des filles dans les équipes mixtes.